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Actualités - CHRONOLOGIE

Diplomatie - Washington prêt à coopérer, Paris réaffirme ses engagements Déploiement des Casques bleus à bref délai

Au moment où son émissaire Terjé Roed-Larsen arrivait à Beyrouth, le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan a annoncé hier que les Casques bleus allaient se déployer au Liban-Sud le plus tôt possible. La France a pour sa part réitéré sa disposition à être le fer de lance de la nouvelle Finul, à condition toutefois de disposer d’un maximum de garanties de sécurité. De leur côté, les États-Unis ont fait savoir qu’ils désiraient travailler étroitement avec l’Onu, dans le but d’aider l’État libanais à rétablir son autorité dans la région évacuée par Israël. M. Roed-Larsen, arrivé hier soir, sera reçu aujourd’hui à Baabda par le président de la République Émile Lahoud, en présence du chef du gouvernement Sélim Hoss. Les dirigeants libanais lui remettront à cette occasion une réponse écrite aux recommandations de M. Annan adoptées mardi par le Conseil de sécurité, a-t-on indiqué de sources diplomatiques citées par notre correspondant au palais Bustros Khalil Fleyhane. Selon ces sources, le Liban réaffirmera à cette occasion son engagement à coopérer avec les Nations unies pour l’application de la résolution 425 du Conseil de sécurité, tout en exprimant des réserves sur le fait que l’Onu n’ait pas pris en compte les thèses libanaises au sujet des hameaux de Chebaa. De son côté, l’émissaire onusien devra interroger ses interlocuteurs sur les différences entre le discours officiel et celui du Hezbollah à propos de Chebaa. Au sujet du rétablissement du rôle de l’État dans la bande frontalière, Beyrouth informera M. Roed-Larsen de son intention d’y dépêcher la police dans un premier temps, puis l’armée, mais seulement après le déploiement de la Finul. À New York, M. Annan a assuré que les Casques bleus allaient se déployer au Liban-Sud dès que possible pour combler le vide laissé par Israël, mais pour une durée limitée en attendant que le Liban y restaure son autorité. «Je ne suis pas en mesure de vous donner un calendrier, mais nous avons l’intention d’y aller dès que nous pourrons», a déclaré M. Annan. Les Casques bleus se redéploieront «pour calmer la situation pour un temps», a-t-il dit. «Nous devons d’abord certifier le retrait jusqu’à la frontière internationale et ensuite travailler avec les Etats membres pour obtenir l’arrivée de renforts», a-t-il ajouté. La première tâche ne pose guère de difficultés et peut être faite dans un délai de quelques jours au plus par les Casques bleus, selon les diplomates. En revanche, l’Onu laisse toujours planer un doute sur son redéploiement afin d’obtenir le maximum de garanties de sécurité à la fois d’Israël, mais surtout du Liban, de la Syrie et du Hezbollah. M. Annan comme le Conseil de sécurité soulignent qu’il appartient d’abord au Liban d’assumer ses responsabilités en matière de sécurité. «Évidemment, le maintien de la sécurité appartient au gouvernement du Liban et non à nous», a-t-il dit. La principale tâche de M. Roed-Larsen à Beyrouth sera ainsi d’obtenir l’assurance du gouvernement libanais qu’il enverra rapidement au sud ses policiers et ses administrateurs, en attendant que l’armée libanaise elle-même se déploie. Des diplomates ont affirmé que quelque 3 000 policiers et gendarmes libanais pourraient se déployer dans les prochaines semaines. Car l’Onu n’envisage pas de prolonger indéfiniment sa présence au Liban. «Une fois que la situation sera calmée et que le Liban aura assumé toutes ses responsabilités sur son territoire, les Casques bleus se retireront. Nous aurons fini notre travail», a affirmé Kofi Annan. Les diplomates à New York estiment que, si tout se passe bien, ce délai pourrait être d’environ six mois. Un « bon plan » Signe d’un certain optimisme, les États-Unis affirment compter sur l’Onu et veulent œuvrer «très étroitement» avec elle. Cette «confiance nouvelle de Washington dans l’Onu est en soi un