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Léger malaise entre certains pôles et Damas

Accusé d’absentéisme coupable, le pouvoir veut se rattraper en tenant cette semaine trois Conseils des ministres au lieu d’un seul. Arithmétiquement, il règle son ardoise avec exactitude, car cela lui fait trois semaines qu’il ne se réunit pas. Ce qui a partiellement paralysé l’État. D’autant que les nominations ou permutations diplomatiques sont toujours en souffrance. Ainsi, le poste-clé de représentant au Palais de verre de l’Onu est toujours inoccupé, ce qui cause un préjudice certain au pays, en cette phase événementielle cruciale. Sur d’autres plans, les divergences entre les dirigeants conduisent à un gel également paralysant. Un blocage qui se fait, paradoxalement, pour cause d’« harmonie nationale », une entente autour de la question irakienne qu’il ne faut pas gâcher en se disputant sur le cellulaire et autres privatisations. L’on a, parallèlement, reproché au chef du gouvernement une sorte de fuite en avant par ses voyages. Il a, en réalité, choisi cette voie de sortie pour pallier justement les déficiences de la diplomatie locale impotente. Et non sans coordination étroite avec la Syrie, qu’il est allé consulter avant de prendre son bâton de pèlerin et de tourner en Europe. Le président du Conseil a parlé, dehors, de la guerre en Irak, de ses retombées régionales comme sur le Liban, de ses effets potentiels sur la question-clé palestinienne. Il a plaidé pour un axe euro-arabe, plus précisément pour un axe euro-syro-libanais, face au bellicisme US et aux visées israéliennes. Il s’est également préoccupé de conforter les résultats de Paris II. Mais l’opposition soutient que cette dynamique avait surtout pour but de fuir les contradictions intérieures au sein du pouvoir. Les opposants reconnaissent toutefois que Hariri a marqué des points à l’étranger. Ils en profitent du reste pour s’étonner qu’il ne sache pas en faire autant à l’intérieur. Ils relèvent qu’après tout, sa responsabilité n’est pas de jouer au ministre des Affaires étrangères, mais de gérer la politique, et les problèmes, bien locaux. Ses contempteurs ajoutent que le pouvoir en place leur paraît d’autant plus inexcusable qu’il bénéficie de tout le soutien de Damas. Comme le montrent clairement les récents propos tenus par le président Assad, qui a noté qu’il peut aider quelqu’un à marcher, mais qu’il ne peut pas marcher à sa place. Ce qui est un reproche à peine voilé au laxisme des autorités libanaises. Cependant, les observateurs relèvent que le manque de réussite, sur le plan intérieur, de Hariri tient surtout au fait qu’on s’ingénie à lui mettre des bâtons dans les roues. On sait en effet que certains font du battage autour d’un changement du cabinet. Dans le même esprit, le président Berry, qui réclame depuis longtemps le départ des Trente, a mis sur la touche, en les radiant de son mouvement, les deux ministres censés représenter Amal, Mohammed Abdel Hamid Beydoun et Ali Abdallah. Il y a ajouté un député, Mahmoud Abou Hamdane. Le chef du Législatif semble de la sorte faire pression pour un changement accéléré de gouvernement. Il n’est pas loin, selon des sources informées, des vœux de Baabda dont les proches affirment qu’il y aura une nouvelle équipe dès que cela sera terminé en Irak. Toujours est-il que Hariri n’entend pas démissionner de sitôt. Et il se propose, selon des loyalistes, de rencontrer fréquemment les présidents Lahoud et Berry ces jours-ci, pour les amadouer un peu. En profitant des informations selon lesquelles Damas serait fâché que certains agissent comme si les tuteurs cautionnaient un départ accéléré des Trente. En fait, selon ces sources, les responsables syriens considéreraient que les déclarations antigouvernementales de Berry sont plutôt inopportunes. Puisque, pour le moment, on ne peut pas s’amuser à plonger le Liban dans une crise ministérielle. De même, les décideurs ne voient pas pourquoi le pouvoir libanais devrait se croiser les bras sous prétexte de guerre. Leurs conseils ont été bien entendus. Et les responsables donnent maintenant raison au président Lahoud qui n’a pas cessé de soutenir qu’il faut au contraire travailler d’arrache-pied en ces temps de risques. En bonne logique donc, le gouvernement va se remettre à la tâche, cesser de se contenter d’expédier les affaires courantes. De même, les dirigeants devraient, en principe, s’entendre pour s’entendre vraiment. c’est-à-dire pour régler les problèmes en suspens, comme le cellulaire, et non plus pour les geler. Mais dans les faits, la position de Hariri à cet égard reste inchangée. Et les pressions sur Cardahi se poursuivent afin de l’empêcher, notamment, de faire installer les compteurs de contrôle prévus dans le contrat BOT ou d’ordonner des missions d’inspection. Philippe ABI-AKL
Accusé d’absentéisme coupable, le pouvoir veut se rattraper en tenant cette semaine trois Conseils des ministres au lieu d’un seul. Arithmétiquement, il règle son ardoise avec exactitude, car cela lui fait trois semaines qu’il ne se réunit pas. Ce qui a partiellement paralysé l’État. D’autant que les nominations ou permutations diplomatiques sont toujours en...