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Actualités - ANALYSE

Hariri s'affirme de plus en plus comme un choix incontournable

Encore une fois, M. Rafic Hariri fait figure de sauveur. N’en déplaise à ses contempteurs, qui s’égosillent à lui imputer la dégringolade économique. Pour affirmer du reste ensuite, qu’il lui faut revenir, par devoir de réparation. Mais pourquoi au juste cet homme est-il à ce point considéré comme incontournable ? Est-ce à cause de son écrasante victoire électorale à Beyrouth ? Est-ce en raison de ses alliances bien calculées ? Est-ce dû au recul des autres leaderships sunnites ? Il y a sans doute de tout cela. «Cependant, observe une personnalité politique écoutée, l’essentiel tient dans la récession. Déjà en 92, après “la révolution des pneus” qui avait renversé le Cabinet Karamé, c’est le spectre de la famine qui avait suscité le recours au milliardaire. Le dollar avait largement crevé le plafond des 2 500 LL. La seule irruption de M. Hariri, après l’intermède électoral Solh, avait ragaillardi puis stabilisé la monnaie nationale. Il est vrai que par la suite les espérances de redressement ont été déçues. M. Hariri a d’ailleurs fait son autocritique à ce sujet, pour reconnaître les fautes commises ainsi que l’erreur de cap de ses stratégies gestionnaires. Encore que, tout bien considéré, et comme le gouvernement Hoss a pu s’en assurer à travers sa propre expérience, certaines défaillances, certains choix étaient en tout cas inévitables, imposés par la conjoncture ou par des considérations extranationales. De plus, M. Hariri se sentait plutôt mal épaulé. Il y avait les tiraillements de la troïka. Et il y avait le problème chronique du dosage ministériel. Ainsi sur l’un des Cabinets qu’il a dirigés, il portait en privé ce jugement : un tiers de cracks, un tiers de tocards et un tiers de pourris». Mais si l’on a pu en 98 se passer de M. Hariri, sans que la Livre en souffre, pourquoi ne continuerait-on pas à le faire ? «Il faut se rappeler, répond la personnalité citée, que l’effet de son départ était gommé par l’avènement d’un président de la République courageux et probe, fort du soutien quasi unanime de l’opinion locale. Image encore embellie par le retour au Sérail d’un autre parangon de vertu civique et d’honnêteté. Qui bénéficiait, outre son expérience aux affaires, d’une compétence économique certaine. Le tandem reprenait largement à son compte le crédit confiance que l’usure du pouvoir avait fait perdre à M. Hariri. Au tout début, l’on a eu de plus l’impression que le premier Cabinet de l’ère nouvelle avait été bien choisi. En effet, à un moment où les Libanais se disaient dégoûtés de la politique politicienne, on confiait apparemment le pouvoir à une équipe de technocrates désintéressés. Mais on n’a pas tardé à s’apercevoir que le choix n’était pas du tout le bon. D’abord parce que le pouvoir a commis d’entrée de jeu, par une inexpérience qui a contaminé le chef du gouvernement lui-même, une bourde de taille monumentale, en se lançant dans une réforme administrative qui a capoté tout de suite. Ensuite parce qu’il a dû renoncer, faute de moyens et de crédibilité dans les milieux capitalistes locaux ou étrangers, à engager une politique économique axée sur le social. Enfin, parce qu’on n’a pas tardé à s’apercevoir que ce gouvernement à son tour, par le biais de certains de ses piliers, se mettait à faire de la politique politicienne, et même pas adroite. Le taux de croissance n’a fait que reculer, le chômage s’est répandu comme une épidémie, les jeunes et les cerveaux ont émigré, la dette publique s’est démultipliée, l’économie s’est enrayée, les entreprises ont fait faillite en cascade, l’Administration est devenue plus pourrie, plus inefficace que jamais. En un an et demi, le pays s’est retrouvé au bord de l’asphyxie sur tous les plans. Il n’y a d’ailleurs pas de meilleur constat d’échec du pouvoir que les résultats des dernières élections législatives. Dans la mesure où la faillite peut être imputée, aux yeux des Libanais, au manque de savoir-faire et de détermination du Cabinet sortant, comment voulez-vous qu’on ne songe pas à faire appel à un homme comme M. Hariri. Comme homme de décision, et malgré ses erreurs, il a largement fait ses preuves. Et au niveau de la crédibilité, de l’entregent international, sa réputation n’est plus à faire. Si quelqu’un est capable de faire affluer les assistances, c’est bien lui». On peut cependant à ce propos oublier charitablement ce Forum des Amis du Liban qui en 96 nous avait promis 3 milliards de dollars dont nous n’avons pas vu le premier cent. Du reste, la même personnalité relève pour conclure que «M. Hariri se voit sans doute offrir aujourd’hui une dernière chance. S’il ne fait pas mieux que son successeur-prédécesseur, il risque lui aussi de connaître une retraite anticipée. Mais l’intérêt vital du pays commande que toutes les parties l’aident sans réserve dans sa mission. On ne demande pas à un danseur de se produire en lui ligotant les jambes. Il ne faudra pas que, lors de la formation du gouvernement, on lui pose des conditions de bric et de broc».
Encore une fois, M. Rafic Hariri fait figure de sauveur. N’en déplaise à ses contempteurs, qui s’égosillent à lui imputer la dégringolade économique. Pour affirmer du reste ensuite, qu’il lui faut revenir, par devoir de réparation. Mais pourquoi au juste cet homme est-il à ce point considéré comme incontournable ? Est-ce à cause de son écrasante victoire électorale...