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DROITS DE L’HOMME - Les familles des détenus libanais en Syrie se rendent sans succès à Damas Solida : « Le dialogue est désormais rompu »

N’ayant pas obtenu de suite à leur requête du 22 juillet 2002 – date de leur premier déplacement à Damas – et après avoir été refoulé à la frontière syro-libanaise quelques mois plus tard, les familles des détenus libanais en Syrie ont décidé hier de renouveler cette initiative en se rendant dans la capitale syrienne dans l’espoir de rencontrer le président Bachar el-Assad. Une troisième tentative qui s’est soldée par un échec, la délégation libanaise ayant été poliment repoussée aux portes des trois palais présidentiels auprès desquels elle s’est rendue. Informées par voie de fax et de presse de la venue des représentants du Comité des familles de détenus libanais, et de MM. Ghazi Aad et Wadih Asmar, respectivement porte-parole de Solide (Soutien aux Libanais en détention et en exil, basé au Liban) et vice-président de Solida (Soutien aux Libanais détenus arbitrairement, basé en France), les autorités syriennes ont visiblement ignoré la présence de la délégation.
La décision de rencontrer personnellement le président assad intervient au moment où les parents ont désespéré de « l’insouciance » dont ont fait preuve les autorités libanaises qui n’ont pu jusqu’à ce jour apporter de réponses satisfaisantes à ce dossier.
Elle vient également à la suite des promesses faites par le ministre syrien de l’Intérieur, le général Ali Hammoud, qui s’était engagé, en novembre 2002, à fournir aux parents une réponse sur chacun des noms figurant sur la liste des personnes disparues dans les geôles syriennes. Le nombre des Libanais portés disparus, mais qui, selon leurs proches, pourraient être encore en vie en Syrie, est estimé à environ 200. Dans un premier temps, M. Hammoud avait démenti la présence de Libanais détenus en Syrie. Lorsque leurs proches avaient insisté pour lui montrer des photos et des preuves, il leur avait promis des réponses à leurs questions dans les deux à trois mois. La délégation, qui était revenue à la charge le 2 novembre, avait été refoulée à la frontière libano-syrienne où des responsables du poste frontière lui avaient signifié que le ministre avait dû quitter le pays pour une mission urgente. Cette fois-ci, les comités des familles et ceux de Solide et de Solida ont décidé de « relancer les démarches en s’adressant à la source», a affirmé M. Aad en justifiant la dernière initiative entreprise auprès du président Assad. Malheureusement leur voyage a tourné en périple stérile, la délégation n’ayant réussi ni à être reçue par le chef de l’État ni à obtenir une réponse à ses questions. Arrivés tout d’abord au Palais du peuple, les parents des détenus ont dû rebrousser chemin sur les conseils des officiers de garde qui leur ont indiqué qu’ils devaient se rendre plutôt au Palais des hôtes. Là, ils ont été informés qu’ils étaient de nouveau à la mauvaise adresse, et qu’il fallait qu’ils se dirigent vers le Palais de Rawda. Ce qu’ils n’ont pas hésité à faire. Mais en vain. « Le chef de cabinet du président Assad, Abou Salim, a refusé de répondre quant à la possibilité de pouvoir rencontrer ultérieurement le chef de l’Etat syrien », a indiqué M. Aad. « Nous avons pu le contacter mais il a refusé de répondre à nos trois questions sur une éventuelle rencontre ce lundi même avec un représentant de M. Assad, une rencontre ultérieure avec le président syrien et sur leur volonté de traiter ce dossier », a-t-il ajouté. « Nous avons attendu en vain les réponses des autorités libanaises puis syriennes. Que personne ne nous blâme si nous avons recours aux médias », a-t-il dit, sans donner plus de détails. Pour Wadih Asmar, deux explications peuvent être données au refus des autorités syriennes de rencontrer la délégation. « Soit qu’il veulent gagner du temps, soit qu’il ne veulent plus réagir à ce dossier », a-t-il dit.
En soirée, Solida a publié un communiqué dans lequel elle affirme que le « dialogue est rompu », en allusion à la dernière rencontre avec le ministre Hammoud. « Les représentants de Solida, de Solide et du Comité des familles de détenus en Syrie sont très déçus de l’attitude non coopérative et inhumaine des autorités syriennes, qui, il y a 11 mois, admettaient pourtant la détention au secret de Libanais et promettaient de résoudre le problème dans les 2 à 3 mois », a encore précisé le communiqué. Répondant à l’affirmation du procureur général près la Cour de cassation, Adnan Addoum, qui affirmait, dimanche par voie de presse, qu’il n’y avait plus aucun Libanais détenu au secret en Syrie, Solida a affirmé qu’il est « le seul à le croire puisque, récemment encore, la Syrie a écrit au groupe de travail sur la détention arbitraire de l’Onu reconnaissant la détention d’au moins deux de ces disparus et que l’Union européenne comme l’Onu réclament régulièrement la libération de ces détenus ».
M. Addoum avait également qualifié de « politiques » les démarches entreprises par les ONG pour mettre au clair ce dossier. Ce à quoi Solida réagit en disant :
« Nous lui demandons de nous expliquer quels intérêts politiques nous servons. En revanche, nous avons parfaitement compris que lui s’était vu confier la difficile – et très politique tâche – de soutenir la “version officielle” si peu crédible. » L’association faisait allusion à l’inefficacité de la commission d’enquête mise sur pied en 2001, qui n’a pas à ce jour rendu son rapport, ainsi qu’à la position des autorités libanaises et syriennes consistant à dire que le dossier était clos.
N’ayant pas obtenu de suite à leur requête du 22 juillet 2002 – date de leur premier déplacement à Damas – et après avoir été refoulé à la frontière syro-libanaise quelques mois plus tard, les familles des détenus libanais en Syrie ont décidé hier de renouveler cette initiative en se rendant dans la capitale syrienne dans l’espoir de rencontrer le président Bachar...