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PLAINTE - Le parti Tachnag met en doute la nationalité du candidat aux législatives 2000 Libanais ou non, fils de son grand-père ou non, l’incroyable mésaventure de Rafi Madayan

Candidat aux élections législatives en 2000, Rafi Madayan savait que la bataille serait dure mais non qu’elle pouvait prendre des tournures aussi intimes. Le parti Tachnag, avec lequel il précise pourtant n’avoir aucun conflit personnel, a mis en cause sa nationalité libanaise devant la justice. Une première décision du procureur général près la Cour de cassation avait toutefois confirmé sa nationalité, affirmant que toutes les informations l’accusant de ne pas être libanais sont fausses. Mais le parti a présenté hier un nouveau recours contestant la décision du parquet. Et selon certaines sources, le ministre de l’Intérieur, qui signe en définitive l’octroi de la nationalité, aurait été sollicité pour intervenir dans cette affaire.
Les faits sont curieux et méritent d’être rapportés. Après les législatives 2000, le parti Tachnag (ou l’un de ses membres) a porté plainte contre Rafi Madayan, candidat au Metn, l’accusant d’avoir une nationalité libanaise falsifiée. Selon les éléments présentés dans la plainte, le jeune homme serait le fruit d’un premier mariage entre Mme Sossie Madayan, fille d’Artine Madayan, un des fondateurs du Parti communiste libanais, et un Arménien d’Union soviétique, puisqu’à l’époque l’URSS occupait l’Arménie. Ayant divorcé de son mari, Mme Sossie, diplômée d’URSS en ophtalmologie, serait rentrée au Liban avec son fils. Mais comme la mère ne peut donner la nationalité à ses enfants, selon la loi libanaise, le petit garçon aurait été enregistré comme étant le fils de son grand-père Artine. Par la suite, Mme Madayan s’est remariée avec M. Georges Haoui, mais ce dernier ne pouvait adopter le jeune Rafi, la loi libanaise interdisant l’adoption d’un bébé de plus de six mois. Autrement dit, le jeune Rafi aurait été enregistré comme étant le fils de son grand-père et le frère de sa mère. Selon la plainte, tout le monde n’y aurait vu que du feu, si le jeune homme n’avait décidé de se présenter aux élections législatives. C’est là donc que les ennuis ont commencé pour lui.

Sa sœur ou sa mère ?
La grande question
Après avoir reçu le dossier, le parquet a mené une enquête longue et délicate, dirigée par le brigadier Ibrahim Jabbour, sous la supervision du procureur Adnane Addoum. Il aurait décidé au début du mois de juin de classer le dossier estimant que Rafi Madayan est bien le fils d’Artine Madayan et que, par conséquent, sa nationalité libanaise est légale. Le parti Tachnag n’a pas été convaincu pour autant et il a envoyé une note interrogative sur ce dossier au ministère de l’Intérieur, le 10 juin dernier. Cette note a été déférée au parquet et, une nouvelle fois, ce dernier aurait, selon le principal intéressé, Rafi Madayan, confirmé sa précédente décision. Hier, le parti Tachnag est revenu à la charge, affirmant posséder des éléments très sérieux sur la filiation de Rafi Madayan et précisant que certaines personnes sont prêtes à témoigner qu’il est le fils de Mme Sossie et le petit-fils d’Artine. Le parti réclame aussi un examen de l’ADN des personnes concernées (examen qui peut être fait au Liban).
Interrogé par L’Orient-Le Jour, le principal intéressé a répété qu’il était le fils d’Artine Madayan et de son épouse Virgin. Lors de sa naissance, dans les années soixante, le PCL était clandestin et son père, un des fondateurs du parti, travaillait dans le secret. Si les formalités ont été faites à la hâte, elles n’en sont pas moins légales et sa nationalité libanaise serait sans tache. C’est en tout cas ce qu’a décidé le parquet. Selon Rafi Madayan, toute cette campagne aurait une « dimension électorale et son objectif serait de l’empêcher de se présenter aux élections en 2005. Mais aujourd’hui ( hier), j’ai appris que le ministre de l’Intérieur aurait promis d’intervenir pour obtenir la fermeture définitive de ce dossier, qui se base sur la diffamation pour régler des comptes politiques ».
L’affaire serait donc désormais entre les mains du ministre Élias Murr qui, interrogé, a préféré ne pas faire de commentaire. Rafi Madayan n’est pas encore au bout de ses peines. D’autant qu’en attendant la décision finale, toutes ses formalités personnelles sont suspendues. Dossier à suivre.
Candidat aux élections législatives en 2000, Rafi Madayan savait que la bataille serait dure mais non qu’elle pouvait prendre des tournures aussi intimes. Le parti Tachnag, avec lequel il précise pourtant n’avoir aucun conflit personnel, a mis en cause sa nationalité libanaise devant la justice. Une première décision du procureur général près la Cour de cassation avait...