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Actualités - CHRONOLOGIE

Fidji - Ouverture d'une information judiciaire pour trahison contre Speight Le cauchemar des familles indiennes d'une vallée reculée (photo)

Les Fidjiens d’origine indienne d’une vallée agricole, au nord de Suva, capitale des îles Fidji, sont quotidiennement la cible d’actes d’intimidation, qui contraignent femmes et enfants à vivre cachés. Un journaliste et un photographe de l’AFP ont été les premiers hier à se rendre depuis le début de la crise politique fidjienne, le 19 mai, dans la ville de Dreketi, sur laquelle les rumeurs les plus alarmantes ont couru à Suva. Village rizicole, Dekreti se situe sur l’île de Vanua Leva, au nord de l’archipel fidjien, à quelque 80 kilomètres de Labasa. Depuis deux mois les rebelles, partisans de George Speight, auteur le 19 mai d’un coup d’État qui visait à écarter du pouvoir les Fidjiens d’origine indienne, y font régner la terreur en raison de la forte communauté indienne qui y est installée. George Speight, arrêté la semaine dernière, avait affirmé agir dans l’intérêt de la population fidjienne de souche. Les Fidjiens d’origine indienne représentent 43 % des 800 000 habitants de l’archipel. George Speight a par ailleurs été inculpé pour divers crimes et une information judiciaire pour trahison a été ouverte à son encontre, a déclaré hier la police de l’archipel du Pacifique-Sud. La vallée de Dekreti est aujourd’hui la vallée de la peur. Les femmes et les enfants vivent cachés dans le lit de rivières asséchées. Les récoltes de riz ont été détruites et les autorités fidjiennes ont abandonné les habitants à leur triste sort. «Nous vivons ici dans une telle peur qu’on aurait préféré être tués», confie un agriculteur. Cette région où vivent 60 000 indiens pour une population de 90 000 habitants offrait avant la crise des paysages somptueux qui ont aujourd’hui fait place à des terres et des bâtiments calcinés par les rebelles mélanésiens, fidjiens de souche. Non loin de Dekreti, une douzaine d’entre eux ont dressé un barrage routier et ont forcé les journalistes de l’AFP à sortir de leur voiture, justifiant leur action au nom de leur droit à la terre. Le barrage a été installé le long d’une ferme appartenant à une famille indienne, qui a fui les lieux sans que l’on sache pour quelle destination. Lundi, dans le village de Dekreti, des rizières, des récoltes et des systèmes d’irrigation ont été détruits. Les habitants de cette région ont raconté, de manière anonyme, comment les rebelles font irruption dans les maisons et les magasins où ils s’emparent de tout ce qu’ils trouvent. Une femme d’origine indienne de 56 ans, qui a été dévalisée, raconte que les rebelles lui ont lancé : «Que fais-tu ici? Retourne en Inde!». «Nous devons sortir de cette situation, nous devons trouver une solution, on ne peut plus continuer comme ça», confie-t-elle. «Nous avons si peur, que personne ne va plus faire ses courses. Ces gens, qui avaient l’habitude d’être amicaux avec nous, ont changé», explique un fermier, qui possède un commerce en bord de route. «Les forces de maintien de l’ordre fidjiennes, qui sont pourtant engagées dans différentes missions de maintien de la paix dans le monde, négligent leur propre voisinage. J’en ai assez d’appeler la police. Ils nous répètent sans cesse qu’ils attendent la fin de la crise pour intervenir», déplorent des habitants. Le 19 mai, les îles Fidji ont été le théâtre d’un coup d’État de 55 jours au cours duquel, Mahendra Chaudhry, premier chef de gouvernement indo-fidjien du pays, a été renversé. La constitution de 1997, qui garantissait l’égalité politique pour l’ensemble des communautés, a également été abolie. Un gouvernement provisoire soutenu par l’armée a été mis en place la semaine dernière avec pour principal objectif la promotion et la défense des intérêts des Fidjiens de souche.
Les Fidjiens d’origine indienne d’une vallée agricole, au nord de Suva, capitale des îles Fidji, sont quotidiennement la cible d’actes d’intimidation, qui contraignent femmes et enfants à vivre cachés. Un journaliste et un photographe de l’AFP ont été les premiers hier à se rendre depuis le début de la crise politique fidjienne, le 19 mai, dans la ville de Dreketi,...