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Actualités - ANALYSE

Un aveu discret de diplomates étrangers Par ses grignotages frontaliers, Israël prépare un marchandage

Les cadres du palais Bustros ont noué de multiples contacts ces derniers temps avec des ambassadeurs étrangers accrédités à Beyrouth, pour tenter de cerner les vraies raisons du faux retrait israélien. C’est-à-dire pour essayer de savoir pourquoi Israël ne respecte pas les frontières internationalement reconnues qui séparent les deux pays, frontières établies en 1923 et qui n’ont jamais fait l’objet d’un litige. Certains des ambassadeurs consultés ont répondu qu’Israël, ulcéré d’avoir dû lâcher le fromage du Sud sans rien obtenir en échange, cherche à mettre sur le plateau des négociations la question de ses grignotages actuels, pour un bazar quelconque. De même pour ce qui est des hameaux de Chebaa, qui se trouvent placés sous le régime de la 242, non de la 425. Libre à la Syrie, une fois le Golan récupéré, de rendre ces fermes au Liban qui les réclame. Israël aura pour sa part fait d’une pierre deux coups. D’abord en prolongeant sa mainmise sur ces parcelles. Ensuite, en semant les germes d’un contentieux de partage territorial syro-libanais. L’État hébreu veut donc créer des problèmes là où il n’y en avait pas. Pour en déjouer les plans, et éviter que la légalité internationale n’avalise un tracé frontalier nouveau, basé sur la ligne de retrait, le président Lahoud et le gouvernement ont opposé une ferme fin de non-recevoir au constat de l’Onu concernant l’application de la 425. Du reste Israël n’a même pas respecté la ligne bleue tracée par l’équipe de Roed-Larsen, qui s’est montrée pourtant étrangement généreuse avec l’ancien occupant. Certains pôles locaux n’hésitent pas à parler de connivence israélo-onusienne. D’autant qu’à l’instar de son envoyé, le secrétaire général soutient qu’il n’appartient pas à l’organisation internationale de dessiner des frontières. Mais simplement de certifier le retrait. Assertion absurde, dans la mesure où l’homologation du retrait doit se faire non pas en fonction d’un méridien imaginaire comme l’équateur, ou le serpent bleu de Roed-Larsen, mais bien d’une ligne de frontière, nettement lisible sur non moins de 81 cartes officielles archivées au palais de verre même ! M. Kofi Annan soutient que c’est aux parties prenantes de s’entendre sur le partage des frontières. Et il retombe aussitôt dans les contradictions quand il reconnaît qu’en cas de différend, les États concernés peuvent recourir à l’arbitrage de l’Onu ! Mais pour M. Annan, toutes ces questions sont secondaires. L’important à ses yeux est qu’il y a bien eu un retrait israélien suffisant pour que le Sud et la Békaa-Ouest soient restabilisés. Un résultat de fond qui ne devrait pas être compromis par quelques violations dont il faut relativiser la portée. Ceci étant, les préventions libanaises ne se limitent pas à l’attitude d’une Onu pour qui le réalisme prime le droit pur. On s’aperçoit en effet à Beyrouth, avec une sourde inquiétude teintée de perplexité, que les nations amies, la Russie exceptée, n’ont pas du tout cherché à défendre le Liban dans cette affaire de spoliation. Ni Washington ni Londres ni surtout Paris ne se sont rangés à nos côtés. Ce manque de mobilisation est-il imputable à l’inefficacité de notre diplomatie ? Et à qui recourir maintenant que les grandes capitales ainsi que l’Onu nous font défaut ? Il reste que les diplomates étrangers pensent que sur le terrain la situation va être désormais aussi calme qu’au Golan. À l’ombre d’une Onu qui couvre ses arrières en dialoguant avec l’Iran et avec le Hezbollah.
Les cadres du palais Bustros ont noué de multiples contacts ces derniers temps avec des ambassadeurs étrangers accrédités à Beyrouth, pour tenter de cerner les vraies raisons du faux retrait israélien. C’est-à-dire pour essayer de savoir pourquoi Israël ne respecte pas les frontières internationalement reconnues qui séparent les deux pays, frontières établies en 1923 et...