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PATRIMOINE - D’importants travaux entrepris dans la région située entre Qartaba et Afqa Des missions archéologiques pour mettre en valeur le site de Yanouh(photos)

Le samedi 21 juin, les Amis du musée de l’Université américaine de Beyrouth iront à la découverte du site archéologique de Yanouh, niché dans la haute vallée de Nahr Ibrahim. En prévision de cette journée, M. Pierre-Louis Gatier, chercheur au CNRS-Lyon et directeur de la mission archéologique qui entreprend, depuis 1999, d’importants travaux entre Qartaba et Afqa, a dévoilé les derniers résultats des sondages et des fouilles qui se déroulent sur le site de Yanouh. Une projection de diapositives a permis de découvrir les vestiges mis au jour dans cette région, notamment :
– un grand temple romain, du IIe siècle après J-C, de type libanais à « adyton », construit en calcaire, entouré d’un mur d’enceinte en grès jaune. Ce temple transformé par la suite en église a été, en raison de sa couleur bleutée, à l’origine du nom de Saint-Georges-Le-Bleu ;
– un second temple romain, également en calcaire, contemporain du premier et dit petit temple ;
– un bâtiment à plate-forme en grès, monument de culte d’époque hellénistique, considéré comme étant exceptionnel au Liban ;
– une basilique protobyzantine à trois nefs, transformée de basilique « à colonnes » en basilique « à piliers », à l’époque médiévale ;
– une chapelle médiévale à une seule nef, datant du XIIIe-XIVe siècle ;
– diverses installations annexes, dont certaines de nature agricole (pressoir à huile, pressoir à vin), d’époques byzantine et médiévale, liées à la transformation du temple en église et à la construction de la chapelle.
Mais ce n’est pas tout. Alors que la théorie en vigueur fait de la montagne « une zone forestière sous-occupée jusqu’à l’époque médiévale », les sondages ont permis de montrer « la très longue histoire de l’occupation du site, depuis le bronze ancien jusqu’à la fin de l’époque médiévale, avec des périodes de déclin et des phases d’expansion », a révélé M. Gatier, ajoutant que parmi les nombreux tombeaux découverts, celui dit de Yanouh est « d’un type particulier qui ne se trouve nulle part au Liban, en dehors de la région ». De même, une inscription en araméen, « le seul texte trouvé au Liban » a été déterrée à Mar Girios al-Azraq, dit de Yanouh. « Cette région a une place importante dans l’histoire du pays. Malheureusement, l’archéologie s’étant concentrée sur la côte et dans la Békaa, aucune prospection et aucune fouille stratigraphique n’ont été entreprises jusqu’à présent dans la montagne libanaise. Hormis quelques pages consignées par les archéologues allemands Krencker et Zschietzschmann, qui ont exploré le site avant la Première Guerre mondiale, on ne disposait à peu près plus de rien sur les vestiges de Yanouh. On ne connaît rien de ses phases de peuplement et de dépeuplement et du rôle qu’ont pu jouer les Phéniciens, les Romains et les maronites qui fixent à Yanouh l’installation médiévale du patriarche. Le défrichement, le développement des terrasses, la mise en place des réseaux des sanctuaires et de celui des villages sont inconnus », a dit le directeur de la mission archéologique.
Il devait également signaler que, dans les années soixante, des travaux menés par la DGA et l’ingénieur H. Kalayan ont permis de dégager, sur une surface de 2 000 mètres carrés, plusieurs grands bâtiments, dont un temple romain, une basilique à trois nefs et une chapelle à une nef.
Mais la guerre qui a éclaté en 1975 a empêché la publication des résultats et a fait disparaître la totalité de la documentation. Aujourd’hui, la vallée de Nahr Ibrahim est dans le collimateur de la mission dirigée par Gatier et qui regroupe des spécialistes de l’USJ (L. Nordiguian, M. Maqdissi, D. Pieri, M. Haidar-Boustany et J.S. Caillou), de la DGA, de l’Ifapo et de l’Université de Lyon II.
Parallèlement, les architectes G. Charpentier et R. Gérgian, le céramologue D.Pieri, ainsi que les géo-électriciens A. et J. Kermorvant ont investi Yanouh où les vestiges, mis au jour, seront l’objet, cette saison, de relevés architecturaux mais aussi de sondages statigraphiques « pour assurer les datations de leurs différentes phases de construction », explique le conférencier. « Une prospection géo-électrique pour reconnaître la présence d’installations arasées » a déjà commencé, ainsi que le nettoyage du terrain et le déplacement des blocs pour faciliter la lisibilité du site et préparer sa mise en valeur.
May MAKAREM
Le samedi 21 juin, les Amis du musée de l’Université américaine de Beyrouth iront à la découverte du site archéologique de Yanouh, niché dans la haute vallée de Nahr Ibrahim. En prévision de cette journée, M. Pierre-Louis Gatier, chercheur au CNRS-Lyon et directeur de la mission archéologique qui entreprend, depuis 1999, d’importants travaux entre Qartaba et Afqa, a dévoilé les...