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Santé - Les tiers payants publics continuent d’ignorer la tarification officielle « L’heure n’est plus aux replâtrages », insistent médecins et hôpitaux privés

Médecins et propriétaires d’hôpitaux ont tenu une réunion conjointe, hier, au siège de l’Ordre des médecins de Beyrouth, au cours de laquelle ils ont présenté un document de travail qui, espèrent-ils, pourrait servir de point de départ à une solution nationale pour le secteur de la santé en crise.
La réunion s’est tenue à l’initiative des ordres des médecins de Beyrouth et de Tripoli et du syndicat des propriétaires d’hôpitaux privés, en présence des présidents de ces instances professionnelles, respectivement les Drs Mahmoud Choukeir et Ibrahim Jokhadar et M. Sleimane Haroun.
Lu par le Dr Jokhadar, le document de travail conjoint revient sur l’anarchie qui marque le système de santé actuelle, avec la multiplicité des tiers payants publics, qui observent chacun sa tarification particulière. Une situation à l’origine d’une grande confusion dans les prestations de santé elles-mêmes, avec l’apparition d’une médecine au rabais, mesurée aux tarifs pratiqués. Une situation qui aggrave les difficultés financières des hôpitaux privés, par ailleurs soumis aux aléas d’une comptabilité nationale capricieuse.
« Il n’y a pas de continuité dans le paiement des arriérés », précise à L’Orient-Le Jour le président du syndicat des hôpitaux, Sleimane Haroun, qui souligne que les hôpitaux « souffrent de l’absence d’études du cash-flow ».
Le document revient aussi sur une donnée fondamentale, l’estimation de la facture de santé annuelle à 2 milliards de dollars, voire 2,5 milliards de dollars, alors que la facture hospitalière s’élève, elle, à 600 millions de dollars.
Pour le document en question, il y a là une anomalie, car dans tous les pays développés, la facture hospitalière représente la moitié tout au plus de la facture de santé, alors qu’au Liban, elle en constitue le quart.
Soit le chiffre est erroné, et il faut le réviser, soit le chiffre est exact, et il faut corriger un grave défaut structurel, souligne en substance le document, qui insiste sur le caractère « contrôlé » des dépenses hospitalière, par opposition au caractère incontrôlé des dépenses extrahospitalières et autres actes médicaux externes.
Par ailleurs, le document lu par le Dr Jokhadar proteste contre le « climat de soupçon » qui empêche toute demande de rajustement du coût réel des prestations médicales et hospitalières. Il rappelle qu’en 1993, une tarification officielle a été établie qui a été approuvée conjointement, en 1998, par le ministère de la Santé et la Banque mondiale, et demande qu’elle soit respectée par tous les tiers payants publics (CNSS, Coopérative des fonctionnaires, armée et FSI). Or ces derniers l’ignorent et appliquent en ce moment chacun sa propre tarification.
Le document souligne du reste que les coûts réels actuels sont supérieurs aux coûts figurant dans la tarification officielle, sans oublier que depuis 1993, les coûts ont augmenté avec la création d’impôts nouveaux et l’augmentation des frais de fonctionnement ainsi que des salaires et autres investissements technologiques.

La commission ministérielle
Ces grandes orientations ont été présentées par le document comme une contribution des hôpitaux privés et des médecins à l’établissement d’une politique rationnelle de la santé.
Conscient qu’il faut mesurer le cri d’alarme à la gravité réelle de la situation, le président du syndicat des hôpitaux explique : « La situation financière s’aggrave, mais ce n’est pas seulement cela. Le problème véritable, c’est qu’il n’y a pas une politique de santé globale , bien étudiée, au Liban, et que chaque mois de retard mis à élaborer cette politique compte. »
Le document conjoint des médecins et hôpitaux privés se félicite par ailleurs de la formation, voici un mois, d’une commission ministérielle chargée de remédier à l’anarchie ambiante. La formation de cette commission, dont le travail est coordonné par M. Michel Moussa, ministre d’État, « est un pas dans la bonne direction », se félicite M. Haroun, qui précise que la commission a entamé ses réunions avec les tiers payants publics.
La commission ministérielle en question doit former des sous-commissions techniques auxquelles les médecins et propriétaires d’hôpitaux entendent bien participer. « Nous avons atteint une situation critique, et je pense que les responsables l’ont réalisé. Ce n’est plus l’heure des replâtrages. Une réunion élargie de tous les acteurs du secteur de la santé s’impose désormais comme une nécessité urgente », conclut M. Haroun.
Médecins et propriétaires d’hôpitaux ont tenu une réunion conjointe, hier, au siège de l’Ordre des médecins de Beyrouth, au cours de laquelle ils ont présenté un document de travail qui, espèrent-ils, pourrait servir de point de départ à une solution nationale pour le secteur de la santé en crise.La réunion s’est tenue à l’initiative des ordres des médecins de...