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SANTÉ - Des conférenciers ont fait le point à l’auditorium du rectorat de l’UL, place du Musée Le SRAS s’éteindra spontanément, estiment les épidémiologistes

En mars dernier, une nouvelle épidémie a semé la panique dans le monde. Le syndrome respiratoire aigu sévère, ou SRAS, a suscité une vague d’inquiétude, d’autant que la cause du fléau est demeurée inconnue pendant plusieurs semaines. Chaque jour une nouvelle victime succombait à ce fléau, qui constitue désormais un nouveau défi pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Qu’en est-il aujourd’hui ? Un point sur l’épidémie a été donné au rectorat de l’Université libanaise (UL), place du Musée, par M. Roger Salamon, directeur de l’Institut de santé publique d’épidémiologie et de développement à Bordeaux 2 et responsable de l’enquête française sur le syndrome de la guerre du Golfe.
Le SRAS est une infection pulmonaire, fébrile (la fièvre est quasiment présente) et même assez sévère, qui évolue quelquefois vers une insuffisance respiratoire, d’où sa gravité. L’agent responsable de cette pneumopathie, le coronavirus, a été récemment découvert et la durée d’incubation, soit la période durant laquelle le malade est porteur du virus, varie entre deux à dix jours.
« Dans beaucoup de domaines, cette période est inquiétante pour les épidémiologistes, car c’est la période où l’on peut le moins empêcher la transmission du virus puisqu’on ignore qui en est porteur », explique M. Salamon, qui s’exprimait devant un public formé principalement de spécialistes et de personnes intéressées par le sujet. « Cette période a constitué d’ailleurs la grande terreur des spécialistes lors de l’apparition du VIH/sida, il y a plusieurs années, puisque les gens incubaient pendant des jours, voire des années, ne se sachant pas porteurs du virus. À cette époque, il était encore plus difficile de lancer la moindre campagne de prévention, au moins auprès des hommes », poursuit-il.

Rappel historique
L’histoire du SRAS est très récente. Elle peut être suivie presque au jour le jour. « Tout a réellement commencé le 11 février, date à laquelle plus de trois cents cas de pneumopathie ont été recensés à Guangdong, une petite province près de Hong Kong, affirme M. Salamon. La cause de ces pneumopathies demeurait toutefois inconnue. »
Le début officiel de l’épidémie peut être fixé au 26 février, à l’hôpital français de Hanoi, où un patient à provenance de Shanghaiw a été hospitalisé pour une pneumopathie aiguë et grave. Vingt-deux membres du personnel soignant de l’hôpital attrapent alors cette infection, car ils ont été en contact direct avec le patient. La panique est alors enclenchée.
Le 12 mars, l’OMS lance une alerte mondiale et le 15 mars elle établit des recommandations à l’intention des voyageurs, mettant ainsi un certain nombre de pays au ban du tourisme. « Depuis vingt ans déjà, avec la catastrophe de Tchernobyl, puis avec l’apparition du sida et maintenant du SRAS, on remarque l’impact des phénomènes de santé sur l’économie d’un pays. Aucun politicien, aucun économiste ou juriste ne peut désormais négliger un phénomène de santé, aussi petit soit-il, qui risque de mettre en un mois un pays à genoux », remarque M. Salamon, qui ajoute que le 20 mars, douze pays figuraient déjà sur la liste des régions atteintes par le SRAS notamment la Chine, Hong Kong, le Vietnam, Singapour, le Canada, la France et l’Allemagne (Francfort).
Aux alentours du 26 mars, le lien entre le SRAS et l’épidémie de Guangdong est officiellement établi et ce n’est que le 16 avril que le coronavirus est officiellement annoncé comme cause du SRAS, même si le virus n’est pas retrouvé dans tous les cas suspects. Au 14 mai, selon les rapports de l’OMS, 30 pays étaient déjà atteints par l’épidémie. On comptait alors 7 628 cas et 587 décès.
« C’est un domaine intéressant où il est difficile de mettre le balancier entre l’excès de protection et l’insuffisance de protection, car de peu, on peut passer soit à la catastrophe sanitaire soit à la psychose collective, insiste M. Salamon. C’est là qu’il faut raisonner pour trouver un juste milieu entre une prévention efficace et indiscutable et une prise de conscience par les autorités car il s’agit d’un problème qui peut éclater. »
En ce qui concerne les modes de transmission, M. Salamon précise que le SRAS est essentiellement transmis par des « gouttelettes très largement prédominantes lors de contacts proches et prolongés avec un malade symptomatique ». « La probabilité que le virus se transmette par manuportage est extrêmement faible car, à l’instar du VIH, c’est un virus peu résistant », note-t-il. Et d’ajouter qu’il n’existe actuellement aucun protocole thérapeutique recommandé, bien que certains médicaments ont prouvé leur efficacité dans le traitement des patients. Quant à la prévention, l’épidémiologiste indique qu’il s’agit de précautions standards d’hygiène, d’isolement (confinement à l’hôpital) et de quarantaine (confinement à domicile) en plus de précautions particulières d’air et de contact. Mais la plus importante précaution consiste à différer les voyages dans les zones touchées.

