Arafat, assiégé, remercie Lahoud dans un rare appel téléphonique

Le chef de l’État, Émile Lahoud, a reçu un rare appel téléphonique du chef de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat, qui l’a remercié d’avoir été le premier chef d’État arabe à dénoncer la décision israélienne de l’expulser, a-t-on appris vendredi de source officielle.
Dans son appel, tard dans la soirée jeudi, M. Arafat a remercié M. Lahoud « pour son appui aux Palestiniens et pour avoir été le premier chef d’État arabe à condamner la décision israélienne de l’expulser », a précisé un porte-parole de la présidence. Il s’agit du premier contact entre les deux hommes depuis leur conversation téléphonique de mars 2002, lorsque le leader palestinien avait été empêché de participer au sommet arabe ordinaire tenu à Beyrouth en raison du siège israélien.
Samedi, le ministre syrien des Affaires étrangères Farouk el-Chareh avait téléphoné à M. Arafat pour lui transmettre un message d’appui du président syrien Bachar el-Assad. Depuis la conclusion des accords de paix israélo-palestiniens d’Oslo en 1993, le Liban et la Syrie sont en froid avec M. Arafat et l’accusent d’avoir brisé les rangs arabes et affaibli leur marge de manœuvre à l’égard de l’État hébreu.
Le président Arafat, 74 ans, est confiné dans son quartier général en ruines, à Ramallah, en Cisjordanie, depuis 20 mois.
Par ailleurs, un millier de Palestiniens ont participé à une manifestation hier dans le camp de réfugiés de Miyé Miyé, près de Saïda, pour exprimer leur opposition à la décision israélienne de principe d’expulser M. Arafat. « Sachez, vous Américains, que Arafat ne saurait être humilié », « par notre âme et notre sang, nous te vengerons Abou Ammar », scandaient les manifestants en défilant dans les ruelles de ce camp.
« Arafat restera à jamais sur la terre de Palestine », pouvait-on lire sur une banderole brandie par les manifestants, dont des dizaines d’hommes et de femmes en armes, aux côtés de portraits géants du leader palestinien.
Plusieurs manifestations similaires s’étaient déroulées au cours des derniers jours dans différents camps du Liban, pour dénoncer notamment le veto apposé mardi par les États-Unis au projet de résolution présenté par la Syrie et le Soudan à l’Onu, exigeant qu’Israël, la puissance occupante, s’abstienne de procéder à la déportation et cesse toute menace à la sécurité du président élu de l’Autorité palestinienne.
Le 11 septembre, le cabinet de sécurité israélien avait pris la décision de principe de « se débarrasser » de M. Arafat, jugé par l’État hébreu comme un « obstacle à la paix ». Toujours dans le cadre du mouvement de protestation contre cette décision, le Forum démocratique (opposition) a lancé hier un appel à la participation à un sit-in prévu jeudi prochain à 17 heures près de la Maison des Nations unies, dans le centre-ville de Beyrouth.