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Actualités - ANALYSE

Beyrouth n'enverra pas de délégation spéciale à l'ONU La balle est maintenant dans le camp d'Annan

Le mieux étant l’ennemi du bien, le président Sélim Hoss pense qu’il est inutile d’envoyer une mission spéciale plaider à l’Onu le dossier Chebaa. À son avis, le Liban a fourni toutes les preuves requises et la balle est maintenant dans le camp de M. Kofi Annan. Selon M. Hoss, le secrétaire général doit confirmer le droit libanais, en refusant d’homologuer un retrait israélien qui n’inclurait pas la restitution de ces terres. Le président du Conseil ajoute qu’une démarche libanaise au palais de verre ne modifierait pas les vues de M. Annan. Il souhaite quand même que ce dernier prenne la peine de venir à Beyrouth, où il l’invite expressément, pour vérifier de visu les originaux des documents sur lesquels s’appuient les revendications libanaises. Des pôles politiques, dont de nombreux députés, proposent que le Liban dépêche à New York une forte délégation. Ou que le président Hoss, qui est en même temps ministre des Affaires étrangères, prenne lui-même l’avion pour la métropole américaine. Ces personnalités font remarquer que nous ne devrions pas être en reste sur le plan diplomatique avec les Israéliens, qui envoient coup sur coup à l’Onu leur ministre des Affaires étrangères, M. David Lévy et le chef de leur gouvernement, M. Ehud Barak. Lesquels effectuent dans la foulée la tournée des grandes capitales influentes en matière de dossier libano-régional, comme Washington, Londres et Paris. Le but des Israéliens est d’obtenir l’assurance d’une résolution onusienne qui, après le retrait, serait en leur faveur. Ils veulent une homologation totale de l’application de la 425, sans mention de Chebaa ni réserve à ce propos. Toujours est-il qu’à Beyrouth, un ministre s’attend que «cette affaire de résolution fasse l’objet d’un nouveau round de concertations entre nous, les Américains, l’Onu, les Français et les Syriens. L’objectif de ces contacts serait de préparer un texte auquel aucune partie ne ferait objection. Il serait mal venu en effet que la décision paraisse gêner le Liban». Mais quel pourrait être ce compromis ? «La résolution envisagée, souhaite en réponse cet officiel local, pourrait certifier que le retrait israélien a été effectué au-delà des frontières internationalement reconnues depuis 1923. Tout en confirmant la souveraineté du Liban sur les terres de Chebaa et en soulignant que l’application de la 425 ne sera complète qu’après leur restitution. Cependant, affirme ce ministre, nous n’avons pas intérêt à prendre position d’avance au sujet de cette résolution. Nous ne serions pas bien avisés de la rejeter, au nom de la légitimité de nos exigences, avant qu’elle n’ait été publiée. Nous risquerions ainsi de nous aliéner la communauté internationale et d’altérer nos rapports avec l’Onu. Ce qui desservirait nos intérêts bien compris». Ce responsable se félicite que l’Égypte, qui avait cru pouvoir comparer d’abord entre Taba et Chebaa, ait rectifié le tir. «Les cas ne sont pas du tout analogues, dit-il. Le litige territorial sur Taba opposait l’Égypte et Israël. Alors que ce dernier n’a rien à voir avec Chebaa, qui se trouve à la frontière avec la Syrie et que cet État ne revendique pas». Il reste qu’à Beyrouth on s’étonne de l’attitude évasive des Nations unies. Cette instance doit en effet déclarer, après le retrait, si la 425 a bien été appliquée. C’est-à-dire si le Liban a récupéré tout son territoire et si Israël s’est retiré partout au-delà des frontières de 1923. Comme la Syrie confirme que les terres de Chebaa sont bien situées à l’intérieur des frontières libanaises, elles doivent être restituées par l’occupant comme tout le reste. Mais Israël, qui a réalisé des projets dans ces terres occupées, veut continuer à les exploiter. Il prétend donc qu’elles sont syriennes, pour qu’elles soient couvertes par la 242 et non par la 425. Les négociations sur le Golan pouvant s’éterniser, il bénéficierait de la sorte du rendement prolongé de ces biens spoliés. Et d’autre part, si des actions devaient être montées contre Israël à partir de ce site, il pourrait en tenir la Syrie pour directement responsable.
Le mieux étant l’ennemi du bien, le président Sélim Hoss pense qu’il est inutile d’envoyer une mission spéciale plaider à l’Onu le dossier Chebaa. À son avis, le Liban a fourni toutes les preuves requises et la balle est maintenant dans le camp de M. Kofi Annan. Selon M. Hoss, le secrétaire général doit confirmer le droit libanais, en refusant d’homologuer un retrait...