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VIE UNIVERSITAIRE : Troisième et dernière journée de discussions entre responsables et étudiants De Mistura : L’Onu doit s’adapter aux nouvelles réalités du monde

On aura parlé beaucoup plus de paix que de développement mercredi soir à l’USJ, bien que les deux thèmes soient intimement liés. Pour la troisième journée consécutive, le débat organisé conjointement par l’Institut de science politique (ISP) et l’Onu s’est poursuivi hier entre les étudiants et les experts venus répondre aux interrogations des jeunes sur le rôle des Nations unies dans le maintien de la paix, de son implication au plan du développement, de sa place et son efficacité dans un système qui ne ressemble plus en rien à celui de 1945, l’année qui a témoigné de la naissance de cette institution. L’ombre d’un Irak meurtri en l’absence d’un système onusien fiable qui aurait pu éviter la guerre, mais aussi la notion de guerre préventive et son contraire, le principe de non-violence, des thèmes qui ont été au centre des discussions lors de cette rencontre.
Une fois de plus, c’est Staffan de Mistura, le représentant personnel du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, au Liban-Sud, qui a inauguré la séance en reconnaissant – avec le président George Bush qui l’avait clairement souligné la veille de l’invasion de l’Irak – que l’Onu a effectivement besoin de restructuration. Mais la question est de savoir par où commencer. Pour de Mistura, toute réforme doit indubitablement porter sur le Conseil de sécurité, car c’est là où le bât blesse en définitive, avec un droit de veto octroyé aux cinq puissances du monde, ou du moins, celles qui étaient considérées comme telles en 1945. Depuis, les choses ont bien changé, a relevé le diplomate en précisant que l’Onu qui reflète le monde de l’époque, c’est-à-dire de 1945, « doit enfin s’adapter aux nouvelles réalités ». Évoquant les obstacles qui entravent parfois l’action des Nations unies dans le monde, M. de Mistura a mis l’accent sur « la capacité de créativité » d’une institution pourtant connue pour sa lourdeur administrative et son inefficacité face aux rapports de force politiques qui handicapent souvent sa prise de décision.
Avec son humour légendaire, le diplomate onusien raconte comment, durant le conflit du Kosovo, les contrebandiers de cigarettes se sont mûs en « consultants de l’Onu à l’aide d’urgence », engagés et rémunérés par celle-ci pour distribuer des couvertures dans les régions sinistrées du pays. Voilà comment se déploie l’esprit d’invention onusien qui, à maintes reprises, a réussi à « couper la spirale du développement de la guerre en faveur du développement de l’action sociale ».
C’est ce type de philosophie que prônent également les ONG qui militent au nom d’une culture de la non-violence. Celle-ci devrait se substituer au choix de la guerre comme autre moyen pour parvenir à la paix. La présidente du mouvement pour les droits des gens, Ougarit Younan, a longuement développé ce thème en expliquant que la non-violence ne se limite pas à une simple négation de la violence, mais devrait se traduire au niveau de l’éducation, de la culture et de la gestion politique. Cela suppose « que les droits de l’homme et les libertés soient respectés ainsi que le droit au développement, à la justice, à la tolérance, à la transparence, à la résistance à l’occupation, etc. », a indiqué la militante.
La question, dit Mme Younan, est de savoir si nous sommes véritablement en train de préparer l’éducation des jeunes, des universitaires et des membres des partis politiques à la culture de la paix, ou bien si, au contraire, « les mentalités ne sont pas plutôt en faveur de la glorification de la violence ? », s’est demandée l’intervenante, citant au passage la résolution 53/25 adoptée par l’Onu en faveur de la non-violence et de la paix, une initiative prise par l’ensemble des prix Nobel dans le monde. Et l’intervenante de proposer aux instances onusiennes l’idée « d’une force d’intervention civile » dans les zones de conflits, dont l’action se démarquerait de l’action humanitaire déjà entreprise par l’organisation internationale.
L’environnement, ingrédient majeur de la paix et du développement, ne sera pas absent des débats. Avec notamment l’intervention, particulièrement imagée et suggestive du directeur général du ministère de l’Environnement, Berge Hatdjian, les étudiants ont eu droit à une véritable tirade sur le rôle et la place de la nature dans notre vie quotidienne.
Convaincu que le respect de l’équilibre écologique passe par le respect de soi, M. Hatdjian a affirmé : « Nous avons besoin d’une vision terrestre sage. » « Après tout, c’est nous qui avons besoin de la terre et non le contraire », a-t-il dit, d’où l’intérêt d’une « économie saine » et d’un « développement soutenu » en respect et en harmonie avec dame nature, et « non par le biais de la domination de l’autre ». Alia al-Dalli, responsable au Pnud des ressources dans le monde arabe (SURF-AS), a soulevé en outre la question du développement entendu comme un renforcement des capacités et du pouvoir de planification, deux concepts qui ont caractérisé la majorité des programmes lancés par le Pnud. M. Jihad Azour, conseiller du ministre des Finances Fouad Siniora, s’est interrogé pour sa part sur les moyens de parvenir à une meilleure stabilité macrofinancière et à une croissance qui prendrait en compte le rôle de la jeunesse ainsi que celui de la femme.
Le débat qui s’ensuivit a été notamment axé sur la définition du concept – flexible et subjectif – de la paix et les moyens d’y parvenir. Les étudiants ont en outre soulevé la question de la corruption et du clientélisme qui sévit au sein de l’administration, se demandant comment le Pnud réagissait face à cela. Ce à quoi, Mme Dalli répondra par un euphémisme en reconnaissant qu’effectivement « il y a des obstacles à l’implantation des projets de l’Onu». « Pour les Nations unies, il faut assurer la coordination entre les agences et l’État », une question d’autant plus importante que « les Libanais ne savent pas communiquer », a-t-elle conclu.

Je.J.
On aura parlé beaucoup plus de paix que de développement mercredi soir à l’USJ, bien que les deux thèmes soient intimement liés. Pour la troisième journée consécutive, le débat organisé conjointement par l’Institut de science politique (ISP) et l’Onu s’est poursuivi hier entre les étudiants et les experts venus répondre aux interrogations des jeunes sur le rôle des...