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L’implantation, un problème et un danger chroniques

Au Liban encore plus qu’ailleurs, la question de l’implantation des Palestiniens se pose depuis leur premier exode, en 1948. Le président Élias Sarkis mettait souvent en garde contre ce danger. Lors de la conférence de Madrid, la délégation israélienne a confirmé que tous les partis de l’État hébreu sont contre le retour, car cela représenterait un danger pour cette entité. Ajoutant que la diaspora palestinienne n’avait qu’à rester là où elle était. Du côté libanais, tous les partis refusent également l’implantation, rejet du reste consacré dans le prologue de la Constitution. Dans des propos tenus il y a plus de deux ans, le président Lahoud avait révélé que l’on avait proposé au Liban vingt milliards de dollars pour qu’il accepte l’implantation. Offre qu’il avait fermement rejetée. Aujourd’hui, la représentante de la Floride au Congrès US, Ileana Ros-Lehtinen, avance un projet de résolution chargeant l’Unrwa d’instrumenter l’implantation dans les pays-hôtes, en base d’un calendrier-programme.
Comme le souligne un officiel local, il y a en réalité implantation et implantation. C’est-à-dire que les Palestiniens peuvent résider à jamais soit en gardant leur nationalité propre, soit en se faisant naturaliser, la différence étant énorme au niveau des conséquences socio-politiques. Pour être admis en tant que résidents étrangers réguliers, normaux, il faut que les Palestiniens aient un État dont ils seraient des ressortissants émigrés.
Les accords d’Oslo suggèrent la création d’une commission permanente qui étudierait les demandes de retour, en Cisjordanie ou à Gaza, des Palestiniens forcés à l’exode en 1967. Ce point est repris dans les accords du Caire et de Taba. En pratique, rien n’a été fait. Car la commission s’est noyée dans la définition des personnes juridiquement concernées et de leur nombre. Les Israéliens soutiennent que les intéressés sont seulement ceux qui sont partis durant la guerre de 1967. Alors que les Palestiniens affirment qu’il s’agit de tous ceux qui se trouvaient en dehors de la Cisjordanie et n’ont jamais pu la regagner à cause de l’occupation israélienne. Ceux-ci sont répartis en trois catégories : les ressortissants qui vivaient au-dehors des régions occupées et n’ont pu y accéder après la guerre de 1967 ; les habitants de ces régions qui les ont quittées pendant cette guerre ; les habitants qui ont perdu le droit de séjour après 67, par suite des mesures coercitives de l’occupant.
Bien entendu, le Liban se pose pour sa part la sempiternelle question, qui implique par elle-même une réponse négative: les résolutions de l’Onu consacrant le droit de retour et le préambule de la Constitution libanaise rejetant l’implantation suffisent-ils pour prévenir ce danger ? Dans les faits, il y a eu déjà des vagues d’implantation, à travers des naturalisations massives. Au niveau de l’Onu, les résolutions 194 et 393 consacrent le droit de retour et un montant de 20 millions de dollars a été alloué au bénéfice d’un programme de regroupement des familles, mais dans les pays-hôtes. Localement, certains soutiennent que si l’on garde les Palestiniens là où ils sont, dans les camps, sans les naturaliser, ce ne serait pas de l’implantation, puisqu’il n’y aurait pas d’assimilation, pas de droit d’appropriation de terres, pas de droits politiques. En tout cas, si le problème global des réfugiés palestiniens ne devait pas être réglé, il faudra bien que les autorités libanaises se penchent sur le dossier de ceux d’entre eux qui sont installés ici et de leur statut. Il faudra décider si on peut les laisser à tout jamais dans les camps, en répartir un certain nombre entre les pays arabes, ou s’il faut se résoudre à les intégrer.
Émile KHOURY
Au Liban encore plus qu’ailleurs, la question de l’implantation des Palestiniens se pose depuis leur premier exode, en 1948. Le président Élias Sarkis mettait souvent en garde contre ce danger. Lors de la conférence de Madrid, la délégation israélienne a confirmé que tous les partis de l’État hébreu sont contre le retour, car cela représenterait un danger pour cette...