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Actualités - REPORTAGES

Madayan, agressé, se déchaîne contre le Tachnag Irrégularités en série à Bourj-Hammoud

Tous les coups sont permis à Bourj-Hammoud, point de friction entre les partis arméniens, notamment le Tachnag, associé à la liste du ministre de l’Intérieur et des Municipalités Michel Murr, et les candidats de la liste constituée par Nassib Lahoud, qui comprend notamment Rafi Madayan, beau-fils de Georges Haoui et proche des milieux communistes. Dans trois bureaux de vote de la région (à la municipalité de Bourj-Hammoud, à l’école officielle et à l’église St-Joseph), l’équipe du ministre de l’Intérieur, véritable rouleau compresseur, a déployé tous les moyens possibles pour barrer la route à Nassib Lahoud et ses colistiers. Ainsi les représentants de M. Murr, une dizaine par bureau de vote, ont exercé toutes sortes de pressions sur les représentants de M. Madayan et ses partisans. Les supporters de M. Madayan se sont vu interdire l’accès des bureaux de vote et même dans certains cas, l’accès à la rue menant à ces bureaux. Un des représentants de la liste de N. Lahoud, Mradé Mradé, autorisé à entrer dans les bureaux de la région, a affirmé à L’Orient-Le Jour avoir été victime d’une bagarre «orchestrée par le représentant de M. Murr au bureau de l’église St-Joseph, dans le seul but de m’en éloigner». M. Mradé a été interpellé par un lieutenant des Forces de sécurité intérieure (FSI), qui l’a retenu au poste de gendarmerie pendant trois heures, sans déposer de plainte contre lui. Les électeurs, aussi, n’ont pas échappé à la machine Murr. À l’entrée des bureaux de vote, tous les citoyens s’apprêtant à voter pour M. Madayan et ses colistiers ont vu leurs listes déchirées par les représentants du vice-Premier ministre sous les yeux des FSI. Le processus est simple : on demande à l’électeur pour qui il vote à l’entrée. Si c’est pour N. Lahoud, la liste est déchirée et on lui substitue une liste de M. Murr. Ensuite, des hommes, aux t-shirts marqués du nom de M. Murr, prennent en charge la personne concernée pour s’assurer de son vote… L’un de ces électeurs a affirmé «qu’il avait été empêché de voter pour la liste de N. Lahoud, deux représentants de M. Murr l’ayant accompagné à l’intérieur de l’isoloir pour l’obliger à voter pour la liste du ministre de l’Intérieur». «Je voulais amener ma femme pour qu’elle vote aussi, mais j’y ai renoncé. Il n’y a aucune liberté de choix. J’ai même tenté d’appeler le bureau de M. Lahoud pour qu’il intervienne, mais sans résultat», a-t-il déploré. Les partisans de Pierre Amine Gemayel, interrogés sur ces irrégularités, ont quant à eux vaguement répondu «qu’elles existaient», en estimant toutefois «qu’ils n’étaient pas concernés». De son côté, Rafi Madayan a été victime de deux attaques alors qu’il visitait les bureaux de vote de Bourj-Hammoud. «Devant l’école Chamlian, les agents de sécurité du Tachnag ont tenté de provoquer une bagarre avec mes partisans. Ils m’ont insulté et bousculé, et se sont lancés à la poursuite de ma voiture», a indiqué M. Madayan, contacté par L’Orient-Le Jour. Le même scénario s’est produit devant le bureau de vote situé à la municipalité de Bourj-Hammoud, où Madayan a été applaudi par ses partisans à son arrivée. Mais à sa sortie, «des supporters du parti Tachnag et du ministre de l’Intérieur» se sont rués sur lui et son équipe, les attaquant à coup de bâtons et leur lançant des pierres. Les représentants de la liste de M. Lahoud ont alors quitté précipitamment les lieux en direction du bureau de vote de l’église St- Joseph. M. Madayan a accusé le parti Tachnag de «faire de Bourj-Hammoud une arène pour une guerre des gangs». «Ils ont investi militairement la région», a-t-il insisté. Il a par ailleurs fait assumer au ministère de l’Intérieur la responsabilité des abus commis dans la région, se déchaînant contre «la passivité des FSI», témoins des deux attaques dont il a été la victime. «Ils ont peur de la détermination des gens et cherchent à faire pression sur les électeurs par tous les moyens… Il n’y a pas de liberté», a-t-il poursuivi. M. Madayan a ensuite déposé une plainte auprès du représentant du parquet au Mont-Liban, Fady Sawan, suite à laquelle l’armée est intervenue à Bourj-Hammoud. Selon un journaliste français présent sur les lieux, quatre partisans tachnag auraient été arrêtés. M. Antoine Haddad, attaché de presse de M. Lahoud, a qualifié la bataille de Bourj-Hammoud de «véritable Far West» et a condamné l’absence de l’armée «qui se trouve partout au Liban mais jamais là où elle doit être». Il a également dénoncé «l’omniprésence d’un service de sécurité étatique qui échappe au pouvoir de l’État». Pour sa part, un responsable haut placé du parti Tachnag a démenti toutes les affirmations de M. Madayan, soulignant que «les élections à Bourj-Hammoud s’étaient déroulées dans la tranquillité, jusqu’à l’arrivée de M. Madayan et de son équipe, formée de personnes étrangères à la région, qui ont provoqué les électeurs non arméniens en les insultant». «M. Rafi “Haoui” a commencé à calomnier le parti bien avant les élections… Il ne représente d’ailleurs pas les Arméniens et n’a obtenu que 86 voix arméniennes en 1996», a conclu la même source.
Tous les coups sont permis à Bourj-Hammoud, point de friction entre les partis arméniens, notamment le Tachnag, associé à la liste du ministre de l’Intérieur et des Municipalités Michel Murr, et les candidats de la liste constituée par Nassib Lahoud, qui comprend notamment Rafi Madayan, beau-fils de Georges Haoui et proche des milieux communistes. Dans trois bureaux de vote...