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Actualités - INTERVIEWS

Interview - L'ancien bâtonnier explique à l'Orient Le Jour sa candidature sur la liste Makhzoumi Antoine Klimos : je doute de la représentativité du nouveau Parlement (photo)

C’est en famille que la politique se conçoit, chez les Klimos. Sa femme et son fils sont avec lui, une espèce d’encouragement muet, de booster. Quelque chose comme un peu de sérénité qu’ils essaient de lui communiquer, à Antoine Klimos. C’est la première fois que l’ancien bâtonnier s’engage dans une bataille électorale. Il a choisi la capitale, «je n’ai pas été exporté à Achrafieh, j’y suis, j’y ai vécu», et la liste présidée par l’homme d’affaires milliardaire – l’autre : Antoine Klimos brigue le siège maronite de la première circonscription de Beyrouth sur la liste de Fouad Makhzoumi, et à l’initiative de ce dernier. C’est un choix par défaut ? De la conviction ? Il n’y avait pas de place pour lui sur la liste de Rafic Hariri ? «Je ne signe pas un contrat d’adhésion lorsque je fais une campagne électorale avec quelqu’un. Moi si on me parle de respect mutuel et de travail en commun entre colistiers dans le cadre de cette campagne, je dis oui». Il n’existe pas ce respect mutuel avec M. Hariri ? «Je ne sais pas, je n’ai jamais travaillé avec lui, et il ne m’a pas contacté». Le parallélisme Hariri-Makhzoumi Et Fouad Makhzoumi ? Pas de problème pour collaborer avec un milliardaire inconnu et à propos duquel les rumeurs les plus contradictoires courent bon train ? «M. Hariri a également des milliards de dollars et peut-être Fouad Makhzoumi est-t-il aujourd’hui à la même place qu’occupait, il y a quelques années, Rafic Hariri. Lui aussi a voulu se rendre utile à son pays, aider ses concitoyens, être ambitieux». On dit qu’il est l’homme des États-Unis, on dit même que... «Je n’en sais rien. Et tout ce que je sais c’est qu’il a de très bonnes relations avec les institutions internationales, comme le Pnud par exemple, et directement avec l’Administration américaine dans le cadre de l’intérêt de son pays et ce n’est pas une honte, au contraire, cela lui donne une dimension supplémentaire». Il est sincère ? Pour Antoine Klimos, l’ancien bâtonnier, c’est une règle d’or : «La bonne foi est présumée jusqu’à preuve du contraire». C’est dit… Il les connaissait tous, ses colistiers ? Et tout le monde s’entend bien ? «L’entente est parfaite, je les connaissais tous, excepté Jean-Pierre Haddad qui représente le courant Vert. Notre programme touche l’ensemble des problèmes que vivent tous les Libanais, et à commencer par nous. Nous voulons traiter tous les problèmes». Dans quel but cette première bataille électorale ? La plaque bleue ? «Si c’était cela mon but, j’aurais démissionné il y a un an du Bloc national, j’aurais présenté et préparé ma candidature. Cela aurait été beaucoup plus facile». Elle n’est tout de même pas le fruit du pur hasard cette candidature ? «Bien sûr que non. Lorsque j’ai quitté l’Ordre des avocats, en janvier 2000, et que la question des élections s’est posée, il y avait une volonté populaire à Achrafieh qui me demandait de présenter ma candidature. Je leur répondais que ce n’était pas le moment : j’attendais la décision du BN». Et Antoine Klimos, à la suite de bon nombre d’événements – le retrait israélien, la mort du «Amid» Raymond Eddé, son modèle, ainsi que celle de Hafez el-Assad –, a été convaincu à 100 % qu’il fallait qu’il se présente aux élections. Il s’est retrouvé ainsi devant le choix suivant : démissionner du Bloc national pour mener sa campagne, «je ne voulais plus attendre», ou bien avoir une permission écrite du nouveau Amid en attendant que le parti décide de la marche à suivre par rapport aux élections, «l’éthique et la discipline sont pour moi primordiales». Il l’a eue. Le 21 juillet 2000. Sans conditions. Le seul candidat BN contre la liste Hariri Antoine Klimos est le seul candidat BN à se présenter contre la liste Rafic Hariri. Ça fait quoi d’être l’exception ? «Je ne suis pas l’exception, c’est Rafic Hariri qui a fait de moi une exception, peut-être n’a-t-il pas voulu une personne indépendante politiquement. Lui veut que tout le monde dépende de lui et il a fait sa liste sans demander l’avis du BN…». Et avec son parti, tout va bien ? «Demandez au parti ! Mais oui tout va bien. Au moins ça…». En fait, Antoine Klimos a présenté sa candidature «parce que certains faits essentiels ont évolué : le retrait israélien et les relations libano-syriennes». Antoine Klimos veut donner sa chance au rééquilibrage de ces relations, à l’espoir post-retrait, «je ne veux pas être, en tant que Libanais, l’obstacle à un climat positif». Pour lui, la vie politique libanaise ne pourrait s’assainir sans la présence de ce qui reste comme symboles nationaux, «partis aussi bien que personnalités». Quant à son programme électoral, il sera à l’image de ce qu’il a fait durant son mandat de bâtonnier : que les libertés publiques, les droits de l’homme, la liberté d’expression, de la pensée politique, soient respectés sur le terrain et non pas en paroles. Personne n’a oublié la réaction d’Antoine Klimos et de tout l’Ordre des avocats lors de la censure, il y a un peu plus d’un an, de l’interview de Michel Aoun sur une télévision libanaise. «Et puis de tout temps, plus d’un tiers des députés étaient des hommes de loi. Pour la première fois, cette proportion a chuté à 15%. La législation au Liban doit être le travail de gens dont c’est le métier, il faudra légiférer sur la mondialisation, la privatisation, il faudra que le Parlement soit le témoin de l’opération de paix». Il sera représentatif le futur Parlement ? «J’en doute. Beaucoup de personnes n’ont pas encore décidé de faire bataille». Plus rien à perdre L’adversaire principal d’Antoine Klimos le 3 septembre sera Ghattas Khoury. Deux mots sur l’utilisation par ce dernier de l’Ordre des médecins – dont il est le président – à des fins électorales purement personnelles ? «Ghattas Khoury est un homme que j’aime et que je respecte, mais en politique, il se trompe lourdement. Il est inadmissible d’utiliser un ordre, quel qu’il soit, comme tremplin politique. On a à faire ses preuves, et après, si on le souhaite, on passe l’examen public». Et l’utilisation par certains responsables politiques des services de l’État à des fins purement personnelles ? «Dans l’absolu et indépendamment de ma candidature et de toute position politique, lorsque je dis que je suis pour les libertés publiques, je considère que chaque être humain a le droit d’exprimer son opinion, quelle qu’elle soit. C’est le moment de quitter cette marge dans laquelle on nous a mis, dans laquelle on a bien voulu se mettre parfois. Nous n’avons plus rien à perdre». L’élection d’Antoine Klimos le 3 septembre serait certainement une surprise. Mais une agréable surprise.
C’est en famille que la politique se conçoit, chez les Klimos. Sa femme et son fils sont avec lui, une espèce d’encouragement muet, de booster. Quelque chose comme un peu de sérénité qu’ils essaient de lui communiquer, à Antoine Klimos. C’est la première fois que l’ancien bâtonnier s’engage dans une bataille électorale. Il a choisi la capitale, «je n’ai pas...