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On en parle... Le devoir de réserve du gouverneur Riad Salamé(photo)

C’est cette année que le gouverneur, Riad Salamé, fête ses dix ans à la tête de la Banque du Liban. Portrait d’un homme privé qui règne sur un secteur très public. Si j’ai changé au bout de dix ans ? Il faut le demander aux autres ! » Ce qui est clair, toutefois, c’est que, depuis 1993, Monsieur le Gouverneur, quelques années de dur labeur en plus, mais, semble-t-il, toujours aussi calme, sinon plus qu’avant, parle non plus en son nom mais au nom de la Banque du Liban lorsqu’il veut parler de lui et de son action, lorsqu’il dresse un bilan – heureux – de ces dix années de vie commune. « Si on juge des résultats, l’action accomplie par la Banque centrale a été bénéfique au Liban. Mais il n’y a pas de répit. Il a fallu et il faut toujours beaucoup d’efforts pour que le Liban reprenne sa place et gagne la confiance des investisseurs. » Pour le reste, rien ne semble très différent. Le bureau est sans doute plus imposant, mais il reste simple. Si peu d’objets, discrétion oblige, trois roses blanches dans un vase, posé dans un coin, et un parfum de cigare qui noie la pièce dans un chaleureux brouillard. Monsieur le Gouverneur n’aime pas parler de lui. Il le dit en toute amabilité mais fermement. Sans doute le politicien en lui qui parle ou qui choisit de se taire. Alors, il faut, entre les lignes de son discours d’économiste, tenter de saisir puis de dresser le portrait de cet élève de Jamhour qui a toujours savouré la finesse de la culture francophone, pays, littérature, peuple et Paris, où il a passé deux puis huit ans au sein de la société Merrill Lynch. « J’avais toujours envie de revenir au Liban, j’ai d’ailleurs entrepris de faire construire une maison bien avant d’être nommé gouverneur. » Un poste qui lui est proposé alors que le Liban baigne encore dans les relents amers de la guerre, destructions, coupures de courant et cicatrices béantes. Une lourde tâche « C’était un concours de circonstances. On ne peut pas planifier sa vie », répond-il à la question : « Avez-vous pensé un jour occuper ce poste ? » « On peut tracer une ligne de vie. Mais je n’y pensais pas vraiment, je ne me voyais pas dans un secteur public. J’ai été surpris, mais en même temps, comme ça venait dans le cadre de ce que je faisais, ce n’était pas tellement étonnant. » Riad Salamé tire sur son cigare et poursuit : « J’avais, bien sûr, une certaine appréhension ; je réalisais l’ampleur de la tâche. La Banque du Liban subit les ondes de choc de tout ce qui se passe sur le plan interne, politique, économique et sur le plan régional. Les Libanais ont appris à vivre dans une ambiance instable durant ces dix dernières années et ils ont réussi à réduire cette influence sur eux. » Monsieur le Gouverneur a, pour sa part, réussi à jongler entre le rôle de politicien et celui d’économiste, parfait équilibre pour « gouverner » avec succès la Banque centrale. « Vu mon poste, je suis en contact avec toutes les instances politiques du pays. Je suis donc tenu d’avoir une position neutre par rapport aux différentes tendances. La Banque du Liban est une banque qui a une mission nationale, et aujourd’hui, après dix ans, cette image a fini par être ancrée dans les esprits. » Et de nuancer : « Un technicien pur verrait, souvent, son travail arrêté, faute d’avoir eu l’approche nécessaire avec les différentes autorités. Être seulement politicien, la banque y perdrait. » Et son avenir, comment le voit-il, Monsieur le Gouverneur ? « On est tellement sous l’emprise de la tâche, le temps passe tellement rapidement, que l’on ne fait pas de plans d’avenir. » Ce qu’il ferait, sûrement ? «Continuer à évoluer dans les finances, car c’est le cadre dans lequel j’ai toujours opéré. Mais surtout, prendre des vacances ! » Ce qui a changé pour lui en dix ans ? « Je sors beaucoup moins ! Nous avons un devoir de réserve. » On l’aura compris. Carla HENOUD
C’est cette année que le gouverneur, Riad Salamé, fête ses dix ans à la tête de la Banque du Liban. Portrait d’un homme privé qui règne sur un secteur très public. Si j’ai changé au bout de dix ans ? Il faut le demander aux autres ! » Ce qui est clair, toutefois, c’est que, depuis 1993, Monsieur le Gouverneur, quelques années de dur labeur en plus, mais, semble-t-il, toujours...