Dans son bulletin cyclique arrêté fin mai, le département des Finances mentionne certaines failles de perception : les arbitrages concernant l’exploitation des biens domaniaux maritimes, qui auraient dû assurer une rentrée de 80 milliards de livres ; la taxe professionnelle, dont on aurait attendu 45 milliards, etc. Quant à la réduction graduelle du service de la dette publique (paiement des intérêts) et aux crédits prévus pour amortir une partie du capital, le ministère indique qu’il y a entrave, du fait que rien n’a encore bougé sur le front des privatisations, qui doivent comme on sait financer ce programme.
Le département signale par ailleurs des imprévus et des impondérables dans les dépenses : les indemnisations pour les véhicules fonctionnant au mazout, les indemnités pour les dégâts occasionnés par des calamités naturelles et des indemnités administratives aussi massives qu’inopinées. Un coup ressenti d’autant plus fort que la titrisation de la Régie n’a pas donné les résultats escomptés et que la privatisation du téléphone piétine, tandis que la compensation TVA reste relative.
Dans ses assises privées, Siniora dénonce sévèrement la poursuite d’une pratique traditionnelle exécrable : le gaspillage inconsidéré des fonds publics. Il souligne la nécessité de nouvelles législations qui serviraient de garde-fou. En notant ensuite que nombre de dépenses extra sont engagées pour des raisons d’influence politique. Ce qui signifie, en bonne logique, que pour fermer vraiment le robinet il faut prendre conscience de la nécessité d’une décision d’ordre politique. À laquelle tous devraient souscrire, en reconnaissant ce qu’il en est. C’est seulement un tel consensus de départ, ajoute le ministre, qui pourrait permettre de dégager une vraie stratégie de sauvetage économique et financier.
En fait, ce plan existe déjà sur le papier. Et il a pour nom Paris II. Mais aucune des réformes promises dans ce cadre n’a été effectuée. Notamment au niveau de l’Administration, plus défaillante que jamais et toujours sans traitement thérapeutique. La corruption ronge ce corps constitué, qui pâtit en outre d’un excès de parasites pudiquement appelés surnuméraires.
À ces problèmes endémiques s’ajoutent, comme on sait, les effets dévastateurs des tiraillements entres dirigeants et la crise de confiance qui secoue le pouvoir. Les trêves constituent un pis-aller, comme le montre le dossier de l’électricité. Le chef du gouvernement a certes obtenu un contrat de fuel privilégié du Koweït, d’État à État, sans courtiers ni commissions louches. Mais le dossier électrique continue à être traité dans un esprit de colmatage des brèches, de rafistolage momentané, pour gagner quelques mois. Car le climat de fond n’est pas assez sain pour envisager une solution définitive à ce problème. Et à bien d’autres.
Philippe ABI-AKL
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