Passé, présent et avenir

Historique, le déploiement de la Finul ? Il l’aurait été si Israël avait décidé de le faire pour coopérer avec la légalité internationale. Tel qu’il s’est produit, c’est le prétexte idéal qu’Israël a trouvé pour masquer sa défaite face au Hezbollah. Victoire, le retrait d’Israël ? Difficile à dire. Le Hezbollah a marqué un coup, Israël a sacrifié un pion. La partie n’est pas terminée. La suite des choses dira si ce retrait est un pas vers la paix ou vers la guerre. Il dépendra beaucoup de nous d’en faire l’un ou l’autre. Amnistie pour les miliciens de l’ALS ? Passer l’éponge sur les crimes contre l’humanité commis à Khyam ou ailleurs ? Quel intérêt ? Qu’en aura-t-on appris ? En quoi cela aidera-t-il le Liban à devenir une véritable nation, à avoir un passé ? Et sans un passé, nous n’avons pas d’avenir. Sans une histoire qui nous soude, nous n’existons pas. Se trouvera-t-il un seul homme courageux pour faire la synthèse de notre histoire, pour nous dire que l’avenir existe ? Israël, mal absolu ? Le Sud aujourd’hui, demain Jérusalem ? Est-ce cela que veulent les Libanais ? Où finit la justice, où commence la loi du plus fort ? Où commence le chaos ? Aux déclarations sur Jérusalem qu’il nous est donné d’entendre ici et là, on peut se rendre compte qu’une formidable conflagration est en préparation, si les voix de la raison et de la compassion ne sont pas entendues. C’est ainsi que se font les guerres. Et les Libanais n’ont pas tous la même sensibilité à l’égard d’Israël. Il est bien plus important aujourd’hui de sortir le Liban du marasme que de reconquérir Jérusalem. Nous avons l’exemple de la Palestine sous les yeux. C’est durant l’Intifada, considérée comme un sursaut de dignité nationale exemplaire, que la Palestine a souffert de sa plus grave hémorragie humaine et intellectuelle. Et que voulait-on que des années de rideaux de fer baissés fassent ? Ce qui est vrai pour la Palestine est vrai pour le Liban. Le pays se vide, faute d’avenir économique. Il faut donc tout faire pour créer les conditions de cette prospérité. C’est d’autant plus important que la prospérité économique protège non seulement la convivialité, notre véritable trésor national, mais jusqu’à notre existence.