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PALESTINIENS - Le Fateh et les fondamentalistes de Isbat al-Nour et de Isbat al-Ansar demeurent sur le qui-vive Calme tendu et précaire à Aïn el-Héloué (photos)

Un calme tendu et précaire régnait hier dans le camp de Aïn el-Héloué, à Saïda, à la suite de l’accord de cessez-le-feu conclu lundi soir après une journée de combats, qui avaient opposé le Fateh de Yasser Arafat aux fondamentalistes de Isbat al-Nour et de Isbat al-Ansar. Alors que les groupements palestiniens tenaient réunion sur réunion pour tenter d’obtenir un sérieux engagement des deux parties en conflit à calmer définitivement la situation, les civils du camp évaluaient les dégâts subis à leurs habitations et échoppes situées dans les quartiers touchés par les affrontements. Les centaines de réfugiés qui avaient pris la fuite lundi sont également rentrés chez eux après avoir longuement patienté devant les barrages de l’armée libanaise, situés aux entrées de Aïn el-Héloué. Les soldats libanais procédaient à des vérifications d’identité et à des fouilles méticuleuses d’autant plus que certaines rumeurs faisaient état de l’arrivée à Aïn el-Héloué de miliciens du Fateh, du camp de Rachidiyé (Tyr).
Hier, l’AFP confirmait le bilan des victimes donné lundi en soirée. Les accrochages avaient fait huit morts : six combattants du Fateh, un fondamentaliste et un civil, et 25 blessés. L’Agence nationale d’information, quant à elle, faisait état de huit tués et de 40 blessés, alors que des sources palestiniennes à l’intérieur du camp affirmaient que 17 personnes avaient péri dans les affrontements…
Quoi qu’il en soit, les modalités de l’inhumation de ceux qui avaient été tués dans les combats de lundi demeurent un sujet de litige entre les parties présentes sur le terrain. C’est notamment ce point qui a été discuté au cours des réunions tenues entre les diverses forces palestiniennes présentes à Aïn el-Héloué. La question est de savoir si les victimes doivent être enterrées à l’intérieur ou à l’extérieur du camp. Le Fateh refuse, rappelle-t-on, que les intégristes soient inhumés à l’intérieur de Aïn el-Héloué.
La situation demeure donc tendue dans le camp, et les déclarations à la presse des responsables des factions en conflit indiquent que le feu couve toujours sous la cendre.
Ainsi, un responsable du Fateh à Aïn el-Héloué, Maher Choubeita, a déclaré à L’Orient-Le Jour que « le cessez-le-feu reste fragile ». « Les miliciens des deux factions sont toujours sur leurs gardes, et il suffit d’une petite friction pour que les accrochages éclatent à nouveau », souligne-t-il.
Mounir Maqdah, représentant du Fateh dans le camp, qui a relevé que « l’OLP coopère avec le pouvoir libanais pour remettre les criminels aux autorités concernées », a indiqué que « les deux parties en conflit se sont engagées à rétablir le calme à Aïn el-Héloué ».
Toutefois, on entendait un autre son de cloche du côté de Isbat al-Ansar dont un responsable a indiqué que le groupe qu’il représente « tient à préserver le cessez-le-feu uniquement pour respecter le souhait des mouvements islamiques du camp ». S’en prenant au Fateh, il a déclaré : « Nous leur avons donné une belle leçon et nous sommes prêts à nous battre encore si les impies nous attaquent à nouveau. »
C’est dans la nuit de lundi à mardi que les miliciens du Fateh et les fondamentalistes de Isbat al-Nour et Isbat al-Ansar, cette dernière figurant sur la liste des organisations terroristes des États-Unis, étaient parvenus à un accord de cessez-le-feu conclu suite à une médiation menée par cheikh Maher Hammoud, un fondamentaliste de Saïda, qui entretient de bonnes relations avec le Fateh. L’accord prévoit le retrait des miliciens des rues de Aïn el-Héloué. Un engagement qui n’a pas été entièrement respecté hier.
Cheikh Hammoud a jugé « positives » ses diverses rencontres avec les parties en conflit, écartant l’éventualité d’une nouvelle escalade. Il a également relevé que « Abdallah Chreidi, le chef de Isbat al-Nour, est devenu indéfendable, mais qu’il est inconcevable de tuer des innocents pour le liquider ».

Le Fateh essuie un revers
C’est le Fateh qui avait tendu une embuscade à Abdallah Chreidi samedi dernier, s’engageant le lendemain à liquider les intégristes. Mais le mouvement de Yasser Arafat a essuyé un revers en échouant à neutraliser Isbat al-Nour et Isbat al-Ansar.
