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Irak - Les USA changeraient de tactique et non de stratégie La guerre reste apparemment inéluctable, estime-t-on à Beyrouth

Les États-Unis ont subi un net revers diplomatique au Conseil de sécurité le 14 février. Deux jours plus tard, la planète entière a manifesté contre leur projet de guerre. Une solution pacifique en est-elle plus proche pour autant ? À Beyrouth, on estime généralement que le bellicisme ne va pas en démordre. La pression subie par ses tenants peut certes les amener à des atermoiements, pour amortir la vague de mécontentement, voire de colère en ce qui concerne les masses arabes. Mais, en définitive, ils vont y aller, comme on dit dans le jargon militaire. Quitte à changer de tactique et non de stratégie. On ajoute que Bush et Blair sont allés trop loin pour reculer. Ils ont pratiquement annoncé la couleur, c’est-à-dire la chute de Saddam Hussein. S’ils devaient faire machine arrière, ils risqueraient une déroute politique dont ni leur carrière ni leurs partis respectifs ne se remettraient. En outre, le régime irakien paraîtrait avoir triomphé de ce tandem ultrapuissant que sont les USA et le Royaume-Uni, idée inadmissible pour les Anglo-Saxons. Ils vont donc, sans doute, modifier les moyens d’approche, en gardant le même objectif final. Au Conseil de sécurité, la ligne de Bush et de Blair s’est trouvée acculée dans un coin, comme un boxeur mal en point. C’est là, relève l’ancien ministre Michel Eddé, un palier supplémentaire dans le défi, qui doit les inciter encore plus à l’aventure armée. Sous prétexte de l’arsenal de destruction massive que posséderait l’Irak. Mais aussi, et surtout, de son implication dans une vaste opération terroriste contre les USA, la Grande-Bretagne ou même les inspecteurs. Cet argument, qui placerait l’opération sous le thème rassembleur de la guerre contre le terrorisme, pourrait permettre aux USA de rallier à leur étendard un plus grand nombre d’États. En rétablissant en quelque sorte le front élargi, coagulé par les attentats du 11 septembre. En tout cas, quelle que soit la raison invoquée pour lancer la guerre, le but véritable reste de balayer le régime irakien, pour remodeler ensuite la région conformément aux intérêts des USA. D’où un constat logique : que les inspecteurs trouvent ou non de l’armement prohibé, la guerre aurait lieu. Éventuellement, les États-Unis avanceraient que le régime de Bagdad a su cacher son arsenal interdit et tromper l’Onu. Ils ont d’ailleurs relevé que sans les pressions internationales qu’il a subies, Saddam Hussein aurait continué à soutenir qu’il n’avait rien, et n’aurait pas révélé le peu qu’il a concédé. Ils ajoutent qu’il faut l’évincer parce qu’il coopère avec el-Qaëda et héberge des terroristes. La réapparition vocale de Ben Laden, ces derniers temps, est de nature à conforter ces accusations américaines. Qui visent, répétons-le, à rendre la guerre mieux justifiable en la plaçant sous la bannière de la lutte contre le terrorisme, plutôt qu’au titre du désarmement. Le camp pacifiste mené par la France, l’Allemagne, la Russie et la Chine pourrait-il faire prévaloir une solution qui, nécessairement, sauverait la face de Bush et de Blair ? Des diplomates répondent en indiquant l’importance, à cet égard, des inspecteurs. S’ils disent que l’Irak ne coopère pas comme ils le souhaitent, le Conseil de sécurité pourrait adopter une résolution autorisant explicitement le recours à la force armée. Et même s’il se contentait de condamner la violation flagrante de la 1441 par l’Irak, la guerre aurait alors une couverture légale, sinon populaire, plus accentuée. Par contre, si les inspecteurs ne trouvent rien à redire à l’attitude irakienne, et ne trouvent rien, tout court, la 1441 aura été respectée. Il deviendra difficile alors, pour ne pas dire impossible, de légitimer une guerre dont le vrai but serait de se débarrasser du président irakien. Ce qui n’est pas prévu dans la résolution citée. En tout cas, certains analystes pensent que le camp pacifiste pourrait tenter de persuader le régime de Bagdad de se démettre volontairement, de se réfugier où bon lui semblerait, pour éviter à son peuple les malheurs de la guerre. Et pour prémunir la région contre le remodelage américain annoncé, qui servirait les intérêts d’Israël. A priori cependant, nulle capitale ne s’engage dans cette voie et le régime concerné ne semble pas disposé à lâcher prise. Les USA et leurs alliés directs continuent dès lors à préparer une guerre dont la portée économique, pétrolière surtout, n’échappe à personne. Émile KHOURY
Les États-Unis ont subi un net revers diplomatique au Conseil de sécurité le 14 février. Deux jours plus tard, la planète entière a manifesté contre leur projet de guerre. Une solution pacifique en est-elle plus proche pour autant ? À Beyrouth, on estime généralement que le bellicisme ne va pas en démordre. La pression subie par ses tenants peut certes les amener à des...