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Actualités - REPORTAGES

Festival de Baalbeck - Rencontre avec le ténor libano-argentin Advienne que Cura (photo)

Le ténor libano-argentin José Cura – faut-il encore rappeler que ses arrière-grands-parents sont de Knat et Zghorta, dans le nord du pays ? – n’a pas grand-chose d’une diva. C’est même une star simple, discrète et souriante. Quoiqu’un peu autoritaire, mais quand on sait que la direction d’orchestre est sa formation initiale, on comprend un peu mieux. Il est surtout celui que les prédicateurs en mal de chiffres symboliques attendaient. Pour eux, ça y est, le «Quatrième Ténor» est arrivé, le d’Artagnan de Pavarotti, de Domingo et de Carreras. Et c’est vrai qu’il en a, en tout cas, la carrure : 1,90 m, pratiquant le culturisme et les arts martiaux à haut niveau depuis plus de dix ans. «C’est vrai, répond-il à une journaliste lors de la conférence de presse qu’il a tenue au Phoenicia, que je suis le plus grand chanteur, par la taille». Une plaisanterie qui révèle une authentique modestie. Car avant de s’enrouler dans un titre pompeux, José Cura est un travailleur stakhanoviste, un musicien acharné qui a découvert qu’il avait une voix à 22 ans. Tardivement, mais il n’en est que plus satisfait. José Cura revendique haut et fort, tout en désignant Piergiorgio Morandi, le chef d’orchestre italien qui dirige Tosca à Baalbeck, son appartenance à la «nouvelle génération». Pendant la répétition générale, le ténor s’explique un peu plus : «La jeune génération, selon moi, c’est celle qui rend l’opéra le plus crédible possible, loin du ridicule». C’est pour cela que le ténor s’attache à des personnages à caractère moderne, comme Caravadossi, le peintre amoureux de Tosca : «C’est le type même de l’anticonformiste, de l’homme d’action et amoureux de surcroît». Pendant l’entretien à Baalbeck, l’artiste a du mal à se concentrer et présente ses excuses. Il a les yeux tournées vers la scène et a peur des erreurs et de la désorganisation. C’est une évidence : José Cura a des réactions et des préoccupations de metteur en scène et de chef d’orchestre. De photographe aussi : à peine arrivé dans le temple, il sort son appareil et travaille sans flash. Puis s’installe, silencieux, et observe. Accorde quelques mots et ses sourires, toujours généreux, mais retourne à sa concentration. José Cura ne monte pas spontanément sur scène, c’est une évidence. «Je suis un autodidacte, explique-t-il. À partir de mes connaissances théoriques, dont j’ai pris l’essentiel, j’ai développé mon sens de l’observation». Effectivement, le chanteur a pris des cours lyriques à l’âge de 22 ans, qu’il a arrêtés, avant de les reprendre 5 ans plus tard, lorsqu’on l’encourage vivement à saisir sa chance. Sa carrière fulgurante a commencé en 1993, lorsqu’il interprète, à Trieste, le rôle de Jan dans Mademoiselle Julie, de Bibalo. «Je suis un acteur qui chante», aime-t-il à répéter. Sa maîtrise de l’espace est effectivement impressionnante : en effet, il est capable de chanter dans toutes les positions : couché sur le ventre ou sur les mains. Le kung-fu, qu’il pratique depuis plus de quinze ans, y est certainement pour quelque chose. «Grâce à ce sport, j’ai acquis la technique de l’équilibre et j’ai appris à maîtriser les mouvements de mon corps». En attendant la publication de son premier livre de photographies dans quelques mois, José Cura retourne vers la scène, avec la même concentration, le même déterminisme et, paradoxalement, la même simplicité qu’il accorde à tous ceux qui l’abordent. Une grande voix, un grand homme : que demander de mieux ? José Cura répondrait sûrement qu’il y a toujours mieux.
Le ténor libano-argentin José Cura – faut-il encore rappeler que ses arrière-grands-parents sont de Knat et Zghorta, dans le nord du pays ? – n’a pas grand-chose d’une diva. C’est même une star simple, discrète et souriante. Quoiqu’un peu autoritaire, mais quand on sait que la direction d’orchestre est sa formation initiale, on comprend un peu mieux. Il est surtout...