« Le projet de liquider la mouvance islamiste à Aïn el-Héloué a été stoppé avec l’entrée en vigueur du cessez-le-feu dans la nuit de lundi à mardi, et j’espère que la voie de la raison l’emportera sur le langage des armes », a déclaré cheikh Mohammed Khattab, un dignitaire religieux modéré qui a participé aux tractations pour l’arrêt des combats. « Nous avons accepté le cessez-le-feu pour épargner la vie des civils », a affirmé en guise d’explication un responsable du Fateh sous le couvert de l’anonymat. Selon lui, « les fondamentalistes ne semblent pas s’en soucier, après avoir jeté tout leur poids dans la bataille et avoir reçu une aide financière, matérielle et opérationnelle du Jihad islamique ».
Au cours des combats, un observateur militaire a relevé que les intégristes avaient démontré leur force et leur détermination à ne pas se laisser éradiquer par le Fateh, pourtant prédominant dans le camp. Selon lui, le Fateh a été surpris par la puissance de feu et la tactique militaire de ses adversaires.
« Le cessez-le-feu a consolidé la position des fondamentalistes. Si les accrochages se renouvellent, nul, notamment le Fateh, ne pourra plus prétendre imposer son hégémonie », a indiqué un haut responsable palestinien n’appartenant à aucune des factions combattantes. « Les camps sont condamnés à abriter toutes les factions palestiniennes, laïques et islamistes », a-t-il estimé sous le couvert de l’anonymat. Selon lui, « cette situation d’équilibre à Aïn el-Héloué doit persister tant que le conflit israélo-arabe n’est pas résolu ». « Si la chasse aux intégristes a été lancée sur ordre de M. Arafat, c’est une grave erreur. La Syrie et le Liban qui ne portent pas dans leur cœur le chef de l’OLP ne permettraient pas que ses partisans fassent la loi dans les camps, même s’ils sont les plus forts », ajoute-t-il.
Cet avis est partagé par un cadre du Fateh qui estime que ni Beyrouth ni Damas, qui ont plus d’un moyen pour interférer dans la vie des camps, ne souhaitent qu’il y ait un vainqueur. « Les attentats perpétrés régulièrement depuis un an par des services qui se sont infiltrés dans Aïn el-Héloué visent à forcer les Palestiniens à se concentrer sur leurs problèmes internes », indique-t-il.
Sultan Aboul Aynaïn, le secrétaire général de l’OLP au Liban, croit tout de même avoir gagné le round, car, selon lui, Abdallah Chreidi, grièvement atteint, « est paralysé » physiquement. Dans une conférence de presse tenue dans le camp de Rachidiyé, il a assuré que « le message du Fateh a été reçu cinq sur cinq », ajoutant qu’un « règlement militaire n’est pas envisagé par les arafatistes pour diverses raisons, notamment parce que Chreidi, grièvement blessé, n’est plus en état de nuire ». Et de poursuivre cependant que « les factions palestiniennes laïques et fondamentalistes étaient unanimes sur le fait d’en finir avec Chreidi ». « Il s’est avéré, lundi dernier, qu’il bénéficie toujours du soutien de certains fondamentalistes », souligne le responsable du Fateh.
Concernant Isbat al-Nour, il a relevé que « ses membres ne dépassent pas les dix personnes et ils ne peuvent plus poursuivre leurs desseins terroristes », notant cependant qu’il n’exclut pas le fait que le groupuscule « persiste à commettre, comme par le passé, des actes vils et mesquins, tentant de prouver ainsi qu’il existe toujours à Aïn el-Héloué ».
Répondant à une question relative aux armes utilisées à l’intérieur du camp au cours des accrochages de lundi, le représentant de Yasser Arafat au Liban a estimé que « le Fateh a déjà remis ses armes lourdes à l’armée libanaise en 1991. Les armes légères (qui ont été utilisées lors des affrontements de lundi) sont une garantie du droit de retour, cette carte sera utilisée au cours des négociations de paix par les Palestiniens et les Libanais ». Et d’ajouter que ces armes et munitions « ne constituent pas un danger pour la paix civile et la stabilité du Liban ».
Un calme tendu et précaire régnait hier dans le camp de Aïn el-Héloué, à Saïda, à la suite de l’accord de cessez-le-feu conclu lundi soir après une journée de combats, qui avaient opposé le Fateh de Yasser Arafat aux fondamentalistes de Isbat al-Nour et de Isbat al-Ansar. Alors que les groupements palestiniens tenaient réunion sur réunion pour tenter d’obtenir un...