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Actualités

Une nouvelle lutte d’influence se profile à l’horizon

Un clou chasse l’autre et un N remplace un M, devant TV. Comme les vieux démons, le dossier de l’audiovisuel se réveille l’hiver venu, au lieu de jouer les marmottes. Hariri, dans sa prestation (télévisée !) de jeudi, s’est engagé à traiter ce problème une fois pour toutes, dès qu’il en aura terminé avec l’exercice (périlleux et comptable) du budget, place de l’Étoile. Si cette (redoutable) promesse devait être tenue, le pouvoir en serait à sa trente-sixième tentative de régler « une fois pour toutes » cet épineux problème. Ce casse-tête générateur de crises découlant des sempiternels rapports de force qui opposent les grands. Car, comme on sait, les médias audiovisuels sont, en ces temps modernes, un instrument incontournable d’influence politique, culturelle ou affairiste. Tout est bon pour les contrôler ou pour les neutraliser. C’est ainsi que l’on a pu voir la MTV se faire boucler, pour ainsi dire au titre du référé, du flagrant délit immédiat (!) deux mois après une présumée violation de l’article 68 du code électoral. La justice, on le sait également, a rendu en rafale une série de verdicts contradictoires, portant sur la forme sans aborder le fond. Résultat des courses : cette chaîne reste fermée et ses centaines d’employés jetés pratiquement à la rue. Adoptant la méthode homéopathique pour traiter le mal par le mal, le député-juriste Boutros Harb a relancé le parquet pour lui rappeler que des poursuites n’avaient pas été engagées contre Télé-Liban ou la Future, malgré leurs retentissantes violations de ce même article 68 lors des dernières élections générales. Le parlementaire demande à savoir pourquoi la MTV a eu seule le privilège d’être poursuivie et sanctionnée. Pourquoi ces deux poids, deux mesures ? On se doute que cette démarche de Harb, nécessaire pour le principe, constitue en pratique un coup d’épée dans l’eau. Mais il faut qu’il reste inscrit quelque part que, comme Hariri l’avoue d’ailleurs volontiers, la loi est mal appliquée. Et encore plus mal inappliquée. En d’autres termes, il est raisonnable d’espérer que tout le monde soit logé à la même enseigne. Si l’on ferme les yeux pour les uns, il va de soi que l’on devrait en faire autant pour les autres. C’est logique, sauf en termes de prétendue raison d’État. Au nom de laquelle on foule aux pieds, comme Hariri le reconnaît également et comme Nasri Lahoud le dénonce, l’indépendance de la justice. Ce thème est d’ailleurs au centre des protestations de l’opposition. Qui souligne que l’affaire de la MTV est de toute évidence politique. Ce dont le ministre de l’Information lui-même convient. En effet, Ghazi Aridi est intervenu plusieurs fois en Conseil des ministres pour fustiger le traitement décalé, abusif, de l’affaire de la MTV. Et cela lui a valu de solides inimitiés dans certains cercles loyalistes. Hariri, pour sa part, était resté neutre, contrairement à l’attitude qu’il avait adoptée, à la suite du 7 août 2001, quand il avait condamné les agissements des services. C’est qu’entre-temps, il s’était rabiboché avec le régime. En théorie cependant, comme il en a notifié une délégation du comité fondateur de l’information audiovisuelle, il estime que la loi doit être respectée. En précisant, avec franchise, que de son côté, il évite de s’approcher de sujets trop brûlants. Entendre sans doute les sujets qui peuvent fâcher les autres dirigeants. Cette neutralité bienveillante devrait lui permettre d’espérer aujourd’hui un renvoi d’ascenseur, dans l’affaire de la NTV. Car cette fois, c’est lui (et le royaume wahhabite) que le sujet, un documentaire sur l’Arabie, fâche. La diffusion a donc été interdite et, de plus, les émissions satellitaires de la chaîne coupées. Tout cela sans en référer à l’instance détentrice du pouvoir exécutif, c’est-à-dire au Conseil des ministres. En effet, Hariri a pris contact, par écrit, avec Cardahi pour que ce dernier ordonne l’arrêt des émissions satellitaires à partir de Jouret el-Ballout. Ce qui a été fait, non sans que le ministre attire l’attention de Hariri, également par écrit, sur les procédures légales qui restent à compléter. Hariri a promis, mais après coup, d’en toucher un mot au Conseil des ministres. C’est-à-dire qu’il a décidé et fait exécuter sans couverture du pouvoir principal. Ce contournement est relevé, avec reproche, par nombre de politiciens qui trouvent pourtant eux-mêmes que la NTV a failli porter atteinte aux intérêts diplomatiques (et économiques) du pays en s’en prenant à Ryad. Les professionnels se demandant toutefois, à propos du comportement unilatéral de Hariri, quand est-ce que les dirigeants libanais vont se décider à ménager la Constitution et à respecter les formes. Des ministres comptent objecter, en Conseil. Et plusieurs politiciens ont relancé Nabih Berry. Qui s’est engagé, à son tour, à faire traiter le dossier de l’audiovisuel. En base de trois projets de loi qui dorment dans les tiroirs de la Chambre depuis un an et demi. Car le gouvernement ne voulait pas en discuter, à cause des tiraillements que cela aurait provoqué sur divers fronts intérieurs. Il convient de signaler enfin, détail significatif d’abandon, que le Conseil national de l’information continue à fonctionner alors que son mandat est terminé depuis belle lurette : les dirigeants n’arrivent pas à s’entendre sur la composition de ce conseil. Dont Berry réclame d’ailleurs la transformation en instance exécutive plutôt que simplement consultative. Faute de quoi il vaudrait mieux, à son avis, s’en passer carrément. Hariri, pour sa part, est pour le statu quo car il pense, de son côté, qu’une activation du CNI équivaudrait à une éviction du ministère de l’Information. Philippe ABI-AKL
Un clou chasse l’autre et un N remplace un M, devant TV. Comme les vieux démons, le dossier de l’audiovisuel se réveille l’hiver venu, au lieu de jouer les marmottes. Hariri, dans sa prestation (télévisée !) de jeudi, s’est engagé à traiter ce problème une fois pour toutes, dès qu’il en aura terminé avec l’exercice (périlleux et comptable) du budget, place de...