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INTEMPÉRIES - Vents forts, orages et neige à basses altitudes Les conditions météorologiques se dégradent à partir d’aujourd’hui(photos)

Au cours des dernières semaines, le Liban a plus souffert de pluies diluviennes ininterrompues que de véritables tempêtes avec bourrasques de vent, orages, forte chute des températures et neige à basses altitudes. Des dégâts ont été occasionnés par les trombes d’eau, mais le pire est encore à venir, s’il faut en croire les prévisions de la météo pour aujourd’hui, ainsi que pour les deux prochains jours : un froid rigoureux, du vent qui va atteindre par moments les 90 km/h, de la neige à moins de 700 mètres, des orages et encore et surtout de la pluie. De la pluie, alors que plusieurs régions du pays, notamment dans la Békaa et le Akkar, continuent d’être noyées par les eaux des crues. « Aujourd’hui sera la journée de la pluie par excellence », a déclaré hier soir à L’Orient-Le Jour un des responsables du service météo de l’AIB, qui nous a communiqué le bulletin des prévisions d’aujourd’hui. Selon lui, le vent atteindra aussi par moments 80 à 90 km/h. Dans la nuit, puis dans la journée de demain, des chutes de neige sont prévues à partir de 650 mètres. Selon le service météo de l’AIB, la tempête commencera à régresser à partir de mercredi soir. Un autre observatoire météorologique annonce cependant deux tempêtes polaires successives, qui frapperont le Liban, demain puis mercredi. Il s’agit de l’office des recherches agricoles, un département étatique, situé à Tal Amara, près de Rayack, dans la Békaa. Dans un communiqué publié par la Voix du Liban et dont une copie a été faxée à L’Orient-Le Jour, l’office précise que « deux masses d’air de froid polaire qui accompagnent une zone de basse pression venant de Turquie se heurteront au-dessus du Liban à une autre zone de basse pression venant de la Méditerranée et accompagnée d’une masse d’air froid et humide ». Si ses prévisions pour aujourd’hui rejoignent celles du service météo de l’AIB, l’office des recherches agricoles prévoit en revanche pour demain et pour mercredi des chutes de neige à basses altitudes, « pouvant atteindre le littoral dans certaines régions », ainsi qu’une chute sensible des températures. La tempête doit régresser, selon le communiqué, à partir de jeudi « et cédera la place à un vent du Nord qui entraînera la formation de givre et de verglas ». L’office des recherches agricoles a appelé les services concernés à se préparer aux deux nouvelles tempêtes et a invité les personnes qui auront à emprunter les routes de la montagne à suivre les instructions des FSI. Encore des dégâts Entre-temps, le bilan des dégâts provoqués par les pluies diluviennes continue de s’alourdir, pendant que les responsables tentent de calmer la colère de ceux dont les biens ont été emportés soit par les eaux, soit par les éboulements, en leur promettant une indemnisation et en s’engageant à améliorer l’infrastructure routière et hydraulique ; des promesses qui s’évanouiront probablement avec les premiers rayons de soleil printanier. Dans le village de Mechmech, au Akkar, une femme, Roueyda Darwiche, a failli trouver la mort lorsqu’un mur de soutènement jouxtant sa demeure s’est effondré sur elle. Sérieusement blessée, elle a dû être évacuée par les secouristes de la Défense civile vers l’hôpital al-Youssef, de Halba. Du nord au sud du pays, en passant par la Békaa, aucune région libanaise n’a échappé au déchaînement des éléments. Toujours dans le Akkar, près de 150 habitations ont été isolées dans le « jurd », à cause de la neige et des glissements de terrain qui ont coupé les routes. La Défense civile a réussi à dégager samedi les passagers de deux voitures et d’une camionnette bloquées par la neige sur les routes de Fnaydek, Mamnah-Tacheh et Bezbina. Dans la nuit de vendredi à samedi, ses secouristes ont volé au secours d’une famille encerclée par la neige dans le village de Mamnah, sans électricité et sans eau potable depuis trois jours. Ils ont aussi secouru les membres d’une famille dont la voiture a été bloquée par la neige sur la route du Vieux Akkar, à Dora. La situation n’était pas meilleure dans la plaine inondée à cause des pluies incessantes et d’une nouvelle crue du Nahr el-Kabir. À Denniyé, les eaux de ruissellement ont inondé une trentaine d’habitations, notamment dans le village de Hakl el-Azimé, et en ont ébranlé plusieurs autres, qui ont dû être évacuées, notamment dans les localités de Bkarsouna et Kattine. Dans cette bourgade, un immeuble de quatre étages est menacé d’effondrement. Un autre bâtiment, situé dans le village de