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Tourisme interne - Un développement lié à un centre religieux important Sérénité et spiritualité à Annaya, village de saint Charbel (photos)

Rarement le nom d’un village aura été autant lié à celui d’un homme : Annaya, dans les hauteurs du caza de Jbeil, doit sa notoriété relativement récente à la vie qu’y mena à la fin du XIXe siècle un ermite nommé Charbel, qui deviendra après sa mort le premier saint du Liban canonisé par le Vatican, auteur, selon les fidèles, de milliers de miracles. Devenu un centre religieux de grande importance, le couvent Saint-Maron de Annaya, qui relève de l’Ordre des moines maronites, a apporté à cette région montagneuse, qui se caractérise aussi par une nature très verte et un climat agréable, un développement sans précédent.
Conduisant au couvent Saint-Maron, une route vaste et assez bien aménagée s’étend de la ville de Jbeil jusqu’à Annaya. Mais ça n’a pas toujours été ainsi : ce n’est en effet qu’en... 1950 qu’une première route desservant le village a été construite, sous la pression des milliers de pèlerins qui voulaient se rendre à l’endroit où a vécu cet ermite qui jouissait déjà, à l’époque, d’une renommée de sainteté, et dont le corps avait été découvert intact plusieurs années après sa mort, sécrétant toujours de la sueur et du sang. Aujourd’hui, le village est transformé. Selon Roger Emmanuel, propriétaire du restaurant al-Rif, une entreprise familiale, « il est passé d’une vocation agricole à une destination touristique ».
En effet, le village de Annaya mais aussi les alentours se sont dotés, au fil des années, de plusieurs restaurants, snacks et hôtels. Tout au long de la route menant à Annaya, une multitude de petits commerçants, vendant des légumes et des produits du terroir, accueillent les passants dans leurs bicoques. Sans compter que, aux fêtes et aux occasions spéciales, la localité grouille de fidèles dont une bonne partie profite de la visite pour s’attarder sur place, manger un bout et profiter du climat. Été comme hiver, les institutions touristiques ouvrent leurs portes, bien qu’à 1 200 mètres d’altitude la neige soit toujours au rendez-vous.
Le couvent et l’ermitage restent cependant le point d’attraction principal de la région pour des centaines de milliers de pèlerins par an, comme le précise le supérieur du couvent Saint-Maron, le père Hadi Mahfouz. Il ajoute que le 22 de chaque mois est marqué par une affluence remarquable et supplémentaire de fidèles, en commémoration d’un miracle dont une femme nommée Nohad Chami déclare avoir été l’objet, grâce à une intercession du saint. Des sessions de prières sont alors organisées en sa présence.
Le couvent, qui date de 1828, est une belle bâtisse en pierre traditionnelle surmontée d’un toit en tuile. Selon le père Mahfouz, « la providence a voulu que ce couvent soit bâti l’année même de la naissance de saint Charbel » dans son village de Bkaakafra, au Liban-Nord.

Un musée consacré au saint
Devant la porte d’entrée se dresse une statue du saint, à proximité du premier tombeau dans lequel il a été enseveli. À droite de l’entrée se trouve l’église Saint-Maron, qui a l’âge du couvent. C’est dans l’étage du bas que se situe la tombe actuelle du saint, qui y a été déposé en 1952. Juxtaposé à l’église du tombeau, se trouve le musée consacré à saint Charbel. On y voit les reliques, comme les soutanes qui le recouvrirent dans les différents cercueils où il a été transféré, ou encore une collection de costumes ecclésiastiques qu’il a revêtus durant sa vie de moine, et d’objets qu’il a utilisés. Particulièrement émouvantes sont les lettres envoyées au couvent par des centaines, voire des milliers de fidèles de par le monde, et les offrandes de toutes sortes faites par des croyants qui affirment avoir obtenu la guérison par l’intercession du saint.
En contrebas du couvent, on peut distinguer la silhouette circulaire de l’église portant le nom de saint Charbel. Celle-ci a été construite en 1965, à l’issue de la béatification de l’ermite, quand le déferlement des croyants a imposé l’aménagement d’un lieu de prière plus vaste. Ses vitraux colorés évoquent les étapes de la vie du saint.
Près de deux kilomètres plus loin est localisé l’ermitage Saints-Pierre-et-Paul, où le saint a vécu les 23 dernières années de sa vie, sur une colline qui culmine à 1 350 mètres d’altitude. Le chemin qui y mène à partir du couvent a été baptisé « la voie des saints » : la beauté de la nature et le calme ambiant pourraient faire de cette promenade de quinze minutes, pour ceux qui veulent la tenter à pied, une occasion de recueillement et de bien-être.
Quoi qu’il en soit, il est possible d’arriver à l’ermitage en voiture, qu’on gare sur le parvis inférieur. Sur la route, des citations gravées sur des pancartes en bois ponctuent la route : « Si tu ne comprends pas mon silence, tu ne comprendras pas mes mots », ou encore « Ce n’est que dans le silence que Dieu se fait écouter ». Il est clair que des travaux d’amélioration ont été effectués sur le site, mais dans le respect absolu de la nature environnante et de la vocation religieuse de l’endroit. Seuls des matériaux naturels comme la pierre et le bois sont utilisés. Aucune trace de béton.
À l’intérieur de l’ermitage, qui est une sorte de petite bâtisse traditionnelle en pierre blanche, on peut visiter la chapelle consacrée aux saints Pierre et Paul. Plusieurs petites salles où vécurent saint Charbel et d’autres ermites ont été gardées telles quelles, avec les objets d’époque. Il faut se rappeler que l’ermitage est un lieu de recueillement. Le silence y est exigé, ainsi qu’une tenue vestimentaire décente.
Sur la route de l’ermitage, on peut s’arrêter au niveau de l’ancien pressoir à vin utilisé par les moines, aujourd’hui transformé en petit musée. Pour plus d’informations sur le couvent et l’ermitage, consulter le site Internet à l’adresse suivante : www.saintcharbel-annaya.com.

