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Actualités - REPORTAGES

Un dernier obstacle : le sort des trois journalistes français

17 ou 14, c’est la grande question, si les responsables libyens gardent un mutisme prudent et diplomatique l’émissaire allemand, arrivé dans l’après-midi d’hier à Tripoli, a vendu la mèche : les négociations bloquent encore sur le sort des trois membres de la télévision française, enlevés en juin dernier par une formation proche du groupe Abu Sayyaf. Mais en filigrane se profile l’inquiétude des ravisseurs sur leur avenir, après le règlement de cette affaire. M. Cornélius Sommer, responsable de l’Asie au ministère allemand des Affaires étrangères, a créé hier l’événement à Tripoli. Pour la centaine de journalistes libanais et étrangers qui hantent depuis mardi les hôtels de la capitale libyenne, son arrivée est une véritable aubaine. D’autant que l’homme a suivi le dossier des otages depuis leur capture le 23 avril dernier. Tirant nonchalamment des bouffées sur sa pipe, M. Sommer s’en tient pourtant à un langage très diplomatique. Émissaire européen, il ne peut pas vraiment reconnaître officiellement que les Occidentaux pourraient accepter la libération de 14 otages, au lieu de 17, sous prétexte que c’est un autre groupe qui a enlevé l’équipe de la télévision française. Pourtant, c’est ce qui pourrait bien se passer si ravisseurs et médiateurs ne parviennent pas à un accord. En principe, tout devrait se jouer au cours des prochaines heures et dans les antichambres des chancelleries tout le monde discute ferme. Pour les Libyens, c’est devenu une question de prestige. Avec toutes les délégations étrangères arrivées à Tripoli ces derniers jours, il est absolument indispensable de ne pas perdre la face. Et si des sources quasi officielles affirment que la libération des 14 (dont Marie Moarbès) est acquise, d’autres, plus officieuses, laissent entendre que le colonel Kadhafi serait bien plus motivé pour négocier le sort des trois journalistes français si le président Chirac l’invitait officiellement au sommet euro-méditerranéen qui doit se tenir en septembre à Marseille. L’ambassade française à Tripoli refuse de commenter cette information, mais déjà des confidences commencent à filtrer sur un message de remerciements que pourrait adresser très bientôt M. Chirac au colonel Kadhafi. La journée d’aujourd’hui devrait être décisive et le fils du colonel Kadhafi, Seif al-Islam, actuellement en visite à l’étranger, est attendu à Tripoli dans les heures qui viennent pour accueillir les otages. Une fois de plus, tous les services sont en état d’alerte pour la cérémonie qui devrait couronner le happy end. Mais la grande angoisse des autorités libyennes est que les chefs du groupe Abu Sayyaf ne décident finalement de monter à bord de l’avion avec leurs otages et l’argent «gagné» ces deux derniers mois pour demander l’asile politique en Libye. Car c’est leur avenir que les extrémistes sont en train de négocier : s’ils libèrent tous les otages, comment s’assurer que l’armée philippine ne prendra pas d’assaut leur fief à Jolo ? Le mouvement des troupes philippines mardi en direction de leur QG a été une chaude alerte. C’est pourquoi ils ont alors songé à garder les trois Français officiellement détenus par un autre groupe, dans la mouvance d’Abu Sayyaf. C’est donc sur ce point que tout se joue et les prochaines heures seront décisives. Si les 17 otages sont libérés, les ministres français et allemand des Affaires étrangères viendront à Tripoli aujourd’hui ou demain, au plus tard. Sinon, les 14 attendus dans la nuit de jeudi à vendredi devront se contenter d’un comité d’accueil réduit. Seul le ministre libanais Sleiman Traboulsi est déjà au rendez-vous, tuant le temps entre interviews et visites touristiques. Quant à la mère de Marie, Sarouat Moarbès, elle est l’image même de l’angoisse, s’accrochant à la moindre rumeur. Elle est si émouvante que tous les journalistes étrangers et libanais cherchent à la rassurer. Cette nuit sera pour elle une nuit blanche, mais peut-être que l’aube verra enfin la délivrance.
17 ou 14, c’est la grande question, si les responsables libyens gardent un mutisme prudent et diplomatique l’émissaire allemand, arrivé dans l’après-midi d’hier à Tripoli, a vendu la mèche : les négociations bloquent encore sur le sort des trois membres de la télévision française, enlevés en juin dernier par une formation proche du groupe Abu Sayyaf. Mais en filigrane...