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Actualités

À bout de souffle

Un suspense chasse l’autre. À peine les trois pieds nickelés syriens ont-ils fini, la semaine dernière, le lavement en profondeur des viscères étatiques, que le bon vieux dossier du téléphone cellulaire se remet à dégorger son tas d’immondices. Au milieu de l’arène, deux athlètes à la plastique appétissante : le Surchargé pondéral de Koraytem et le Handicapé capillaire des télécoms. Le premier défend les intérêts de son gendre, le second s’abreuve des conseils de son cousin. Les larbins de l’un et de l’autre sifflent la partie, les chiffres pleuvent, jetés en pâture à une presse qui fait ses choux gras de cette bataille du portable, que des ahuris parlementaires continuent encore de qualifier de « pétrole du Liban ». Feignant sans doute d’oublier qu’une gestion du pétrole confiée à des Libanais aurait vite fait de le transformer en clafoutis de purin. Pour l’heure en tout cas, c’est Bouboule qui casse les prix. À l’entendre, les deux réseaux ne valent pas un fifrelin et, s’il ne tenait qu’à lui, il les braderait pour une livre symbolique aux Dalloul brothers. Même son portable perso, tiens, commence à faire des siennes depuis le lancement des appels d’offres. À chaque fois qu’il essaye d’appeler le roi Fahd pour un rendez-vous, c’est le répondeur du prince al-Walid qui lui lâche une bordée d’injures. Quant au déplumé des télécoms, il n’en mène pas plus large. Adoubé, puis lâché comme une chiffe molle, puis repris avec les excuses de la maison, il est là, assis entre deux chaises, à épier les états d’âme de ses deux patrons. S’ils se bécotent, il fait le gros dos et s’écrase. S’ils s’en mettent plein la gueule, il dégaine son cahier des charges et se met à marchander les diphtongues et les alinéas. Tout ça, finalement, pour te dire que les investisseurs étrangers ne se bousculeront pas au portillon pour racheter un cellulaire déjà gangrené par les magouilleurs. Pas plus que les autres poubelles de l’Eau et de l’Électricité d’ailleurs, s’il faudra à chaque fois étrangler le pays entre les casse-gueule et les embrassades. Il est pourtant vrai qu’au Liban, la vie ne se mesure pas par le rythme des respirations, mais par le nombre de moments qui nous ont coupé le souffle. Gaby NASR
Un suspense chasse l’autre. À peine les trois pieds nickelés syriens ont-ils fini, la semaine dernière, le lavement en profondeur des viscères étatiques, que le bon vieux dossier du téléphone cellulaire se remet à dégorger son tas d’immondices. Au milieu de l’arène, deux athlètes à la plastique appétissante : le Surchargé pondéral de Koraytem et le Handicapé...