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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Liban-Sud - Plusieurs milliers de manifestants de la zone occupée à Naqoura Lahd demande une amnistie générale pour ses hommes

Le général à la retraite Antoine Lahd, chef de l’Armée du Liban-Sud (ALS), a demandé hier au président Émile Lahoud, «chef de l’État et garant de la Constitution», une amnistie générale pour ses miliciens et accepté d’en être exclu. Il a laissé entendre, dans une conférence de presse tenue à Marjeyoun, à son QG, que sa milice serait maintenue après le retrait israélien «en tant que force de sécurité intérieure», en attendant le désarmement du Hezbollah. «Les habitants de la bande frontalière sont placés devant trois choix», a déclaré le général Lahd (72 ans). «Quitter par milliers pour Israël ou un autre pays, pour un exil qui pourrait toucher des villages entiers (…), se livrer à la justice libanaise comme agents et en pâtir socialement et économiquement et, troisièmement, porter les armes et se défendre aussi bien de l’exode forcé que de l’humiliation et des stigmates de la prison». «Croyez-moi, a-t-il dit au président Lahoud, l’écrasante majorité préfère ce dernier choix, et j’aimerais attirer votre attention sur le fait que si la confrontation qui pourrait s’ensuivre se limitait aux habitants et à la Résistance, cela ne ferait pas problème, mais que si l’armée devait intervenir en faveur de la Résistance, l’entente nationale pourrait en être ébranlée». «La meilleure solution est la promulgation d’une amnistie semblable à celle de 1991 portant sur tous les crimes commis en l’absence d’une autorité étatique», a souligné le général Lahd. «Cela s’applique à la région frontalière, où l’on ne sent aucune présence effective de l’État depuis l’accord du Caire en 1969», a-t-il dit à l’adresse du président Lahoud. Le général Lahd a ainsi demandé que les membres de l’ALS soient traités comme les miliciens impliqués dans la guerre civile (1975-90), qui ont bénéficié du décret d’amnistie promulgué en 1991. Ce décret a permis, en offrant l’impunité aux miliciens, de dissoudre les différentes milices, à l’exception du Hezbollah, fer de lance de la résistance anti-israélienne. «S’il vous faut, Monsieur le président, satisfaire certaines âmes perfides qui se permettent de délivrer des certificats de patriotisme, je suis prêt à en endosser l’entière responsabilité et à être exclu du décret d’amnistie générale que je vous demande de faire adopter en faveur de mes hommes», a-t-il déclaré. Le général Lahd a été condamné à mort par contumace par le tribunal militaire et un grand nombre de ses adjoints sont également sous le coup de condamnations sévères pour «collaboration avec l’ennemi». L’entente nationale M. Lahd a affirmé, au cours d’un échange de questions-réponses, que «personne ne peut nous dissoudre, ni Israël, ni l’Onu, ni nul autre». «Nous seuls, en tant que commandement de l’ALS, pouvons le faire lorsque nous le jugerons adéquat», a-t-il indiqué en réponse aux journalistes. Il a laissé entendre que l’ALS serait maintenue après le retrait israélien «en tant que force de sécurité intérieure». «Telle sera notre situation jusqu’à ce que l’État libanais interdise à tous le port d’armes», a-t-il ajouté. Il a en outre assuré que ses miliciens auraient toujours «suffisamment d’armes» même si Israël leur retirait son armement lourd. Faisant l’historique des événements au Liban-Sud, le général Lahd a rappelé au chef de l’État, issu comme lui des rangs de l’armée, que «les habitants ont commencé à porter les armes dès 1976, deux ans avant l’entrée d’Israël, pour faire face (...) à la tyrannie et aux abus des Palestiniens (les combattants de l’OLP) et ont attendu impatiemment que l’État étende son autorité». S’érigeant en porte-parole des quelque 70 000 résidents de la zone, il a affirmé qu’ils «seraient forcés de porter les armes pour plusieurs années, même après le retrait d’Israël, au cas où la carence de l’État persisterait et tant qu’ils se sentiraient menacés». Dans une première réaction à cette demande, le député Ammar Moussaoui (Hezbollah) a estimé que le chef de l’État n’accordera pas l’amnistie aux miliciens de l’ALS, et que ces derniers ont le choix entre trois possibilités : partir avec les troupes israéliennes, se rendre à la justice libanaise ou être traqués par la Résistance, au cas où ils continueraient à porter les armes. Des milliers de manifestants à Naqoura L’appel du général Lahd a été lancé au lendemain d’une manifestation de plusieurs milliers d’habitants de la zone occupée, à Naqoura. Venus en voitures et en familles, portant des drapeaux libanais et diffusant par haut-parleurs des hymnes patriotiques, plus de trois mille habitants de la bande frontalière ont convergé vers la localité côtière, siège du quartier général de la Force intérimaire de l’Onu au Liban (Finul). Ils y ont réclamé une protection internationale après le retrait israélien et menacé de continuer à porter les armes si leur sécurité n’était pas assurée. Une délégation de manifestants a remis à deux officiers de la Finul un message adressé au secrétaire général de l’Onu Kofi Annan demandant que l’organisation internationale «remplisse sa mission de protection et de prise en charge de la sécurité dans la bande frontalière». Le texte, signé des «habitants de la bande frontalière», souligne que ces derniers «sont prêts à négocier avec l’État libanais pour déposer les armes». «Mais si l’État libanais ne peut assurer la sécurité des habitants et empêche les forces de l’Onu de remplir leur mission, nous serons mis en situation de légitime défense et n’aurons d’autre choix que de rejoindre les rangs de l’Armée du Liban-Sud et de porter les armes», ajoute le texte. « Frontières ouvertes » La lettre demande aussi aux Casques bleus qui se déploieront jusqu’à la frontière internationale après le retrait israélien de «laisser en toutes circonstances la frontière ouverte entre le Liban et Israël et de permettre la circulation aux passages déjà ouverts». 2 000 à 3 000 journaliers traversent la frontière pour aller travailler en Israël à des salaires doubles de ceux pratiqués au Liban, estime-t-on. Des marchandises et des biens de consommation passent également à travers la frontière. Le bien-être économique de centaines de familles de la zone occupée est tributaire de ces échanges et des salaires payés par Israël aux miliciens de l’ALS. Les manifestants brandissaient des pancartes sur lesquelles était écrit : «L’ALS est notre seule garantie», «Israël s’en va. Quand la Syrie fera-t-elle de même ?», «La résolution 425 va être appliquée. Quand viendra le tour de la 520 ?». La résolution 520 de l’Onu, votée en 1982, appelle au départ de «toutes les troupes étrangères du Liban».
Le général à la retraite Antoine Lahd, chef de l’Armée du Liban-Sud (ALS), a demandé hier au président Émile Lahoud, «chef de l’État et garant de la Constitution», une amnistie générale pour ses miliciens et accepté d’en être exclu. Il a laissé entendre, dans une conférence de presse tenue à Marjeyoun, à son QG, que sa milice serait maintenue après le retrait...