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INFRASTRUCTURES - Que faut-il exactement pour réhabiliter une voie publique au Liban ? La rue Monnot fraîche et pimpante en août prochain (photos)

Que faut-il pour effectuer des travaux d’infrastructure au Liban ? Théoriquement, une rue à réhabiliter, un organisme chargé de développement et de reconstruction, un consultant, un entrepreneur et…un plan détaillé que l’on ne modifie pas en cours de route. La présence d’un office public capable de coordonner le travail entre tous les services concernés par la réhabilitation (Office des eaux, Électricité du Liban, ministère des Télécoms, brigade de la circulation…) serait la bienvenue. Mais tel n’est malheureusement pas le cas. À entendre les plaintes de certains entrepreneurs, la réhabilitation de quelques rues de la capitale serait une tâche aussi laborieuse que les douze travaux d’Hercule. Il serait également convenable de méditer le titre d’une bande dessinée, Les douze travaux d’Astérix, où l’intrépide Gaulois se perd entre les étages de la « maison qui rend fou » pour effectuer des formalités administratives… L’ancienne ligne de démarcation. La rue Monnot presque invivable durant la guerre et vibrante en temps de paix. Actuellement bien prospère, la rue est depuis des mois en cours de réhabilitation. Les travaux qui ont commencé en octobre 2002 et qui devaient s’achever en avril dernier se poursuivent. Heureusement, ils ne se prolongeront pas éternellement… À la fin du mois d’août prochain, exactement le lundi 25 août 2003, les riverains, les habitués et les commerçants de la rue Monnot la découvriront toute belle et toute neuve. Longue de 630 mètres et large de 5,5 mètres, c’est une rue pavée, pourvue d’élégants trottoirs, qui émergera de la poussière. Trente-sept réverbères décoratifs hauts de 5,5 mètres veilleront sur les noctambules et les habitants. Rien n’a été laissé au hasard et les entrepreneurs, Le Sud pour la Construction, (South for Construction), n’ont pas oublié de doter la voie de poubelles décoratives en acier galvanisé et de petits poteaux empêchant, à certains endroits, les voitures de stationner. Après la mise en place de nouvelles canalisations pour l’écoulement des eaux usées, l’eau potable et l’eau pluviale – chantier entamé en octobre dernier –, ce sont les travaux d’infrastructure électrique qui sont en cours, actuellement. L’embellissement de la rue, avec pavés et réverbères, suivra. Une expérience ubuesque À tous ceux qui se demandent pourquoi le chantier de la rue Monnot n’a pas été achevé en avril, le moukhtar de Saïfi, Michel Nasr, énumère les problèmes rencontrés depuis le mois d’octobre. Dans le cadre des travaux d’infrastructure par exemple, les canalisations d’eau potable n’étaient pas initialement prévues. Ce n’est qu’en décembre que l’entrepreneur a été mis au courant des travaux à effectuer. Et il fallait, une fois les canalisations prêtes et les formalités effectuées, creuser à nouveau la rue Monnot. La même opération se répète actuellement pour les travaux d’infrastructure relatifs à l’électricité. Relatant les péripéties pour la réhabilitation de la rue Monnot, le moukhtar de Saïfi appelle à la mise en place d’un organisme capable de coordonner les travaux entre divers bureaux de l’État et rend hommage à plusieurs responsables qui ont facilité les travaux, en s’impliquant personnellement pour écourter les délais, notamment en matière de formalités administratives. On entend le même son de cloche chez South for Construction. Le PDG de l’entreprise, Riad Assaad, et son équipe racontent en bref leur expérience – ubuesque - à la rue Monnot. Heureusement pour la compagnie, le cas de cette rue ne s’est pas présenté dans d’autres chantiers de la capitale pris en charge par South for Construction, notamment à la rue Grégoire Haddad (rue Barbour), dont les travaux ont été entamés simultanément avec ceux de la rue Monnot et qui sont sur le point d’être achevés. « Pour réaliser des gains, un entrepreneur doit respecter les délais prévus initialement par l’appel d’offres. Ce n’était pas le cas à la rue Monnot ; le plan des travaux à achever a été modifié en cours de route », indique M. Assaad, soulignant : « Il ne nous restait plus qu’à patienter pour voir ce qui allait être décidé par les diverses administrations. » L’équipe de l’entreprise donne l’exemple, dans ce cadre, des canalisations d’eau potable, où il a fallu attendre des semaines durant la décision de l’Office des eaux de Beyrouth – qui avait déjà décidé bien après le lancement des travaux de mettre en place de nouvelles canalisations d’eau potable – qui hésitait entre l’installation de tuyaux en fonte ductile ou en polyéthilène… Autre exemple : l’argent était prêt pour l’installation de l’infrastructure électrique de la rue, mais tout travail était pratiquement impossible sans l’existence matérielle des dits câbles électriques. Et il a fallu attendre encore que les câbles que l’Électricité du Liban compte mettre en place soient disponibles… Ces péripéties vont sans compter la paperasse. Il semble que des tonnes de messages écrits et de circulaires sont nécessaires pour n’importe quel travail de réfection. Et l’entrepreneur chargé de la réhabilitation d’une impasse, d’une rue, ou d’une avenue au Liban se retrouve inévitablement en train de traiter avec une dizaine de personnes et de services représentant l’État, notamment la municipalité, le mohafez, l’Office des eaux, l’EDL, le ministère des Télécommunications, le moukhtar et… les policiers chargés de régler la circulation d’une rue en pleine mutation. Mais trêve d’histoires à dormir debout ! Sachez que la rue Monnot fera peau neuve en août prochain et que le coût de l’opération, pour son rajeunissement et sa réhabilitation, se chiffre à un peu plus d’un million deux cent mille dollars. Patricia KHODER
Que faut-il pour effectuer des travaux d’infrastructure au Liban ? Théoriquement, une rue à réhabiliter, un organisme chargé de développement et de reconstruction, un consultant, un entrepreneur et…un plan détaillé que l’on ne modifie pas en cours de route. La présence d’un office public capable de coordonner le travail entre tous les services concernés par la réhabilitation...