Auberge pour retraite
spirituelle
Envie d’une retraite spirituelle au couvent ou d’une visite prolongée ? L’Oasis Saint-Charbel propose 26 chambres (d’un, de deux ou de trois lits) pour les visiteurs. Les repas sont servis dans un snack tout proche. La petite auberge, située à proximité du couvent, est dotée d’une chapelle et d’une salle de conférences. Les personnes intéressées sont priées de contacter l’Oasis au 09-760241 pour leurs réservations, chaque jour de 8h30 à 12h30 et de 14h à 18h, et de faire acte de présence avant 20h. Les prix des chambres varient entre 25 000 LL (pour un lit), 40 000 LL (pour deux) et 50 000 LL (pour trois). À signaler que le silence est de rigueur dans les locaux et que la porte se ferme à minuit en été et à 22h en hiver.
Par ailleurs, le couvent propose aussi ses produits du terroir aux visiteurs. Dans la boutique consacrée à cet effet sont vendus de nombreux produits de « mouné » fabriqués à l’ancienne : du vin, de l’arak, du vinaigre, des confitures, des cornichons, tous genres de sirop, des épices, des essences d’herbes médicinales...
Un parc pour campeurs a également été créé par le couvent, prévoyant un espace spécialement conçu pour les scouts ou les groupes (avec des règles à respecter). La location d’un espace est gratuite, sauf si les campeurs décident de profiter de l’électricité et de l’eau, moyennant 3 000 LL. Les familles peuvent louer des chaises et des tables, respectivement pour 2 000 et 1 000 LL, ou prendre leur repas dans un snack situé à l’entrée. Pour plus d’informations, on peut contacter Georges Khoury au 03/617860.
De toute évidence, Annaya, avec son prestigieux site religieux et ses institutions touristiques, se trouve en prolongement de la ville de Byblos. Mais il y a aussi de nombreux circuits qui peuvent être entamés à partir du village : on peut, à titre d’exemple, se diriger sur la route d’Ehmej, en prenant un virage bien indiqué à l’entrée de Annaya. Cette route mène vers la très belle localité de Laqlouq, jusqu’à Tannourine et sa célèbre cédraie, puis Douma, le village au riche patrimoine. On peut prendre le chemin de Mechmech à partir de Annaya, qui arrive jusqu’à Mayfouq, ancien siège du patriarcat maronite, et Lehfed. Autant de trésors à découvrir dans le jurd de Jbeil.
Une vie de sainteté

Charbel Makhlouf est né le 8 mai 1828 dans le village de Bkaakafra au Liban-Nord. Il prononce un premier vœu au couvent Saint-Maron de Annaya en 1853. Il se rend ensuite au couvent de Kfifane (Liban-Nord) pour y suivre des études de théologie, en présence, notamment, du père Neematallah Hardini, aujourd’hui bienheureux de l’Église. L’ordination de Charbel a lieu en 1859, à Bkerké, siège du patriarcat maronite.
De 1859 à 1875, il mène une vie de moine au couvent de Annaya, avant d’entrer à l’ermitage des Saints-Pierre-et-Paul le 15 février 1975. Il y demeurera jusqu’à sa mort, le 24 décembre 1898, ayant acquis de son vivant une réputation de saint homme.
Un an plus tard, son corps, retrouvé intact, est transféré vers une autre tombe. Un second transfert aura lieu en 1927. Finalement, c’est en 1950 que le corps sera exposé aux fidèles. Cette année-là, un grand nombre de miracles est enregistré autour de la tombe du saint.
C’est en 1954 que le pape Pie XII signe la décision du procès de béatification de l’ermite Charbel Makhlouf, qui sera proclamé bienheureux le 5 décembre 1965. Le 9 octobre 1977, au cours d’une grande cérémonie, le bienheureux est canonisé. Deux miracles auront été retenus pour sa béatification, et un troisième pour sa canonisation.

Suzanne BAAKLINI
Rarement le nom d’un village aura été autant lié à celui d’un homme : Annaya, dans les hauteurs du caza de Jbeil, doit sa notoriété relativement récente à la vie qu’y mena à la fin du XIXe siècle un ermite nommé Charbel, qui deviendra après sa mort le premier saint du Liban canonisé par le Vatican, auteur, selon les fidèles, de milliers de miracles. Devenu un centre...