Kattine, risque de connaître le même sort. Dans le village de Aïn el-Tiné, des lézardes sont apparues dans un mur de soutènement qui surplombe deux demeures vite abandonnées par leurs habitants. De nombreux glissements de terrain ont été signalés dans plusieurs secteurs de Denniyé, amenant un des députés de la région, Ahmed Fatfat, à réclamer une étude géologique de la région. Des éboulements à Bsalim et à Fanar D’autres glissements de terrain se sont produits dans la banlieue de Beyrouth, notamment à Fanar et à Bsalim, où les habitants d’un immeuble ont dû être évacués, alors que la plaine de la Békaa ressemble de plus en plus à une immense cité lacustre. La chute de la température en week-end, dans cette région, a favorisé la formation de verglas, rendant la circulation particulièrement dangereuse sur les routes non inondées. À cause du givre, des conduites d’eau ont éclaté dans le secteur de Zahlé. Des hélicoptères de l’armée survolent en permanence la Békaa, prêts à intervenir pour secourir les personnes en détresse. De nombreuses familles cernées par les eaux, notamment dans les villages de Marj, Bar Élias, Mansoura, Hoch al-Harimé (où plusieurs moutons ont péri de froid), Ghaza et Khiyara, ont été évacuées par l’armée et les secouristes de la Défense civile, qui ont en outre essayé autant que possible de pomper l’eau qui s’est infiltrée dans les habitations accessibles. Dans le même temps, les réunions officielles se sont multipliées dans la zone sinistrée. Les ministres des Travaux publics, Néjib Mikati, et de la Défense, Khalil Hraoui, tous deux membres de la cellule de crise formée par le gouvernement, ont tenu samedi une réunion élargie au bureau du mohafez de la Békaa, Antoine Sleiman, en présence notamment de MM. Élie Skaff et Fayçal Daoud, députés de la Békaa. Le lendemain, la commission parlementaire des Travaux publics a effectué une tournée dans la région, à la demande du président de la Chambre, Nabih Berry. Devant les deux délégations, les habitants de la région, représentés par les présidents des conseils municipaux, ont laissé éclater leur colère, reprochant vivement au ministère de l’Énergie et de l’Eau de n’avoir pas fait nettoyer les cours d’eau et les caniveaux, et accusant l’État de négligence. « Nous vivons un état d’urgence et nous ne devons pas nous amuser à échanger des accusations alors que l’eau s’inflitre dans nos maisons », a rétorqué M. Mikati. Le conseil municipal de Bar Élias devait pour sa part s’en prendre aux parlementaires. « Nous ne voulons plus entendre de paroles inutiles », a lancé son président à l’adresse de M. Mohammed Kabbani, président de la commission. Selon ce dernier, les pluies torrentielles ne peuvent pas être considérées comme une catastrophe naturelle. « Ce sont leurs résultats qui sont catastrophiques », a ajouté M. Kabbani, estimant que bon nombre de dégâts auraient pu être évités si l’État « se souciait des travaux d’entretien et de la sécurité publique ». « Nous construisons des routes, des écoles, des barrages et des canalisations et nous ne les entretenons pas », a-t-il déclaré. La commission qu’il préside doit établir aujourd’hui son rapport. La proximité des carrières, cause d’inondations locales, affirme Moussa Le ministre de l’Environnement, Michel Moussa, a condamné la prolifération anarchique des puits artésiens sur l’ensemble du territoire libanais, appelant à un usage « raisonnable » des ressources hydrauliques sur le double plan domestique et agricole. Dans un discours prononcé à l’inauguration d’un séminaire sur la gestion des ressources hydrauliques organisé à Sarafand (Liban-Sud), M. Moussa a également insisté sur les dommages infligés à l’environnement par les carrières et les concasseurs. « Nous nous trouvons en possession d’études qui révèlent que 12 % des carrières sont la cause d’un surplus de ruissellement dans les cours d’eau, 44 % occasionnent des inondations locales et 64 % entraînent la déviation des cours d’eau », a indiqué M. Moussa. D’autant plus, a-t-il ajouté, que « 34 % des carrières et des concasseurs sont situés à proximité de réserves hydrauliques souterraines dont 60 % sont indirectement pollués du fait de cette proximité et que les dynamitages servant à l’extraction des roches affectent souvent le cours des rivières souterraines ».
Au cours des dernières semaines, le Liban a plus souffert de pluies diluviennes ininterrompues que de véritables tempêtes avec bourrasques de vent, orages, forte chute des températures et neige à basses altitudes. Des dégâts ont été occasionnés par les trombes d’eau, mais le pire est encore à venir, s’il faut en croire les prévisions de la météo pour aujourd’hui,...