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Actualités - REPORTAGES

Liban-Sud - La situation des habitants de la zone occupée est intenable Nadim Salem entend crever l'abcès de l'ALS

Les circonstances délicates ne doivent pas occulter les problèmes humains. C’est parce qu’il connaît parfaitement les souffrances des habitants de la zone occupée que l’ancien ministre et actuel député Nadim Salem a présenté le 23 septembre dernier un projet de loi proposant une amnistie générale pour les miliciens de l’ALS et les personnes qui de 1978 à nos jours se sont rendues en Israël pour y travailler. La démarche a surpris et, face à l’appui quasi unanime des Libanais à la Résistance, elle a même pu paraître suspecte, mais Salem n’en démord pas. Au contraire, pour lui, l’amnistie a pour objectif de vider l’ALS de son contenu et ce ne sont pas les propos provocateurs d’Antoine Lahd qui le feront changer d’avis. Nadim Salem est un habitué des batailles en solo et les combats difficiles ne l’effraient pas, surtout s’ils sont le reflet d’une conviction profonde. Le fait de plaider aujourd’hui en faveur d’une amnistie générale pour les miliciens de l’ALS et les Libanais contraints à travailler en Israël ne lui paraît pas incongru. Au contraire, il est convaincu que c’est maintenant qu’il faut agir. Et ce n’est pas parce que le député membre du bloc du Hezbollah Mohammed Raad a retiré le projet d’amnistie qu’il avait lui-même présenté au Parlement que Salem songe à l’imiter. De même, les menaces tonitruantes d’Antoine Lahd le poussent à croire qu’il est urgent d’agir, pour «sauver la population de la zone occupée d’une catastrophe annoncée». En vérité, Salem avait songé au projet depuis longtemps. Mais ce n’est qu’avec le retrait de l’ALS de Jezzine qu’il l’a concrétisé. Il a donc élaboré un projet de loi prévoyant une amnistie pour tous les miliciens de l’ALS et pour les Libanais qui se sont rendus en Israël pour y travailler, à condition que les miliciens souhaitant bénéficier de l’amnistie aient quitté la milice avant la promulgation de cette loi. De même, pourront bénéficier de l’amnistie les miliciens qui se rendront aux autorités libanaises dans un délai de trois mois à partir de la promulgation de la loi. Selon Salem, ce projet toucherait ainsi les quelque 2 500 miliciens qui travaillent encore sous la bannière de l’ALS ainsi que les 20 000 personnes qui, de 1978 à nos jours, se sont rendues en Israël à un moment donné pour y travailler. «Je n’ai soumis mon projet à la Chambre que lorsque l’ALS s’est retirée de Jezzine et que j’ai vu le climat d’angoisse qui régnait dans la localité». Collaborateur par nécessité Salem est convaincu que la majorité de ceux qui coopèrent ou ont coopéré avec Israël l’ont fait soit parce qu’ils y ont été contraints soit pour des raisons économiques, «la région étant totalement démunie et abandonnée par l’État en raison de l’occupation israélienne». Et ceux qui se sont enrôlés au sein de l’ALS par conviction ? «Ceux-là ne se rendront pas aux autorités, ils ne bénéficieront donc pas de l’amnistie et se retireront probablement avec les soldats israéliens». Le projet d’amnistie permettrait, selon Nadim Salem, d’enlever à Israël la carte de l’ALS dont elle ne cesse de menacer le Liban, tout en résolvant le problème de ces «collaborateurs» d’une façon humaine. Salem rappelle que lors de la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne avait envahi l’Alsace-Lorraine et en 1945, une amnistie générale a été décidée pour les habitants de cette région, contraints à coopérer avec l’occupant. Salem a donc soumis son projet à la Chambre en le revêtant de la procédure de double urgence au printemps dernier. Les séances plénières ayant été fixées à l’automne ce n’est qu’en septembre que la Chambre a refusé de le considérer comme tel. Il doit donc être étudié en commission, mais il n’a toujours pas été déféré à la commission de l’Administration et de la Justice. Pour quelle raison ? Salem ne le sait pas vraiment. Mais il est probable que son conflit avec le président de la Chambre ne soit pas étranger à ce retard. Éviter règlements de comptes et dénonciations Entre-temps, Mohammed Raad avait à son tour présenté un projet d’amnistie pour les miliciens de l’ALS «qui se rendent aux autorités dans un délai de trois mois à partir de la promulgation de la loi». Ce projet a été transmis à la commission parlementaire de la Défense et il a été refusé par le ministre Ghazi Zeayter. Le Hezbollah l’a ensuite retiré, sous prétexte que les Israéliens ayant annoncé le retrait de leurs troupes du Liban, les miliciens n’avaient plus aucun mérite à se rendre aux autorités. Et aujourd’hui, la grande majorité des habitants de la zone occupée craint pour son avenir. Car la plupart de ces habitants ont été contraints à un moment donné à collaborer avec Israël et si la situation n’est pas contrôlée, ce sera la voie ouverte à tous genres de règlements de comptes, dénonciations et autres médisances. C’est pour éviter cela que Nadim Salem maintient son projet et continue à réclamer qu’il soit étudié par les commissions. Ne vaudrait-il pas mieux une solution plus discrète, comme ce fut le cas avec les miliciens qui se sont rendus après le retrait de l’ALS de Jezzine ? «Une telle solution ne peut être généralisée lorsqu’il s’agit d’un si grand nombre de personnes. À la suite du retrait de l’ALS de Jezzine, 260 ex-miliciens se sont rendus aux autorités. 150 sont encore en prison, condamnés à des peines variant entre un an et sept ans de détention. Mais s’il faut examiner le cas de plusieurs milliers d’individus, cela prendrait trop de temps et comporterait des risques… Je suis convaincu que l’on finira par voter une amnistie générale. Mais il se peut que l’on ne veuille pas m’en accorder le crédit. Cela m’importe peu. Ce qui compte pour moi c’est que le problème soit réglé de façon humaine et équitable». Salem insiste sur le fait que l’amnistie ne bénéficiera pas aux seuls chrétiens comme certains pourraient le laisser entendre. «Au sein de l’ALS, il y a maintenant 60 % de musulmans et 40 % de chrétiens. De même, ceux qui travaillent en Israël ne sont pas nécessairement des chrétiens». Il s’agit donc pour lui d’une initiative humanitaire et politique «puisqu’il est dans notre intérêt que l’ALS s’effrite. Elle vise à renforcer la résistance civile qui pousse les habitants à rester dans leurs villages et qui doit servir de base à la résistance militaire». Ce projet ne risque-t-il pas de lui faire perdre des voix électorales ? «Pour l’instant, ce n’est pas mon principal souci, répond Salem. Je souhaite d’abord aider une population qui souffre depuis 22 ans».
Les circonstances délicates ne doivent pas occulter les problèmes humains. C’est parce qu’il connaît parfaitement les souffrances des habitants de la zone occupée que l’ancien ministre et actuel député Nadim Salem a présenté le 23 septembre dernier un projet de loi proposant une amnistie générale pour les miliciens de l’ALS et les personnes qui de 1978 à nos jours se...