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Actualités - REPORTAGES

Deuil - Messe en la cathédrale Notre-Dame L'hommage libanais et arabe de Paris au Amid

Les Libanais de France et leurs amis ont rendu hier après-midi en la cathédrale Notre-Dame du Liban, à Paris, un dernier hommage à Raymond Eddé qui avait rassemblé, comme de son vivant, des personnes de tous bords. À 18 heures, une messe a été célébrée dans une église bondée et la dépouille mortelle du leader libanais a été veillée toute la nuit par des parents et amis jusqu’au transfert à Beyrouth, ce vendredi matin. C’est le nouveau vicaire patriarcal maronite à Paris, Mgr Saïd Élias Saïd, qui a célébré l’office divin et prononcé l’oraison funèbre, en présence d’une dizaine de prélats et de prêtres de diverses communautés dont un représentant de l’archevêque de Paris. Aucun représentant de la France officielle ou des principaux partis n’était présent, ce qui n’a pas manqué d’étonner, donnant toutefois à la cérémonie religieuse un caractère familial et populaire que n’aurait d’ailleurs pas déplu au grand disparu. Au cours de ses 25 années d’exil volontaire à Paris, Raymond Eddé avait su éviter les fastes et les privilèges, préférant l’anonymat et la simplicité et se consacrant à l’essentiel qui était pour lui l’action en vue du relèvement de son pays. Les personnalités ne manquaient pourtant pas sous la nef de la rue d’Ulm. L’ambassadeur du Liban, M. Raymond Baaklini, représentant le président Émile Lahoud, le général Michel Aoun qu’on avait curieusement placé avec la famille Eddé plutôt que du côté des officiels, le secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie M. Boutros Boutros-Ghali, M. Jean Marie Le Pen, président du Front national, les ambassadeurs d’Égypte, de Syrie, d’Arabie séoudite et de Jordanie, respectivement MM. Ali Maher, Élias Nejmé, Fayçal al-Hojeilan et Adnan Talhouni, l’ambassadeur du Liban près de l’Unesco M. Antoine Jomaa et une foule de Libanais qui avaient voulu rendre hommage à celui qui était devenu leur «conscience» et leur espoir. Dans son oraison funèbre, Mgr Saïd a évoqué le «Golgotha» de Raymond Eddé alors que Carlos Pierre Eddé, élu hier leader du BN, prononçait le mot de la famille et que Me Rodrigue Houeiss, secrétaire général adjoint du Bloc national, prenait la parole au nom du parti. L’oraison funèbre Voici le texte de l’oraison funèbre prononcé par Mgr Saïd : «En janvier 1977, refusant de prendre part à la guerre atroce au Liban, le Amid sortit, portant sa croix. «Son Golgotha avait beau s’appeler Paris, il n’en fut pas moins le lieu où ils le crucifièrent. «Le Amid sortit drapé du Liban, le cœur rempli des espoirs de son peuple, Et, cloué à la croix de son exil, il vit les soldats qui l’avaient crucifié faire plusieurs parts du peuple qu’il a toujours aimé. Il les entendit se dire entre eux à propos de sa tunique, à propos du Liban : “Ne le déchirons pas, mais tirons au sort qui l’aura”. «Et tout au long de son agonie, tout au long de son combat en croix contre la mort de son peuple et la dislocation du Liban, le Amid venait souvent en cette église et pouvait voir Marie, Notre-Dame du Liban, debout près de lui. Aujourd’hui, maintenant qu’il est dans la gloire de cette Reine du Liban, maintenant qu’il est plus proche de ce cœur de mère de son peuple, c’est auprès d’elle qu’il intercède pour le Liban et son peuple qu’il a aimés jusqu’au bout et lui dira à la façon du Seigneur : “Mère, voici ton fils” et qu’il redit à chacun des Libanais, au Liban, à chacun de ceux qui veulent bien recueillir la leçon de sa vie : “Voici votre mère”. «Le Amid a toujours voulu, dans toute son action au public comme au privé, servir à ses convives, amis et opposants ou ennemis, le bon vin, celui de l’intégrité, du dialogue et du profond respect de la liberté démocratique des personnes et des peuples. Mais il eut soif, vraiment soif et ne reçut que du vin aigre en retour. «En rendant l’esprit, le Amid, à l’exemple de son Seigneur, nous laisse cependant un testament, un commandement nouveau, pas seulement à ses partisans et sympathisants, mais à chacun des Libanais : “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés : il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime”. «Puissent les mérites de la passion de ce Libanais fidèle et dévoué jusqu’au bout obtenir, pour tous les Libanais et par l’intercession de la Mère de Dieu, cela même dont nous la prions dans la litanie du Vendredi-Saint avec la ferme espérance du lever du Dimanche de Pâques : “Que la mort de Ton Fils soit la Vie pour ceux qui l’implorent !” Carlos Eddé : «Fidèle à ses principes» Voici, par ailleurs, le mot de la famille prononcée par M. Carlos Eddé : «Il m’est difficile de dire adieu à un homme que j’ai connu et aimé toute ma vie. Et pourtant, je dois me rendre à l’évidence : notre oncle Raymond n’est plus. «Sa disparition soudaine et innattendue, hier, ne cesse de ramener en moi le souvenir des meilleurs moments de ma vie : la joie de passer Noël chez lui, ses séances de jazz au piano, son humour et sa tendresse envers la famille. Nous allons regretter sa gentillesse, sa générosité et le soutien moral de le savoir parmi nous. «Notre oncle est resté fidèle à ses principes. Il n’a jamais accepté les compromis qui auraient pu le conduire au sommet du pouvoir. Pour beaucoup de Libanais, il était la “conscience du pays”. «Raymond Eddé était un homme de dialogue. Il a su préserver des relations privilégiées avec les diverses tendances politiques et communautés religieuses tout en restant attaché à ses idées. «Il a été, avec les députés du Bloc national, le seul à refuser les accords du Caire en 1969 et nous savons tous quelles ont été les conséquences de ces accords pour le pays. Il s’est opposé à la guerre. Il a dénoncé les milices. Il s’est investi, au péril de sa vie, à sauver des personnes enlevées, toutes confessions confondues. Ses positions lui ont valu d’être victime de plusieurs attentats. «La Providence l’a protégé «Raymond Eddé a continué à défendre ses idées et l’indépendance du Liban, sans tenir compte des menaces qui pesaient sur lui. Il a choisi l’exil pour continuer à dénoncer l’occupation de son pays. Il a retrouvé en France, pays ami du Liban et des droits de l’homme ses idéaux républicains et laïques. «Il restera vivant dans l’esprit de ses compatriotes comme un exemple d’honnêteté. «Je suis fier d’être le neveu de Raymond Eddé».
Les Libanais de France et leurs amis ont rendu hier après-midi en la cathédrale Notre-Dame du Liban, à Paris, un dernier hommage à Raymond Eddé qui avait rassemblé, comme de son vivant, des personnes de tous bords. À 18 heures, une messe a été célébrée dans une église bondée et la dépouille mortelle du leader libanais a été veillée toute la nuit par des parents et...