Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGES

Parcours - Le mécène de Tripoli, un candidat qui sort du lot Mohammed Safadi : notre intelligence, notre richesse (photo)

«La liste des cinq ministres et onze députés», avait dit un jour Mme Nayla Moawad en parlant de la liste opposée, celle de la «Solidarité et du développement», dans la seconde circonscription du Nord. Reste le dix- septième candidat, un «outsider» de la scène politique, qui semble bien se démarquer du lot. Mohammed Safadi, candidat au siège sunnite de Tripoli, échappe à cette mosaïque de «vieille garde». Issu des milieux d’affaires, il a choisi de convertir son succès professionnel en une réussite équivalente dans le domaine public. S’il n’est pas encore tout à fait connu dans les hautes sphères institutionnelles, Mohammed Safadi s’est par contre forgé une réputation dans les milieux les moins aisés de Tripoli, pour avoir contribué, des années durant, à des œuvres de développement dans le domaine social et éducatif. L’homme a certes des moyens. Énormes même. Dans son bureau luxueux, il trône devant une grande photo représentant un immense hôtel, celui qu’il envisage de construire prochainement à Tripoli, et une maquette préfigurant un mégacentre culturel et sportif public, dont les plans d’exécution sont déjà finalisés. Pourtant, Mohammed Safadi refuse catégoriquement le label de candidat richissime, celui dont les ressources contribuent à financer sa campagne. Concernant les accusations lancées contre lui faisant état d’une somme de 12 millions de dollars qui auraient été dépensés durant la campagne électorale, il répond, un sourire au coin des lèvres : «J’en ai dépensé bien plus que cela. Je pense que le chiffre est de l’ordre de 25 millions. Seulement, cette somme-là n’a jamais été versée durant la campagne électorale, mais dans le cadre des différentes institutions et associations que je soutiens depuis plus de quinze ans au Nord. Tout le monde est au courant de ma contribution humanitaire et sociale dans cette région». Quant aux dépenses de la campagne à proprement parler, elle s’élèvent à 170 000 $ pour l’ensemble de la liste, explique M. Safadi, chaque candidat ayant versé sa part qui est de 10 000 $. Ce mécène n’est certes pas un nouveau venu dans le domaine associatif. Parallèlement à des affaires florissantes qu’il menait avec succès en Arabie séoudite d’abord, en Europe ensuite, ce Tripolitain a entretenu, des années durant, des liens avec son pays natal, en créant la Fondation Safadi, une ONG vouée à des projets d’éducation et de développement dans la région du Nord. Il n’est pas surprenant ainsi de le voir formuler son slogan électoral autour du concept de la connaissance et de la culture : «Notre intelligence : notre richesse», affichent les nombreux panneaux publicitaires bordant l’autoroute menant jusqu’à Tripoli. Le patrimoine, l’agriculture, les soins médicaux, et bien sûr le sport – un domaine que le candidat encourage tout particulièrement – autant de secteurs qui figurent au centre de cette campagne publicitaire, essentiellement axée sur le développement. Préférant les idées au personnalisme politique, Mohammed Safadi a certes choisi de mettre en avant son programme plutôt que ses photos, que l’on voit rarement sur les affiches. «Le Liban qui était considéré comme un pays phare dans la région est maintenant au rang des pays sous-développés», estime le candidat dont le souci a été, pendant des années, de soutenir l’éducation en investissant dans l’informatique, un outil incontournable pour la modernisation. Ayant été la cible de plusieurs critiques qui lui ont reproché son inexpérience politique, et d’avoir été parachuté à Tripoli par et pour son argent, Mohammed Safadi reste inébranlable sur cette question. «Ceux qui prétendent avoir de l’expérience politique ont si bien réussi qu’ils ont conduit le pays au point où nous en sommes, c’est une véritable catastrophe». Et d’ajouter : «Nous avons besoin de personnes intègres, qui ont des principes et du courage surtout. Nous en avons assez des promesses creuses et des mensonges», dit-il. Sonder les besoins, planifier et encore planifier, voilà les mots d’ordre de cet homme d’affaires, qui, bien avant les autres, a prévu ses alliances électorales dans le cadre du bloc tripartite qui l’a réuni avec Maurice Fadel et Mohammed Kabbara, «des hommes capables et que je respecte». «Dès le départ, nous sommes tombés d’accord sur l’idée de tout donner, inconditionnellement, à la ville de Tripoli». C’est ce qui nous a réunis, souligne M. Safadi qui fonde tous ses espoirs sur le travail collectif qui devrait s’incarner, selon lui, dans des projets de développement pour la région du Nord, s’il est élu avec l’ensemble de ses colistiers. «Nous sommes en parfaite entente sur toutes les questions d’ordre social et économique» affirme le candidat de la liste de la Solidarité et du développement. Et les questions politiques ? «Il existe différentes opinions, mais dans l’ensemble il n’y a pas de conflit majeur», reconnaît-il. Quant aux affirmations qui ont fait état d’alliances contradictoires au sein de la liste, reflétant des courants proches de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, et d’autres qui lui sont opposés (dont M. Safadi ferait partie), ce dernier répond en expliquant qu’il ne connaît pas personnellement l’ancien chef du gouvernement. «J’ai simplement critiqué son action gouvernementale. C’est un avis tout à fait personnel. Mais il ne s’agit pas d’un conflit politique». dit-il. Pour l’instant, le candidat du Nord a un seul souci, il s’appelle développement. S’il est élu, il s’attellera à cette tâche avec une vision toute neuve. Il connaît les problèmes de sa région à fond. Il a les ressources «humaines», comme il dit, pour y remédier. Il lui manque les voix. Dimanche, il en aura le cœur net.
«La liste des cinq ministres et onze députés», avait dit un jour Mme Nayla Moawad en parlant de la liste opposée, celle de la «Solidarité et du développement», dans la seconde circonscription du Nord. Reste le dix- septième candidat, un «outsider» de la scène politique, qui semble bien se démarquer du lot. Mohammed Safadi, candidat au siège sunnite de Tripoli, échappe...