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Actualités - ANALYSE

Le Hezbollah, résistance permanente ou parti politique ?

La grande question qui se pose aux milieux officiels et politiques et dont personne ne semble posséder la réponse intégrale reste actuellement le devenir du Hezbollah. Peut-on estimer que cette organisation a atteint son but en mettant fin à l’occupation israélienne et doit maintenant déposer les armes pour restreindre ses activités à la politique ? Ou bien reste-t-il au Hezbollah d’autres buts à atteindre qui le poussent à garder les armes et à ne pas dévoiler son jeu, même après le retrait israélien des régions occupées ? De fait, le pouvoir au Liban-Sud est entre les mains du Hezbollah. Il est donc préférable de garder l’armée en dehors de cette région et de laisser à la Résistance la responsabilité de faire face aux empiètements israéliens en cas d’échec des Nations unies à ce niveau. Le Hezbollah maintient une présence intensive au Liban-Sud où il est considéré comme étant l’élément prédominant. Il est déterminé à y préserver ses capacités opérationnelles pour être prêt à reprendre ses activités militaires en temps opportun. Il garde sous observation permanente les mouvements de troupes israéliens et déploie des barrages dans la région. Entre-temps, les jets de pierre se poursuivent de part et d’autre de la porte de Fatma et aucune partie ne cherche à y mettre terme dans le dessein de perpétuer la tension à la frontière jusqu’à la reprise des négociations sur le double volet libano-syrien ou jusqu’au retour d’un calme qui serait imposé par les forces des Nations unies, de crainte de voir la tension existante dégénérer en escalade militaire. Cheikh Mohammed Hussein Fadlallah estime que la guerre d’Israël contre le Liban se poursuit sur les plans géographique, politique et sécuritaire et que la tactique des empiètements et des violations n’est pas près de se terminer car l’ennemi se retrouve dans une véritable impasse au niveau des négociations et désire donc garder le dossier libanais ouvert. D’autre part, les opinions divergent quant à la visite du secrétaire général du Hezbollah en Iran. Certaines sources affirment que le courant réformateur représenté par le président Mohammed Khatami prévoit des changements au niveau des relations de Téhéran avec les leaderships chiites libanais et estime nécessaire une réévaluation de l’ordre des priorités du Hezbollah au Liban-Sud à la suite du retrait israélien. En effet, et toujours selon les mêmes sources, les responsables iraniens sont persuadés que le rôle militaire du Hezbollah est terminé avec la fin de la Résistance et la libération du Liban-Sud. Il devient donc inutile d’impliquer cette organisation dans une nouvelle confrontation avec Israël, eu égard à la situation régionale et aux engagements iraniens envers les pays occidentaux en quête d’une solution au conflit arabo-israélien. Surtout que l’Iran a reçu des assurances quant à la restitution du Golan syrien occupé et que Téhéran s’apprête à faire face à une confrontation politique, culturelle et économique avec Israël dans la région. Pour toutes ces raisons, Téhéran juge essentielle une participation active du Hezbollah au niveau de la politique libanaise, par le biais de prochaines élections législatives. D’autres sources, au contraire, affirment que le courant conservateur en Iran estime qu’avec le retrait israélien, le Hezbollah, n’a atteint que l’un de ses objectifs. Parmi ces objectifs figurent la libération de Jérusalem et des territoires syriens occupés et, surtout, le refus de tout accord avec un pays dont l’existence ne doit pas être reconnue et qui devrait être rayé de la carte. Ces objectifs non encore atteints, rendent nécessaire, selon les sources, le maintien des armes aux mains des miliciens du Hezbollah qui, de concert avec le Hamas et le Jihad islamique palestiniens, pourront organiser des opérations militaires à l’intérieur même d’Israël. Un interlocuteur incontournable Quoi qu’il en soit, les observateurs s’accordent à considérer la visite en Iran du secrétaire général du Hezbollah comme étant un événement important comportant une incidence stratégique au niveau de l’étape à venir et des développements du processus de paix dans la région. Le Hezbollah devra donc réévaluer son rôle, qu’il soit militaire ou politique, de concert avec l’Iran et la Syrie, et chercher à intensifier ses activités politiques en augmentant le nombre des députés de son bloc au sein du Parlement pour participer au prochain gouvernement. Surtout que la visite à cheikh Nasrallah du secrétaire général des Nations unies et les bonnes relations que le Hezbollah entretient avec l’État libanais ont servi à le légitimer et à abolir l’étiquette de terrorisme que certains tentent de lier à son nom. Les résultats de la visite du secrétaire général du Hezbollah seront connus à travers les rapports de cette organisation avec les forces des Nations unies au Liban-Sud et avec l’armée libanaise quand elle se déploiera à la frontière avec Israël, permettant ainsi l’arrivée des aides financières promises pour la reconstruction des régions libérées. En effet, une participation du Hezbollah au maintien de l’ordre, de concert avec l’armée libanaise, est de nature à susciter l’inquiétude d’Israël quant à la sécurité de ses ressortissants proches de la frontière. L’inquiétude d’Israël est d’autant plus grande que le Hezbollah continue à recevoir des armes iraniennes sophistiquées, même après le retrait israélien du Liban-Sud et de la Békaa-Ouest. Il n’en demeure pas moins que des milieux politiques bien informés estiment que le Hezbollah, dont la résistance a obligé Israël à se retirer inconditionnellement du Liban, est devenu un interlocuteur politique incontournable sur la scène libanaise grâce à l’importance de son bloc parlementaire et à sa forte présence au niveau des conseils municipaux et des fédérations syndicales.
La grande question qui se pose aux milieux officiels et politiques et dont personne ne semble posséder la réponse intégrale reste actuellement le devenir du Hezbollah. Peut-on estimer que cette organisation a atteint son but en mettant fin à l’occupation israélienne et doit maintenant déposer les armes pour restreindre ses activités à la politique ? Ou bien reste-t-il au...