Rechercher
Rechercher

Actualités

Les loyalistes justifient le choix monochrome en arguant des impératifs régionaux

Était-il possible de former un cabinet de véritable union nationale en y intégrant des représentants de l’Est ? D’ailleurs, les pôles de l’opposition, éventuellement pressentis, auraient-ils pu accepter sans en pâtir politiquement et populairement ? Les loyalistes affirment que la gravité de la situation régionale, les retombées de la guerre en Irak, les menaces US contre la Syrie ont empêché la mise en place d’un gouvernement d’entente. Pourquoi au juste ? Parce que, expliquent-ils, les ministres venus des rangs de l’opposition auraient pu se démarquer de la ligne officielle par rapport à ces questions. Ce qui aurait provoqué des tiraillements ébréchant la solidarité nationale et affectant la stabilité politique du pays autant que l’homogénéité du pouvoir. Les contestataires, forcément minoritaires, auraient été amenés à claquer la porte du gouvernement. Ce qui aurait entraîné un choc négatif dont ce pays fragile ne peut pas prendre le risque. Le président Lahoud souligne de son côté que le changement de cabinet intervient à un moment très sensible sur le plan régional. À l’ombre de pressions comme d’accusations derrière lesquelles se tient Israël. Et qui visent à pousser la Syrie et le Liban à se dessaisir de leurs atouts, à renoncer à leur position de principe concernant le droit de résistance, le rejet de l’implantation au profit du retour des réfugiés palestiniens dans leur patrie. Cette thématique, le chef de l’État l’a développée devant le patriarche Sfeir. Qui avait espéré, pour sa part, qu’un nouveau gouvernement serait d’entente. Mais qui consent à dépasser les considérations locales lorsque la conjoncture régionale se montre aussi critique et se fait prioritaire. Dans ce cadre, le devoir national reste de se tenir aux côtés de la Syrie. La déclaration ministérielle appelle sans ambages « au retrait immédiat des forces occupantes de tout l’Irak. Pour qu’un gouvernement national, issu de la volonté libre des Irakiens, soit mis en place ». Dès lors, les loyalistes se demandent si des ministres chrétiens, venus de l’Est et gardant des liens étroits avec l’Amérique, auraient pu approuver cette prise de position. On peut se demander de même s’ils auraient souscrit au paragraphe affirmant que « le Liban continue à avoir besoin du soutien de la Syrie et de son armée, dont la présence est considérée comme nécessaire, légale et provisoire ». Certains vont jusqu’à soutenir que les parties qui ont formé le cabinet ont finalement rendu aux opposants chrétiens un fier service en ne les cooptant pas. Car ils auraient été contraints d’avaliser la déclaration ministérielle telle quelle. Ce qui leur aurait valu le reproche de trahir les constantes et les aurait rendus impopulaires dans leur camp. Et s’ils ne s’étaient pas inclinés, préférant démissionner, ils auraient provoqué une grave déchirure politique dans le pays, dont la stabilité aurait été mise en péril. Ce que la majorité des Libanais ne veut absolument pas. D’autre part, les opposants auraient participé à un gouvernement qui serait le digne successeur du précédent, auquel ils refusaient leur confiance. Car il est évident qu’ils n’auraient pu imposer leur ligne propre. S’il existe des personnalités prêtes à renoncer à cette voie pour un maroquin, leur entrée au gouvernement n’aurait-elle pas permis au pouvoir de soutenir qu’il avait magnétisé, convaincu l’opposition, plutôt que le contraire ? En d’autres termes, si de tels ministres étaient reniés par leur camp d’origine pour en avoir eux-mêmes renié les principes, comment aurait-on pu parler d’un gouvernement d’entente ? Cependant, des professionnels estiment qu’il aurait été préférable pour le pouvoir de se rallier les opposants modérés en s’entendant avec eux sur le contenu de la déclaration ministérielle. Leur ligne modérée, soutenue par Bkerké, s’en serait trouvée avantagée à l’Est. À leur avis, la légalité a tort de mettre sur la touche des pôles modérés populaires en les traitant comme des radicaux. Et en ne composant qu’avec des loyalistes chrétiens dont l’assiette populaire n’est pas solide, à de rares exceptions près, et qui ne sont pas pleinement représentatifs de leurs collectivités. Pour tout dire, selon ces stratèges, en intégrant des éléments de l’Est, on aurait habilement provoqué des scissions dans ce camp. Émile KHOURY
Était-il possible de former un cabinet de véritable union nationale en y intégrant des représentants de l’Est ? D’ailleurs, les pôles de l’opposition, éventuellement pressentis, auraient-ils pu accepter sans en pâtir politiquement et populairement ? Les loyalistes affirment que la gravité de la situation régionale, les retombées de la guerre en Irak, les menaces US...