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CORRESPONDANCE Camille Aboussouan commandeur de la Légion d’honneur sur la « réserve personnelle » de Jacques Chirac(photo)

Paris – De Mirèse AKARUne légende tenace veut que vous n’obteniez la Légion d’honneur que si vous l’avez sollicitée ou si un ami – forcément de ceux qui vous veulent du bien – l’a sollicitée pour vous. C’est quelquefois vrai, mais pas toujours. Ainsi Camille Aboussouan, devenu commandeur dans la promotion de Pâques et donc, d’une certaine façon, vieux routier de l’ordre institué en 1802 par Bonaparte, a-t-il toujours mis un point d’honneur, ou encore une certaine «coquetterie», pour reprendre son terme, à ne rien demander dans ce domaine. Services rendus Chevalier – le premier grade –, il l’était devenu en 1974, alors qu’il vivait au Liban. Pour services multiples rendus à la culture dans ce pays et dont l’ébauche du futur Festival de Baalbeck avec la mise en scène des Perses d’Eschyle, en 1944, dans le temple de Bacchus, la création de la revue Les Cahiers de l’Est et la fondation du PEN Club libanais – respectivement en 1945 et 1946 — puis celle, en 1959, de l’Association pour la protection des sites et anciennes demeures ne sont pas les moindres. Une fois le processus amorcé, on ne brûle pas les étapes : avec des temps de battement variables, les promotions se succèdent parfois tout au long d’une vie. En 1983, une lettre de Claude Cheysson, ministre des Relations extérieures de l’époque, signifiait à Camille Aboussouan, alors ambassadeur du Liban à l’Unesco, son élévation au rang d’officier, et c’est la duchesse Edmée de la Rochefoucault qui lui avait remis sa croix. « Fervent engagement » Après un nouvel intervalle de quelques années, le chef de cabinet de Jacques Chirac l’appelait le 18 avril dernier pour lui annoncer que le président de la République avait décidé par décret de le faire commandeur, distinction qu’il lui décernait sur sa «réserve personnelle». Une lettre lui est parvenue peu après où Jacques Chirac loue son « fervent engagement » d’humaniste et de mécène ayant consacré sa vie à « renforcer mille ans d’amitié entre la France et le Liban ». Dans les listes des nouveaux promus de la Légion d’honneur publiées par la presse, le nom de Camille Aboussouan apparaît en effet assorti de ce qualificatif de mécène, amplement justifié par le don récent de 1 600 pièces de sa fabuleuse collection d’antiquités orientales au musée d’Agen qui peut ainsi se targuer désormais d’occuper dans ce domaine la seconde place en France après le Louvre. Jacques Chirac, une vieille connaissance pour Camille Aboussouan. C’est lui qui, alors maire de Paris, dévoilait le 8 septembre 1982, au 23, quai d’Anjou, une plaque sur la maison habitée en 1642 par « le sieur Gabriel Sionite, maronite du Liban, professeur d’arabe au Collège de France ». Intarissable sur ce Gibra’il al-Sahyouni, originaire d’Ehden, ramené de Rome par l’ambassadeur de France Savary de Brèves et qui devint l’animateur de la politique arabe de Marie de Médicis, Camille Aboussouan était bien entendu à l’origine de ce petit événement. Qui remettra au récipiendaire sa croix de commandeur ? On peut presque gager que ce sera Jacques Chirac lui-même. Ceux qui ont assisté à des remises de décorations à l’Élysée savent qu’il a du goût pour ce genre de cérémonies et ne laisse à personne le soin de préparer le petit laïus qu’il adresse aux personnes jouissant de son estime.
Paris – De Mirèse AKARUne légende tenace veut que vous n’obteniez la Légion d’honneur que si vous l’avez sollicitée ou si un ami – forcément de ceux qui vous veulent du bien – l’a sollicitée pour vous. C’est quelquefois vrai, mais pas toujours. Ainsi Camille Aboussouan, devenu commandeur dans la promotion de Pâques et donc, d’une certaine façon, vieux routier de...