Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Communautés - Sit-in à Bkerké des parents de détenus libanais en Syrie Sfeir : une confiance réciproque, plus importante que la présence de forces armées (photo)

La patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, a abondé hier à Bkerké dans le sens du communiqué publié mercredi par les évêques maronites, évoquant à nouveau la nécessité du retrait des forces syriennes stationnées au Liban «pour protéger les relations saines entre les deux pays». Évoquant en outre la polémique déclenchée par le manifeste de Bkerké au sujet de la demande d’application de la résolution 520 et du retrait syrien, Mgr Sfeir a estimé que «certains citoyens souffrent beaucoup de certaines choses alors que d’autres les ignorent volontairement et persistent à ne pas y songer pour des motifs bien connus». Par ailleurs, environ trois cents personnes, des parents de Libanais détenus dans les geôles syriennes et des jeunes, ont manifesté devant le patriarcat maronite à Bkerké pour réclamer la libération des prisonniers libanais en Syrie, répondant à l’appel lancé dans ce sens par l’association des droits de l’homme Solid (Soutien aux Libanais en détention). Le patriarche leur a offert tout son soutien. Mgr Sfeir est revenu sur les relations libano-syriennes, au cours de son homélie dominicale, en affirmant «qu’il existe des choses que certains voient et que d’autres ne voient pas, soit pour ne pas y songer, soit pour les ignorer volontairement». «Notre appel formulé au milieu de la semaine dernière a évoqué des questions dont souffrent certains citoyens de manière considérable», a indiqué le prélat maronite. «D’autres citoyens ne les voient pas, ou ne désirent pas les voir pour des motifs connus. Ceux-là se sont lancés dans des interprétations, des analyses et des hypothèses qui sont à mille lieues de notre appel», a poursuivi Mgr Sfeir. «Tout le problème peut être résumé en une seule question : Quelle est la meilleure formule pour protéger les relations saines entre deux pays : la présence de forces armées sans confiance réciproque ou une confiance réciproque sans forces armées». «Le reste n’a pas d’importance», a-t-il conclu. Au moment où le patriarche maronite prononçait son homélie dominicale, des jeunes et des parents de prisonniers libanais en Syrie affluaient aux portes de l’église, dans la cour intérieure de Bkerké, agitant des pancartes et des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : «Jusqu’à quand des Libanais vont rester emprisonnés en Syrie ?». Le prélat est alors sorti de l’église, sous les yeux de quelques agents des Forces de sécurité intérieure (FSI). Un homme d’un certain âge, parent de détenu, s’est alors précipité en sa direction, lui expliquant les motifs de la manifestation, aussitôt suivi par la foule tout entière. Mme Nathalie Eid Lichaa a lu un mot au nom du comité des parents de détenus en Syrie dans lequel elle a exprimé son indignation quant aux propos tenus par les officiels libanais «qui affirment que de tels mouvements sont téléguidés par des puissances étrangères». «Nous ne sommes pas des traîtres», a-t-elle souligné, demandant au président de la République Émile Lahoud, et au commandant en chef de l’armée, le général Michel Sleiman, «d’œuvrer en faveur de la libération des détenus libanais en Syrie et de prendre une position sincère à ce sujet». «Ils sont vivants, vivants, je vous le répète, et non pas morts, comme le disent les autorités», a poursuivi Mme Lichaa. Elle a ensuite donné l’exemple de Adel Ajoury porté disparu depuis 1990. «Adel Ajoury a été porté disparu par les autorités libanaises. La Syrie a nié sa présence dans ses geôles, jusqu’à ce que son cadavre soit rapatrié au Liban. Les parents des autres prisonniers sont-ils voués au même sort que ceux de Ajoury ?», a-t-elle demandé. Elle a enfin mis l’accent sur le fait que «les personnes détenues n’étaient jamais passées en jugement». Prenant à son tour la parole, M. Ghazi Aad, président de Solid, a souligné que la lutte pour la libération des détenus en Syrie «n’a rien à voir avec les débats politiques». «Tout ce que souhaitent les parents des disparus, c’est de savoir auprès des services de renseignements syriens quel sera l’avenir de leurs enfants. Tout ce que demandent les parents de prisonniers qui ont obtenu le droit de visiter leurs enfants, c’est la libération de leurs fils», a-t-il poursuivi. M. Aad a enfin critiqué les tentatives faites par «certains officiels de classer cette affaire comme purement chrétienne. Ils essayent d’atténuer la portée nationale de cette catastrophe humanitaire et de se cacher derrière leur petit doigt. La présence de chrétiens et de musulmans dans les prisons syriennes ne peut être niée par personne. Ils continuent à le nier au moment où, de temps à autre, des prisonniers, comptés pour morts, réapparaissent, le dernier en date étant cheikh Hachem Minkara, chef du Tawhid à Tripoli, qui avait disparu en 1975 et qui a été libéré le 25 août 2000», a-t-il conclu. Enfin, M. Hamid Hassoun, chef du comité des parents de prisonniers en Syrie a expressément demandé à Mgr Sfeir d’intervenir dans cette affaire. Sfeir : « Nous n’abandonnerons pas votre cause » Réagissant, le patriarche maronite a d’emblée estimé que cette affaire était «nationale», avant de remarquer que le dossier qui lui avait été remis par les parents de détenus lors d’une précédente visite «avait été contesté par les autorités après consultation». Puis jetant la balle dans le camp du pouvoir, il a demandé aux parents «de consulter les autorités concernées pour recevoir des explications». Des cris ont alors fusé de l’assistance : «Ils ne veulent pas nous recevoir». Calmement, le patriarche a alors repris : «La détention est un crime qui n’a pas de sexe, de religion ou de confession. Comme par le passé, nous réclamons la libération de tous les prisonniers enfermés dans les geôles israéliennes et syriennes. Nous sommes pour la même cause juste et nous espérons que les oreilles se tendent et répondent à notre appel. Nous n’abandonnerons jamais cette cause et continuerons à réclamer votre droit pour qu’il ne soit pas perdu», a-t-il déclaré. Le patriarche parti, ces parents éplorés, désabusés après des années de tractations pour récupérer leurs fils, qu’ils affirment visiter en Syrie et que l’État s’obstine à considérer comme morts, ont ensuite laissé éclater leur douleur. «Nous n’en pouvons plus, aucune source officielle ne veut nous écouter», a affirmé à L’Orient-Le Jour la mère de Tony R., enlevé il y a 12 ans et emprisonné à Saïdnaya. «J’ai visité mon fils en Syrie, il avait 15 ans quand il a disparu. Je ne l’ai pas reconnu», dit-elle, en sanglots. Mais les parents de disparus n’entendent pas en rester là. Leurs regards se tournent vers les autorités, qui campent sur leur position, comme le prouve cette dépêche de l’Agence nationale d’information (Ani) hier qui mentionnait «la rencontre de Sfeir avec des parents de détenus… à l’étranger». Leur croisade, forte de l’appui du patriarche, n’est toujours pas terminée. Preuve en est, leur décision d’organiser un sit-in des familles de détenus samedi prochain au palais de Baabda, pour inciter le président Lahoud à les recevoir.
La patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, a abondé hier à Bkerké dans le sens du communiqué publié mercredi par les évêques maronites, évoquant à nouveau la nécessité du retrait des forces syriennes stationnées au Liban «pour protéger les relations saines entre les deux pays». Évoquant en outre la polémique déclenchée par le manifeste de Bkerké au sujet de la...