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Droits de l’homme - Plusieurs aounistes avaient été blessés durant une manifestation la semaine dernière La FDHDH fustige la brutalité des forces de l’ordre et réclame des sanctions(photo)

En présence de diplomates étrangers, la Fondation des droits de l’homme et du droit humanitaire (FDHDH) a fustigé hier la brutalité employée par les forces de l’ordre pour disperser la manifestation du Courant patriotique libre (CPL-aouniste) devant la MTV samedi dernier, à l’occasion de la visite du secrétaire d’État américain Colin Powell. Le CPL réclamait l’application de la résolution 520 du Conseil de sécurité. L’occasion d’offrir une tribune propre à la société civile, à certains des militants aounistes tabassés samedi pour qu’ils puissent témoigner de l’usage de la violence par les Forces de sécurité (FSI), les militaires et la brigade antiémeute. Des militants aounistes dont certains ont affirmé hier qu’ils allaient porter plainte devant la justice contre le ministère de l’Intérieur. Prenant la parole, l’un des membres de la FDHDH, le sociologue Charles Chartouni, a relaté les faits survenus samedi, avant de souligner quatre points : – Les manifestants ont été l’objet unique de la répression. Un certain nombre d’entre eux ont été blessés, dont six ont dû être transportés à l’hôpital. – Trois représentants du corps de la presse ont été malmenés. Leurs enregistreurs et leurs caméras ont été confisqués. – Les forces de l’ordre ont assiégé durant trois heures une vingtaine de manifestants qui s’étaient réfugiés dans l’église Saint-Joseph, à l’intérieur du campus de l’école La Sagesse. – L’un des manifestants, Peter Murr, a été déféré devant le tribunal militaire et accusé d’agression contre les forces de l’ordre. Le tribunal l’a finalement innocenté faute de preuves. M. Chartouni a ensuite mis l’accent sur la différence entre le droit positif, qui émane du pouvoir législatif dans un pays donné, et le droit naturel, un ensemble de normes impératives innées – celles du « jus cogens », consacrées par la Déclaration universelle des droits de l’homme en 1948. Ces normes du droit naturel sont supérieures, du point de vue de la valeur juridique, au droit positif dans la perspective « droit-de-l’hommiste », qui tend aujourd’hui à devenir universelle, et l’État n’a d’autre choix que celui de reconnaître ces normes. « Nul n’a le droit, notamment le pouvoir, d’amender, d’annuler ou de ne pas respecter ces droits et ces libertés », a poursuivi M. Chartouni. Selon le sociologue, la répression, samedi, des étudiants par les forces de l’ordre constitue une violation des articles 19 et 20 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, relatifs à la liberté d’expression et d’opinion et au droit à la liberté d’association et de rassemblements pacifiques. Partant ensuite du principe selon lequel les forces de l’ordre doivent être protégées par des lois pénales contre d’éventuels agresseurs, M. Chartouni s’est demandé quelles sont les limites de cette protection. « Ce droit n’est appliqué que dans la mesure où les forces de l’ordre agissent dans le cadre de la loi. À partir du moment où elles transgressent la loi et agressent les autres, elles deviennent équivalentes aux agresseurs. Les sanctions sont encore plus sévères à l’encontre des fonctionnaires agresseurs », a-t-il indiqué. « Par conséquent, les accusations des FSI à l’encontre des manifestants samedi soir sont nulles et non avenues, ces responsables ayant commis des crimes d’obédience », a-t-il précisé. « En tant qu’ONG des droits de l’homme, nous estimons que seuls ceux qui ont donné les instructions aux forces de l’ordre de tabasser des jeunes sans défense devraient être transférés devant les tribunaux », a-t-il conclu. Témoignages en série Charles Chartouni a ensuite laissé à six militants aounistes rossés et/ou interpellés par les agents de l’ordre l’opportunité de témoigner. Tony Harb, Rony Saliba, Jeannot Chélala, Jean Abdelkarim, Tony Orian et Jad Mattar ont raconté comment ils avaient été brutalisés, déclinant l’un après l’autre les preuves de l’agression dont ils ont été victimes. Certains ont montré leurs blessures ou leurs ecchymoses – Abdelkarim a ôté sa chemise pour exhiber les traces des coups devant les journalistes. Ils portent tous des séquelles évidentes de leur interpellation. Harb a été admis hier à l’hôpital de Tannourine où il doit poursuivre sa cure. Pour sa part, Orian a décidé d’intenter un procès contre le ministère de l’Intérieur, à qui il fait assumer la responsabilité de la violence des agents de l’ordre. Les responsables du CPL ont en outre indiqué que Peter Murr avait été le seul aouniste à être déféré devant le tribunal militaire, « en raison de ses liens de parenté avec le ministre de l’Intérieur, Élias Murr ». En conclusion, Charles Chartouni a indiqué que la fondation allait redoubler ses efforts pour « mener un double combat contre les crimes d’obédience et contre l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques ». « Les responsables n’ont pas le droit d’utiliser les services de l’État à des fins personnelles. Cela va à l’encontre des principes de l’État de droit, selon lesquels la loi doit être conforme au droit naturel. Nous sommes dans l’opposition qui œuvre pour le rétablissement de l’État de droit au Liban », a-t-il conclu. M. H. G.
En présence de diplomates étrangers, la Fondation des droits de l’homme et du droit humanitaire (FDHDH) a fustigé hier la brutalité employée par les forces de l’ordre pour disperser la manifestation du Courant patriotique libre (CPL-aouniste) devant la MTV samedi dernier, à l’occasion de la visite du secrétaire d’État américain Colin Powell. Le CPL réclamait...