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Outre-mer... L’acte de contrition de Maroun Salloum (photo)

Maroun Salloum n’a rien à se faire pardonner, si ce n’est cette assurance qui pourrait ressembler à de l’arrogance – mais qui lui va finalement assez bien – et une réussite affichée dans toute la presse internationale spécialisée qui l’a qualifié d’« antiquaire éclectique, atypique, cosmopolite et non conformiste ». Allez savoir pourquoi, nos questions et ses réponses ont fini par ressembler, à ses yeux, à un acte de contrition ! l avoue d’un ton léger, voire un peu snob, être lassé de raconter la même histoire et on le comprend ; elle est partout, publiée depuis des années dans des revues telles Architectural Digest, Beaux-Arts, Maison et Jardin, Madame Figaro et même le quotidien Libération. Maroun Salloum ne pourra cependant pas éviter de revenir sur ses pas, un moment, et de répondre à la fameuse question : « Comment en êtes-vous arrivé là ? » Mais comme le monsieur pressé parle vite, impatient surtout de déclamer sa passion pour l’objet et de repartir vers d’autres cieux, New York, Saint-Tropez, Marrakech ou enfin Paris, sa résidence officielle depuis vingt ans, le calvaire pour lui, le plaisir pour nous seront courts. Les phrases, elles aussi, pressées de parler d’autre chose, comme des chapitres qui se bousculent et que M. Salloum ouvre et referme très vite, finissent par ressembler à des déclarations qui dressent clairement son portrait. « C’est amusant la vie ! » La sienne commence à l’amuser dès l’école, l’enfant collectionne déjà des objets cassés achetés à Basta. Il s’amuse moins à Paris lorsqu’il part rejoindre l’ENSAD et les Beaux-Arts pour faire des études d’architecture. « Les études ont surtout été pour moi un bagage culturel. » L’histoire, la fameuse, la voilà donc. « J’ai voulu un jour acheter un superbe pied en marbre, chaussé d’un spartiate en bronze. Je décide donc de vendre les quelques fragments de poteries et bronzes islamiques ramenés avec moi de Beyrouth. À mon grand étonnement, mes objets valaient bien plus chers que je ne pensais ! » L’antiquaire en herbe pas encore architecte peut déjà affirmer ce qu’il ne cessera de confirmer : « La seule chose sûre pour moi, c’est mon œil. Je suis ma seule assurance. » Il vendra mais n’achètera pas l’objet de sa convoitise, poursuivra jusqu’à obtention de son diplôme avec, dans la tête, une idée, « je voulais faire du design industriel pour financer des prototypes » et dans le cœur une passion entamée, « j’étais tout à fait plongé dans l’excitation de la trouvaille. » La suite, la presse en a également parlé. Une première galerie au 6 rue de Lille, dans le VIIe arrondissement, où sont exposés les objets trouvés et aimés, de l’Antiquité aux années 30. « Cette première époque était bénie, je n’achetais que quand j’en avais envie, ne vendais que quand j’en avais besoin. » Le besoin des autres se faisant plus pressant, Maroun est pris dans le tourbillon des expositions, collections, biennales et autres ventes aux enchères qu’il organise ou auxquelles il participe. « Mon chemin de croix sans croix a été complet dans les sentiments, avoue-t-il. J’ai eu mes hésitations, mes peurs. » « Mais, se reprend-il, j’ai toujours eu la solution. » Avide de plus, il ouvre une deuxième galerie Quai Voltaire, « l’espace m’a fasciné, une grande orangerie construite dans ce qui restait de la nef centrale d’une église. » Et d’ajouter, presque nonchalamment : « Ingres y a peint les cinq dernières années de sa vie. » Ce parcours riche et enrichissant, « un périple suivi comme la mentalité de la route de la soie où j’ai fait mon histoire de l’art », va le mener à Venise. Fasciné par ce nouvel « âge de fer », Maroun organise avec le Musée du fer forgé de la ville une exposition qui se tiendra, quatre mois plus tard et deux mois durant, Quai Voltaire et qui sera accompagnée d’un livre. « Je refais la même chose avec l’art nouveau russe. Là aussi, ce n’est pas évident, les musées refusent en général de prêter leurs collections à des privés. » Alors, lorsqu’on dit de lui qu’il est un antiquaire « éclectique », il pourrait répondre : « J’ai toujours cultivé le tout et le rien. Je n’ai besoin de rien et tout m’intéresse »; « atypique », « je n’achète que ce que j’aime, et ce que j’aime est très compliqué ! »; « cosmopolite»,« je suis un déraciné. Paris est aussi importante pour moi que Beyrouth, que Saint-Tropez où j’ai ma maison sur l’eau, que Marrakech où je construits une maison qui ressemble à une ferme, avec des animaux et des arbres. » Son non-conformisme résiderait enfin dans sa personne même, dans ses choix et même ses excès. « Je suis un homme libre qui n’aime pas les compromis. Les objets sont devenus dans ma réflexion; je n’aime plus les posséder mais les regarder. » La confession est presque terminée. « Je ne suis bon que quand je suis séduit. Voilà, j’ai fait mon acte de contrition », lance-t-il avant de faire sa sortie et nous laisser, à notre tour, séduits. Carla HENOUD
Maroun Salloum n’a rien à se faire pardonner, si ce n’est cette assurance qui pourrait ressembler à de l’arrogance – mais qui lui va finalement assez bien – et une réussite affichée dans toute la presse internationale spécialisée qui l’a qualifié d’« antiquaire éclectique, atypique, cosmopolite et non conformiste ». Allez savoir pourquoi, nos questions et ses réponses ont...