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Actualités - REPORTAGES

Rencontre avec un cinéaste documentariste "Juillet" de Didier Nion : le temps des vacances (photo)

À Beyrouth pour la projection de son film Juillet, Didier Nion, réalisateur français, s’est dit «troublé d’être dans ce pays que j’ai découvert, à l’âge de 15 ans, à travers les images de guerre diffusées à la télé. À mon arrivée à l’aéroport, j’ai eu la chair de poule». Des propos sincères émanant d’un cinéaste à la sensibilité à fleur de peau. À en juger par les images de Juillet. Dans une petite station balnéaire de Normandie, à Quiberville, en juillet et août, un camping, grouillant de vie. «C’est le paradis sur terre» pour Jean-Benoît, un gamin de 12 ans, profondément marqué par la disparition de son père, et pour Lydie 65 ans, grand-mère attentive, installée avec son mari Pierrot le «docker» et ses deux petits-enfants dans une caravane. Autour de ces deux personnages principaux gravite la petite bande de copains de Jean-Benoît et d’autres «papies et mamies» en villégiature. Il y a la mer durant les heures de baignade autorisées, la pêche aux crevettes, les virées à vélo, les filles, les boums pour les plus jeunes et les parties de pétanques, les matchs à la télé et le Tour de France pour les plus vieux... «À travers ces images de vacances prolétaires, j’ai voulu faire un peu le portrait d’un microcosme de société», indique Didier Nion. Le réalisateur a construit son film (couleur, 35 mm, 89 minutes) sur une idée simple : l’immersion. Avec sa caméra à l’épaule, et un petit magnétophone, il a filmé, au gré des jours, des séquences de vie dans le camping. Pas de musique autre que celle de la vie quotidienne : un poste de radio, le bal, une voiture qui passe...Et entre deux séquences, un cadrage sur des paysages naturels : la mer, une falaise, un champ de blé, des collines... «Le temps, l’attente, le regard et l’écoute constituent la base de ce film», dit le cinéaste. Pas de commentaires en voix off non plus. «Ayant travaillé de 1983 à 1995 sur les plateaux de cinéma, en tant que machiniste et assistant-opérateur, j’ai été nourri d’écriture cinématographique de fiction, et ça se ressent dans mes documentaires». À l’instar de tous ses documentaires, Juillet est né d’une expérience personnelle de Didier Nion. Son enfance dans un milieu ouvrier, ses vacances dans un camping en bord de mer et surtout la trahison du père, «qui nous a abandonnés mes frères, ma mère et moi, par pur égoïsme, sans jamais se soucier de nous», raconte-t-il, le regard soudain voilé. «L’enfance de Jean-Benoît est la mienne. Avec ses blessures secrètes et son rêve de devenir mécanicien». D’autant que Didier Nion a lui aussi une formation technique (CAP de menuiserie ébénisterie). «J’ai travaillé dans ce domaine durant quelques années. Et puis, un de ces matins assez rares où l’on se lève prêt à bouffer le monde, j’ai décidé de changer de profession. Comme je faisais de la photo et des films en amateur, j’ai tenté ma chance sur les plateaux de tournage. Je me suis ainsi retrouvé stagiaire machiniste dans le film Garçon de Claude Sautet avec Yves Montand. Un acteur immense que j’admirais énormément. Ça a été une des grandes émotions de ma vie», se souvient-il dans un sourire nostalgique. Il enchaîne ainsi les tournages avec Luc Besson, Pierre Jolivet, Coline Serreau, Josiane Balasko...Avant de se tourner vers la réalisation de documentaires. «J’ai eu envie de m’exprimer», affirme-t-il simplement. Son prochain film suivra, à partir de juin prochain et pendant un an, le stage de mécanicien de Jean-Benoît. «Je serais là durant les périodes d’épreuves blanches, aux moments des étapes d’orientation importantes, etc., pour raconter par l’image l’apprentissage professionnel d’un gamin qui veut réussir». Toujours cette prédilection pour les thèmes de jeunesse, traités dans toute la force de la réalité.
À Beyrouth pour la projection de son film Juillet, Didier Nion, réalisateur français, s’est dit «troublé d’être dans ce pays que j’ai découvert, à l’âge de 15 ans, à travers les images de guerre diffusées à la télé. À mon arrivée à l’aéroport, j’ai eu la chair de poule». Des propos sincères émanant d’un cinéaste à la sensibilité à fleur de peau....