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Actualités - REPORTAGES

Correspondance Les libanais du Sud de la Bretagne I - Christian Zakhia : son architecture modèle, le Morbihan

Sarzeau : «chef-lieu du canton du Morbihan, ancien fief des Ducs de Bretagne» (selon le Larousse), et aujourd’hui huit mille habitants et une place pittoresque où nous avons repéré un bureau d’architecture appartenant à… Christian Zakhia. Un Libanais pur sucre, en plein cœur du sud de la Bretagne. On savait que nos concitoyens ont constitué une impressionnante diaspora s’étendant de l’Afrique aux deux Amériques. Mais il semble qu’ils font encore mieux et plus car ils arrivent à hisser la voile avec succès dans les îles et les presqu’îles que l’on pensait réservées aux seuls autochtones. Christian Zakhia, la quarantaine, vit et travaille là depuis quinze ans. On ne peut que se demander quelles sont les raisons profondes qui lui ont fait choisir la France profonde, au lieu de la capitale, par exemple. Il commence par nous accueillir le plus gentiment du monde dans son bureau où nous bavardons à bâtons rompus. Comme beaucoup, il avait quitté le Liban en 1975 pour poursuivre des études à Paris. Là, il fait les beaux-arts puis travaille dans le bureau d’architecture de Jacques Bosson, connu au Liban pour avoir réalisé la cathédrale des pères jésuites à Jamhour et l’école des sœurs de Besançon à Hazmieh. En 1984, Christian épouse Claude Leduc (rencontrée à Paris) en l’église de Saint-Armel, dans la Presqu’Île de Rhuys dont est originaire la mariée. Le couple revient à Paris, mais seulement pour deux ans. En 1986, il opte pour un environnement plus en accord avec la nature et plus humanisé. Les Zakhia s’installent donc dans la Presqu’Île de Rhuys, «bénie de Dieu» et où Abélard avait été exilé pour avoir tant aimé Héloïse. Christian installe son bureau à Sarzeau, capitale de cette commune : il savoure la beauté des lieux mais il lui faudra un moment pour se fondre dans son nouveau milieu. «Au départ, explique-t-il, les Bretons sont très méfiants. Une fois qu’ils vous font confiance et qu’ils vous adoptent, c’est pour la vie». Et ils ont aussi bien adopté sa manière de bâtir. Il a ainsi joué de sa sensibilité méditerranéenne pour interpréter les caractéristiques de l’habitat local. Il n’a pas le virus de l’ancien, comme il le dit mais il aime bien réaménager les anciennes demeures auxquelles il donne un accent contemporain. Les maisons d’antan manquaient de lumière (pour être mieux protégées contre les vents et autres intempéries), alors il les enrichit d’un jeu de transparence et de baies vitrées. Lorsqu’il bâtit neuf, l’architecte libanais conserve les éléments traditionnels bretons (le granit, le toit en ardoise, deux cheminées) et les réorganise pour mieux les conjuguer avec le microclimat régnant ici. Le microclimat impliquant un temps doux, clair et ensoleillé presque à longueur d’année, l’utilisation de terrasses ne peut qu’être la bienvenue. D’autant que les terrasses permettent de gagner de l’espace en hauteur. Vacances à Amchit Il applique ces principes pour concevoir des bâtisses répondant aux besoins de la région : notamment des maisons de vacances où certains propriétaires viendront plus tard prendre leur retraite, des écoles et des centres de loisirs. Christian Zakhia habite avec son épouse et leurs trois enfants (Frédérique, Raphaëlle et Alice) dans une ferme qu’il a très joliment réaménagée à Fournevay, non loin de Sarzeau. Surgissant au milieu d’une petite forêt, la maison se prolonge par un immense champ où la famille élève des moutons et deux chevaux. Si la Bretagne est de plus en plus prisée par les vacanciers français et étrangers, les Zakhia, devenus habitants de la Bretagne bretonnante, vont passer les vacances de Pâques à Amchit, dans la maison paternelle, celle du père de Christian, Antoine Zakhia, un ingénieur qui, lui, bâtissait purement libanais.
Sarzeau : «chef-lieu du canton du Morbihan, ancien fief des Ducs de Bretagne» (selon le Larousse), et aujourd’hui huit mille habitants et une place pittoresque où nous avons repéré un bureau d’architecture appartenant à… Christian Zakhia. Un Libanais pur sucre, en plein cœur du sud de la Bretagne. On savait que nos concitoyens ont constitué une impressionnante diaspora s’étendant...