signe que les États-Unis escomptent que la situation ne dérapera pas au Liban-Sud», a estimé un diplomate à Beyrouth. «Nous allons œuvrer très étroitement avec les Nations unies pour les aider à mener à bien cette transition et aider le gouvernement libanais à restaurer son autorité», a ainsi indiqué hier le porte-parole de la Maison-Blanche Joe Lockhart. M. Lockhart a ajouté que «les Nations unies, sous la direction de Kofi Annan, ont un bon plan pour assurer la transition». Le chef de la diplomatie américaine Madeleine Albright a souhaité pour sa part que la Finul «joue un rôle important» dans le sud du pays. «Je souhaite que nous assistions à un rétablissement de l’autorité libanaise» dans cette région, a ajouté Mme Albright à la presse, lors d’une réunion ministérielle de l’Otan à Florence (Italie). «L’armée et la police libanaises ont un rôle à jouer pour rendre la région plus sûre», a-t-elle ajouté, en souhaitant également que la Finul «joue un rôle important» pour assurer le calme. Mme Albright, qui s’est entretenue mercredi à Florence avec son homologue français Hubert Védrine de cette question, a estimé que «la France a un rôle important compte tenu de sa relation spéciale et de sa connaissance» du Liban. Les Israéliens, a-t-elle ajouté, veulent voir «le Liban-Sud stabilisé» et ne pas se retrouver dans une situation «où ils seraient soumis aux tirs de katiouchas». Jospin : La France « prête » à prendre ses « responsabilités » À Paris, le Premier ministre français Lionel Jospin a déclaré que «si la Finul devait être redéployée, ce ne pourrait être que pour une période très courte et à seule fin d’aider l’État libanais à restaurer son autorité dans cette région». «Si toutes les conditions sont remplies, Kofi Annan sait qu’il pourra compter sur la détermination de la France à s’engager pour servir la cause d’une paix durable dans toute la région», a assuré M. Jospin. Il a souligné que lorsque M. Annan aura «certifié» que le retrait israélien est «conforme aux exigences de la résolution 425, se posera la question d’un éventuel redéploiement de la Finul pour compléter son mandat qui est d’aider le gouvernement libanais à restaurer son autorité effective dans la région». «Avant de nous engager dans cette voie, nous examinerons la situation sur le terrain et les garanties que les parties sont prêtes à donner», a-t-il ajouté, en citant «la sécurité des forces de l’Onu et donc éventuellement de nos propres forces», ainsi que les «engagements du gouvernement libanais tenant notamment au déploiement de l’armée libanaise». «Une fois obtenue la confirmation du retrait israélien, nous sommes prêts à prendre nos responsabilités au sein des forces de l’Onu pour autant que l’organisation ait obtenu un engagement concret des parties concernées – Israël, Syrie, Liban – ainsi que des garanties de sécurité indispensables», a-t-il dit. Quant à M. Védrine, il avait auparavant déclaré, en marge de la réunion de Florence, que Paris n’écartait «aucune hypothèse» mais exigeait «un maximum de garanties». Plusieurs autres ministres européens se sont déclarés prêts à lui emboîter le pas, tel l’Espagnol Josep Pique, qui veut s’entourer des mêmes garanties avant de «prendre ensuite une décision». L’Italie et la Norvège ont également fait savoir qu’elles envisageaient de participer à l’effort commun, ainsi que, par ailleurs, la Finlande. M. Védrine devait par ailleurs s’entretenir à Florence avec son homologue russe Igor Ivanov sur la situation au Liban-Sud. Ils sont «convenus d’agir sur les parties en présence pour qu’elles aient une attitude responsable», a indiqué la porte-parole du ministre français, Anne Gazeau-Secret.
Au moment où son émissaire Terjé Roed-Larsen arrivait à Beyrouth, le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan a annoncé hier que les Casques bleus allaient se déployer au Liban-Sud le plus tôt possible. La France a pour sa part réitéré sa disposition à être le fer de lance de la nouvelle Finul, à condition toutefois de disposer d’un maximum de garanties de...