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CORRESPONDANCE En hommage à Marcel Proust Le Balbec – Baalbeck ? –, nouveau cocktail du Ritz

PARIS – De Mirèse AKAR Créé en 1898 par César Ritz, acquis en 1979 par les frères al-Fayed, le Ritz, légendaire palace de la place Vendôme autrefois fréquenté par les têtes couronnées ainsi que par les plus grands écrivains, de Hemingway et Francis Scott Fitzgerald à Cocteau en passant par Proust, Oscar Wilde, Graham Green, Trumann Capote et Colette, avait à nouveau joué un rôle dans la vie intellectuelle parisienne voici quelques années. Pierre Salinger, ancien porte-parole du président Kennedy, était en effet parvenu à convaincre le sultan de Brunei de doter – très richement, cela va sans dire – un prix littéraire international, le Paris Ritz Hemingway Award, et aussi Mohamad al-Fayed d’ouvrir ses salons aux invités lors de la proclamation de celui-ci. Somptueuses furent les réceptions trois ou quatre années de suite, et l’on y rencontra aussi bien Jack, le fils de Hemingway, que sa petite-fille Mariel. Avant que ce prix ne disparaisse, au grand dam des lauréats potentiels. Un poste d’observation Mais le Ritz a trouvé le moyen de renouer avec son passé littéraire : en célébrant de façon originale, au cours d’une soirée raffinée, le 80e anniversaire de la disparition de Marcel Proust. C’est peu de dire que l’auteur d’ À la recherche du temps perdu y avait ses habitudes : lui qui a écrit des pages si éclairantes sur les maniaques, il y avait, peut-on dire, ses manies, en ayant fait une sorte de résidence secondaire, ou plutôt un incomparable poste d’observation. « Le Ritz est un palais tranquille : de grandes dames y boivent un thé précieux avec une distinction de fantômes », lit-on sous sa plume. Ce n’est toutefois pas à l’heure du thé qu’il se rendait « chez Ritz », pour reprendre son expression, mais un peu après onze heures du soir. Choyé par le premier maître d’hôtel, Olivier Dabescat, transfuge du Savoy de Londres, qu’il fit revivre sous les traits d’Aimé, officiant au Grand Hôtel de Balbec, il se faisait servir, dans un salon du premier étage – avec boudoir attenant pour ses fumigations antiasthmatiques – des soupers fins conclus par un « obélisque de framboises » ou une « colonne Vendôme de glace », et une vingtaine de tasses de café. Un nom inventé Un menu proustien fut servi au public choisi de cette soirée commémorative – rien que des proustolâtres – dans un salon tapissé de rose, couleur majeure du palace, censée mettre en valeur le teint des femmes et à laquelle ne manqua pas de faire un sort la psychanalyste Julia Kristeva quand elle évoqua, au cours d’une brillante causerie, la « transsubstantiation » du Ritz dans la « Recherche ». Au cours de cette même soirée fut lancé le Balbec, un nouveau cocktail où se mêlent jus de pomme, eau de fleur d’oranger, cognac et champagne. Ce nom inventé par Proust pour désigner une localité normande sonne évidemment à l’oreille comme celui de Baalbeck, et c’est bien la réflexion que firent, en le dégustant, l’académicien François Cheng et l’écrivain Ghislain de Diessbach, qui ont tous deux séjourné au Liban. Quant au Libanais Henri Chebair, maître d’hôtel au bar Vendôme, sur la carte duquel figurera désormais le cocktail, il ne peut que se réjouir du choix de son nom. Le Ritz est un lieu trop chic et feutré pour qu’un serveur puisse y relayer la commande d’un client en criant à la cantonade : « Et un Balbec, un ! » mais, à chaque fois qu’il entend ce mot, Henri Chebair le traduit intérieurement par Baalbeck.
PARIS – De Mirèse AKAR Créé en 1898 par César Ritz, acquis en 1979 par les frères al-Fayed, le Ritz, légendaire palace de la place Vendôme autrefois fréquenté par les têtes couronnées ainsi que par les plus grands écrivains, de Hemingway et Francis Scott Fitzgerald à Cocteau en passant par Proust, Oscar Wilde, Graham Green, Trumann Capote et Colette, avait à nouveau joué un rôle...