Extrait

«Ici les arbres sont habillés de velours, ils sont chauds comme des hommes, le ciel est bleu par lambeaux ! Si vous prenez votre doigt et le poussez doucement par la main comme un objet inanimé, vous pouvez faire le tour de la mer. Vous pouvez caresser de votre paume les sables de ces pays... La plaine est frisée de chevaux indiens. Sur un palmier sommeillent des perroquets comme des topazes... (Amusé). C’est curieux comme tout ce qui fait rire est au bout de la langue ! Là, s’étale la masse des forêts. Dans ces forêts où les grands bambous se rompent les os dans la joie de la lutte, on entend la maladie du vent». «Plus haut, dans la région de l’air inhabitée, des montagnes bleues par amour ne servent à personne. Quand vous débarquez dans cette île, avec un vieux canotier, le soleil vous prend pour le prince d’un royaume, il n’ose ni vous toucher ni vous vieillir. Au bord des cascades connues des vieilles géographies, des fruits qui portent les attributs de la vie se balancent avec leurs arômes. En somme, l’existence ici serait un songe, n’étaient au fond de la terre les métaux qui transpirent la force. À présent, l’ombre est juste grise et la grande nuit va venir, avec des chiens... Il y a l’eau qui court et l’eau qui s’arrête et les roseaux trompés de cris». «Dans une clairière des hommes se mordent les bras par religion, avant de mettre leur barque à l’eau à la recherche des poissons millénaires... C’est loin, très loin... comme les yeux ne peuvent pas voir».