Comparaison avec le sida
Un parallèle avec le VIH/sida s’impose à ce stade. « Les deux maladies sont virales et nouvelles et, à juste titre, nous renvoient tout d’un coup les problèmes de santé comme une priorité alors qu’ils ne l’ont jamais été dans les années précédentes », signale M. Salamon. De plus, les deux maladies semblent issues de l’animal (le singe pour le VIH et la civette pour le SRAS).
Elles sont toutes les deux médiatisées et catastrophiques « dans le sens qu’elles ne tuent pas les gens par millions comme la tuberculose ou la malnutrition, mais elles constituent une catastrophe économique pour les pays qui en sont touchés », avertit M. Salamon. « Le sida est pour l’Afrique une catastrophe économique extraordinaire qui peut dégénérer ensuite, par ricochet, en une catastrophe économique pour l’ensemble du monde. Et le SRAS, avec pourtant peu de cas, peut le devenir pour les pays qui vont être fermés au tourisme », ajoute-t-il.
D’autres points communs entre le VIH/sida et le SRAS sont que les deux maladies ne connaissent aucune frontière, elles ont des connotations symboliques (abstention de sexe pour le VIH, personnelle médicale pour le SRAS) et l’arsenal thérapeutique est très faible dans les deux cas, car ce sont deux virus qui mutent beaucoup.
Par contre, ce qui distingue le VIH du SRAS est la contamination de nature active du sida et de nature passive du SRAS, ainsi que le caractère chronique du premier et celui aigu du second. « C’est un point rassurant pour les épidémiologistes qui croient, dans leur majorité, qu’il s’agit d’une épidémie qui va spontanément s’éteindre, note M. Salamon. À l’inverse, ce caractère aigu est plus inquiétant pour le public, d’autant que la létalité n’est pas négligeable. »

SRAS et enfants
La conférence a été clôturée par une intervention du Dr Philippe Chédid, pédiatre et doyen de la faculté des sciences médicales de l’Université libanaise, qui a précisé que sur les plans épidémiologique et clinique, très peu d’enfants ont été atteints du SRAS, et chez ceux qui l’ont attrapé, le cours de la maladie a été léger, bénin, moins agressif et moins fulminant que chez les adultes. « Très souvent, dit-il, la symptomatologie a été douce avec une toux, un rhume et de la fièvre, donc aussi commune que n’importe quelle grippe. »
« Puisque les enfants développent plus de rhumes que les adultes, existe-t-il une immunité croisée entre les coronavirus non mutés et ceux mutés ? Est-ce la raison pour laquelle les enfants sont plus protégés ? », se demande-t-il. Et de conclure : « Beaucoup de points d’interrogation se posent concernant cette épidémie chez les enfants. Mais sans aucun doute, ils en sont moins atteints. »

N.M.
En mars dernier, une nouvelle épidémie a semé la panique dans le monde. Le syndrome respiratoire aigu sévère, ou SRAS, a suscité une vague d’inquiétude, d’autant que la cause du fléau est demeurée inconnue pendant plusieurs semaines. Chaque jour une nouvelle victime succombait à ce fléau, qui constitue désormais un nouveau défi pour l’Organisation mondiale de la...