« Feyrouz » Hassan : empoisonneuse ou innocente ?

Accusée d’avoir empoisonné ses employeurs, Imad Hachem et sa femme Geneviève, à leur domicile à Akoura, Farizé Abdallah Hassan est-elle coupable ? Les faits, tels qu’exposés dans l’acte d’accusation, semblent accablants. Employée de maison et cuisinière, la jeune « Feyrouz », comme on l’appelait, aurait succombé aux avances d’Antoine Hani Hachem et caressait le rêve de se faire épouser par lui. Toutefois, ce fol espoir s’était heurté à la dure réalité, l’indifférence sentimentale du jeune homme et la ferme opposition de ses parents. Par dépit et en désespoir de cause, elle aurait résolu d’éliminer ces derniers, dans l’espoir d’un revirement de son amant. En date du 19 août 1998, elle aurait donc servi à ses employeurs un plat de courgettes farcies où elle avait introduit un puissant insecticide. Le repas avait été fatal à ses employeurs, qui avaient agonisé dans d’atroces souffrances et dont le décès a été constaté par le Dr Khalil Germanos. Le repas avait même failli emporter un invité, Jean Assaker, arrivé à l’improviste et retenu à déjeuner. Une hospitalisation d’urgence l’avait sauvé de la mort. Devant la cour d’assise, « Feyrouz » Abdallah Hassan, qui avait avoué sa culpabilité lors de l’interrogatoire préliminaire et avait répété ses propos devant le juge d’instruction, s’est complètement rétractée et a affirmé que sa confession lui a été extorquée par les agents des FSI, qui l’ont tourmentée psychologiquement et physiquement, l’obligeant à avouer un crime qu’elle n’a pas commis. À la surprise de la cour, un officier, le major Ayoubi, a confirmé ces accusations et déclaré qu’en effet, la femme avait subi de mauvais traitements après son arrestation. L’avocat de la jeune femme a demandé un non-lieu. Le jugement sera rendu jeudi prochain, 10 avril.