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Actualités - OPINION

La loi de l'espoir

Bzzzt. En dix-huit secondes, il a empoigné son fauteuil, l’a déplié, a quitté son taxi et s’est faufilé sur le trottoir. Il disparaît dans l’entrée de l’immeuble, avant de s’engouffrer dans l’ascenseur. Il a la conduite sportive. Il fait six kilomètres par jour. Il s’en vante. Vous n’arrivez pas à le suivre ? C’est normal. Cet homme revient de loin. Pour foncer vers l’avenir. Appelons-le Allouch, sans façon. Allouch est handicapé. Mais son problème vient de ce monde qui a été construit pour les «debout». Alors qu’il appartient à la confrérie des «assis». Il veut qu’on oublie sa différence. Il est le premier à se moquer des «légumes posés sur un fauteuil». Allouch à la pêche. Il fait du basket, s’amuse comme un fou sur une luge ; «du ski assis», dit-il. Il aime sortir : dîner, cinéma, spectacles. Mais les rampes d’accès pour chaise roulante sont rares. Il a besoin d’être porté dans les passages critiques… Il faut qu’il y ait toujours à ses côtés un ou deux gaillards. Et cela l’ennuie au plus haut point. Il y a trois décennies encore, on cachait l’invalide à la maison. Puis, il y a eu lieu les Jeux paralympiques. Bob Hall attaqua à roulettes le marathon de Boston, en 1975. Au cinéma, on a vu «Kenny» l’enfant tronc. On fit connaissance avec les myopathes du Téléthon. Moins seul, Allouch. Dans le regard des autres, là où il sentait auparavant de la répulsion, il a vu de la compassion. Mais ça ne lui suffisait pas. Il est parti à la conquête de la rue. Allouch a besoin d’aide, non de pitié. Et surtout d’accessibilité. Aux écoles, aux universités, aux logements, aux lieux publics. On lui promet l’autobus à plancher surbaissé. Des voitures aménagées. Du travail, de l’emploi. Des activités intellectuelles. Allouch ne veut plus se faire rouler. Avec ses potes, il a déjà défilé sur le pavé, défendu sa dignité, lutté contre la paralysation de ses revendications. Que veut Allouch ? «Rien de particulier. Bosser. Ne pas mourir. Vivre…». Ma foi, ce n’est pas trop demander . Théoriquement, Allouch a désormais de bonnes raisons d’espérer. En effet, le Parlement vient de voter une loi qui prévoit tout en faveur des handicapés : une couverture médico-sociale; un droit à l’habitat et à l’environnement (facilité d’accès à tous les bâtiments, publics ou privés, anciens et nouveaux, qui seront aménagés en fonction des personnes handicapées) ; 5 % des autobus appartenant au ministère des Transports seront adaptés aux besoins des personnes handicapées. La loi garantit également l’égalité des chances au travail, à l’éducation et à l’enseignement. La liste est longue. Cela peut paraître trop beau pour être vrai. Comme on dit : tout est dans l’exécution. Et dans ce pays, combien de promesses sont-elles tenues ?
Bzzzt. En dix-huit secondes, il a empoigné son fauteuil, l’a déplié, a quitté son taxi et s’est faufilé sur le trottoir. Il disparaît dans l’entrée de l’immeuble, avant de s’engouffrer dans l’ascenseur. Il a la conduite sportive. Il fait six kilomètres par jour. Il s’en vante. Vous n’arrivez pas à le suivre ? C’est normal. Cet homme revient de loin. Pour...