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SOCIÉTÉ - Un congrès organisé par la NDU, le ministère de l’Intérieur et Oum el-Nour Le combat contre la drogue ne peut être que global

La lutte contre la drogue n’est efficace que si elle est globale et qu’elle prend en considération les aspects social, sécuritaire, psychologique et physique du problème. C’est cette approche très complète qu’a abordée le congrès intitulé « Drogues, causes, signes et traitement : un problème d’éducation, une conséquence de la globalisation ou une maladie ? ». Ce congrès a été organisé hier par la Notre-Dame University (NDU), sous le patronage du ministère de l’Intérieur, et en collaboration avec Oum el-Nour, association spécialisée dans la prise en charge des toxicomanes. La séance d’inauguration a eu lieu en présence du mohafez de Beyrouth Yacoub Sarraf, représentant le ministre de l’Intérieur Élias Murr, de Mgr Guy Njeim, président de Oum el-Nour, et du père Boutros Torbey, recteur de la NDU.
L’un des aspects majeurs du problème de la drogue est sécuritaire et juridique. L’idée d’une prison préventive séparée pour les toxicomanes arrêtés, que d’aucuns ont préféré appeler « centre préventif », un projet du ministère de l’Intérieur, a été lancée lors de l’intervention de Melhem Riachy, responsable de la communication au ministère. M. Sarraf a assuré que « l’action sécuritaire cherche à punir les commerçants, sans renoncer à une certaine compassion pour les toxicomanes malades ». Beaucoup de participants au séminaire ont fait remarquer que les premiers à pâtir des arrestations sont les jeunes toxicomanes eux-mêmes, mais M. Riachy a rappelé que ceux-ci pouvaient échapper à la prison s’ils décidaient de se faire soigner. Toutefois, même si la loi a progressé, aucun mécanisme d’application n’a encore été créé, et on attend toujours le Haut comité ministériel pour la lutte contre la drogue, présidé par le Premier ministre et prévu par les textes.
L’autre sujet largement abordé au cours du congrès est le volet social, allant de la prévention à la reconnaissance des symptômes, aux causes profondes de la toxicomanie à l’accompagnement. Toutes les thèses énoncées par les spécialistes ont été illustrées par le courageux témoignage d’un ancien toxicomane, réhabilité grâce à Oum el-Nour, qui a montré jusqu’à quel point la réhabilitation est ardue.
« Il faut s’attaquer aux raisons qui poussent un jeune à opter pour la drogue », estime Nady Sfeir, pédagogue et membre d’Oum el-Nour. « Pour une meilleure prévention, nous préférons nous associer avec des jeunes, avec les parents, les professeurs, les médias, etc. Si nous parvenons à créer un mouvement de jeunes allant dans cette direction, ceux-ci auront une influence positive les uns sur les autres, au lieu de s’entraîner mutuellement dans la consommation de drogue. » M. Sfeir a insisté sur les alternatives à proposer à des jeunes, qu’il faut pousser à travailler sur eux-mêmes, et à se poser des questions sur les raisons de leur comportement.

Qui est à blâmer ?
Les causes du recours aux drogues, c’est ce que Marie Khoury, psychologue et professeur, a clarifié, bouleversant les idées reçues quand elle a déclaré : « Il faut cesser d’imputer aux familles désintégrées la seule responsabilité de la toxicomanie. 47 % des toxicomanes qui arrivent à Oum el-Nour sont issus de familles unies. » Qui est donc à blâmer, selon elle ? « Les concepts éducatifs erronés et les mauvaises politiques », affirme-t-elle. « L’oppression, l’absence de responsabilisation, l’uniformisation, la primauté donnée à la compétition plutôt qu’à la concurrence, le clientélisme, les atteintes à la vie privée, le sentiment d’impuissance inculqué aux jeunes, le chômage et le manque de perspectives d’avenir, tout cela pousse les jeunes à partir ou à désespérer. » Lutter contre la drogue revient aussi à combattre ces fléaux, selon elle.
Comment reconnaître une personne s’adonnant à la drogue et comment agir pour l’aider efficacement ? Guilène Boustany Abou Akl, psychologue, psychanalyste et membre d’Oum el-Nour, a donné de nombreux détails permettant aux parents, amis, camarades de classe et responsables pédagogiques d’intervenir auprès de proches toxicomanes ou se droguant occasionnellement. De tous les symptômes qu’elle a décrits, il faut vérifier que plusieurs sont réunis avant de commencer à nourrir des soupçons.
Les symptômes les plus significatifs sont de caractère comportemental : sautes d’humeur répétées, tendance à l’isolement, surtout pour les drogués à l’héroïne, regard perdu, incapacité de se concentrer sur les études, absences non justifiées, paranoïa, changement de cercle d’amis, apparence négligée, dépenses supplémentaires, excès d’alcool, sorties fréquentes de classe... Les signes physiques, comme la fatigue ou les cernes, restent secondaires malgré leur importance, car ils peuvent être dissimulés. Pour aider un drogué, surtout s’il n’est pas arrivé au degré de dépendance, il faut s’assurer de ses soupçons, éviter les réactions de colère et les blâmes, dialoguer tout en manifestant son refus de l’idée de la drogue, lui rappeler tous les dangers qu’il encourt, le sensibiliser au problème qui l’a poussé à prendre ce chemin, l’encourager à consulter un spécialiste, mettre en relief des qualités qu’il a tendance à oublier...
Pour ce qui est du traitement, il faut qu’il soit global, abordant les conséquences physiques, psychologiques, sociales et professionnelles de la consommation de drogue, selon Mme Abou Akl. Par ailleurs, elle a insisté sur un point essentiel, celui de la difficulté de la réinsertion des toxicomanes repentis dans la société, et sur le soutien que peuvent leur apporter les institutions, notamment les universités.
Il convient de préciser que, selon les dernières statistiques, 22 % des jeunes universitaires ont tâté de la drogue, une proportion effrayante. Cela dit, tous n’arrivent pas au stade de la toxicomanie.
Enfin, la diététicienne Zeina Ghossoub Assouad a décrit l’effet des drogues sur la santé, notamment leur incidence sur la nutrition (beaucoup de drogues coupent l’appétit), et sur de nombreuses autres maladies.
S.B.
La lutte contre la drogue n’est efficace que si elle est globale et qu’elle prend en considération les aspects social, sécuritaire, psychologique et physique du problème. C’est cette approche très complète qu’a abordée le congrès intitulé « Drogues, causes, signes et traitement : un problème d’éducation, une conséquence de la globalisation ou une maladie ? ». Ce...