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En tête des défis budgétaires : la suppression des organismes parasitaires

Le département des Finances travaille actuellement à tour de bras pour préparer le budget 2004. Qui doit être soumis au Conseil des ministres puis débattu en priorité à la Chambre, pendant la session d’automne. Le débat risque d’être animé, sinon houleux. Car beaucoup de députés, emboîtant du reste le pas à nombre de ministres, comptent mener campagne pour qu’à la faveur de la loi des finances, l’on supprime des conseils et des caisses parasitaires, qui dépensent beaucoup sans rien réaliser de valable, ou presque. En tout cas, côté budget, le chef du gouvernement met lui-même la main à la pâte. Et il a passé à Fakra un week-end studieux, en compagnie de Fouad Siniora, pour s’imbiber des grandes lignes du projet. Les deux hommes (d’affaires) ont principalement planché, indiquent des sources informées, sur la question cruciale de la balance entre les recettes et les dépenses. C’est en effet la différence, à ce niveau comptable, qui fait que le budget de l’État libanais est (largement) déficitaire. Aussi, le projet 2004 va-t-il demander aux ministères de réduire leurs ardoises respectives de 30 % au minimum. Toujours selon les mêmes témoins, Rafic Hariri ne manque pas de souligner (une pierre dans le jardin d’autrui) que diverses dérives ont fait que le plafond de 25 % de déficit fixé pour l’actuelle loi des finances 2003 n’a pas été respecté, loin s’en faut. En effet, au stade présent (et la spirale descendante n’est pas finie), le déficit se chiffre à quelque 38 %. En d’autres termes, le gouvernement n’a pas pu enclencher le redressement promis ni tenir les engagements pris dans le cadre de Paris II. Siniora signale de son côté qu’à cause du comportement de certains pôles, qui freinent les recettes (en électricité par exemple) et stimulent les dépenses somptuaires (comme les voyages aux frais de la princesse, par exemple), le Trésor s’est encore trouvé cette année avec un lourd manque à gagner et un excédent sensible de frais généraux.
Dans son bulletin cyclique arrêté fin mai, le département des Finances mentionne certaines failles de perception : les arbitrages concernant l’exploitation des biens domaniaux maritimes, qui auraient dû assurer une rentrée de 80 milliards de livres ; la taxe professionnelle, dont on aurait attendu 45 milliards, etc. Quant à la réduction graduelle du service de la dette publique (paiement des intérêts) et aux crédits prévus pour amortir une partie du capital, le ministère indique qu’il y a entrave, du fait que rien n’a encore bougé sur le front des privatisations, qui doivent comme on sait financer ce programme.
Le département signale par ailleurs des imprévus et des impondérables dans les dépenses : les indemnisations pour les véhicules fonctionnant au mazout, les indemnités pour les dégâts occasionnés par des calamités naturelles et des indemnités administratives aussi massives qu’inopinées. Un coup ressenti d’autant plus fort que la titrisation de la Régie n’a pas donné les résultats escomptés et que la privatisation du téléphone piétine, tandis que la compensation TVA reste relative.
Dans ses assises privées, Siniora dénonce sévèrement la poursuite d’une pratique traditionnelle exécrable : le gaspillage inconsidéré des fonds publics. Il souligne la nécessité de nouvelles législations qui serviraient de garde-fou. En notant ensuite que nombre de dépenses extra sont engagées pour des raisons d’influence politique. Ce qui signifie, en bonne logique, que pour fermer vraiment le robinet il faut prendre conscience de la nécessité d’une décision d’ordre politique. À laquelle tous devraient souscrire, en reconnaissant ce qu’il en est. C’est seulement un tel consensus de départ, ajoute le ministre, qui pourrait permettre de dégager une vraie stratégie de sauvetage économique et financier.
En fait, ce plan existe déjà sur le papier. Et il a pour nom Paris II. Mais aucune des réformes promises dans ce cadre n’a été effectuée. Notamment au niveau de l’Administration, plus défaillante que jamais et toujours sans traitement thérapeutique. La corruption ronge ce corps constitué, qui pâtit en outre d’un excès de parasites pudiquement appelés surnuméraires.
À ces problèmes endémiques s’ajoutent, comme on sait, les effets dévastateurs des tiraillements entres dirigeants et la crise de confiance qui secoue le pouvoir. Les trêves constituent un pis-aller, comme le montre le dossier de l’électricité. Le chef du gouvernement a certes obtenu un contrat de fuel privilégié du Koweït, d’État à État, sans courtiers ni commissions louches. Mais le dossier électrique continue à être traité dans un esprit de colmatage des brèches, de rafistolage momentané, pour gagner quelques mois. Car le climat de fond n’est pas assez sain pour envisager une solution définitive à ce problème. Et à bien d’autres.

Philippe ABI-AKL
Le département des Finances travaille actuellement à tour de bras pour préparer le budget 2004. Qui doit être soumis au Conseil des ministres puis débattu en priorité à la Chambre, pendant la session d’automne. Le débat risque d’être animé, sinon houleux. Car beaucoup de députés, emboîtant du reste le pas à nombre de ministres, comptent mener campagne pour qu’à la...