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Actualités - ANALYSE

Dossier régional - Le processus en pleines turbulences Beyrouth suit avec espoir les tentatives de repêchage

Le sommet de Genève, dont l’échec est flagrant, ne torpille quand même pas définitivement le processus régional. On aurait pu le craindre au vu des premières réactions des protagonistes qui se sont réciproquement rejeté la responsabilité du fiasco et du refus de la paix. Mais les efforts intenses immédiatement engagés après cette rencontre ont amené Israël aussi bien que la Syrie à déclarer que toutes les portes ne sont pas encore fermées. Et même que la reprise prochaine (certains parlent de trois semaines) des négociations est encore tout à fait possible. Cela reste à vérifier. Pour le moment, les tensions restent maximales. Et semblent confirmer les sombres analyses de M. Edward Djerejian. Dans un entretien publié il y a quelque temps par le Nahar, l’ancien secrétaire d’État US adjoint affirmait que l’on ne devait pas sous-estimer les risques d’une nouvelle guerre. Grand spécialiste de la question – il avait été ambassadeur à Damas –, M. Djerejian estime que l’on s’est trompé de route dès le redémarrage de Sheperdstown, intervenu après trois ans de blocage. À Beyrouth, certains observateurs avertis se montrent également pessimistes. Ils pensent que les parties prenantes sont désormais captives des positions proclamées devant leurs opinions publiques respectives. Le président Assad, disent-ils, ne peut renoncer à exiger le rétablissement de la ligne frontière du 4 juin 1967, c’est-à-dire la récupération de tout le Golan, y compris la rive nord-est du lac de Tibériade. De même, relèvent ces sources, M. Ehud Barak, confronté à une situation ministérielle précaire comme à des manifestations droitières de masse, ne peut consentir une restitution totale du massif. Mais d’autres pôles locaux pensent que la conjonction des multiples médiations activées après Genève va permettre de parvenir à un compromis. À leur avis, aucun des protagonistes n’a intérêt à maintenir un statu quo qui peut être source de confrontation militaire. Ou qui peut engendrer une déstabilisation régionale généralisée. Pour ce qui est du Liban, «le bon sens commande, souligne un ancien ministre, que nous examinions tous les cas de figure possibles, pour être prêts à parer à toute éventualité. Il est évident que cela implique un double postulat : la consolidation du front intérieur et l’assurance d’une solidarité arabe aussi unanime qu’effective». Ce vétéran relève qu’Israël «tente maintenant de nous piéger face à l’opinion internationale ou arabe, voire face à notre propre opinion, en réclamant l’application de la 425 et en demandant à l’Onu de prendre des mesures à cet effet. Quand nous-mêmes nous exigions une telle application, Israël, les USA mais aussi l’Onu faisaient la sourde oreille. L’État hébreu ne voulait entendre parler de la 425 que si elle devait être liée à la 242. C’est donc lui qui a suscité le jumelage des deux volets libanais et syrien, en associant la question de la sécurité à un règlement global de paix». Cet ancien ministre constate ensuite que «la campagne lancée par Israël pour obtenir un soutien américain et international à son projet de retrait, en prévision d’un échec des efforts pour la reprise des pourparlers avec la Syrie, a porté ses fruits. Il nous faut dès lors procéder à une contre-offensive diplomatique à large échelle, pour bien expliciter nos positions, la nature de nos refus quand il y a lieu, et pour ne pas être pris de court par de brusques développements qui nous laisseraient dénudés». Et de rappeler ensuite que les dispositions générales prévues dans la 426, qui est en quelque sorte le décret d’application de la 425, permettent d’envisager plusieurs options : – L’actuelle Finul, éventuellement renforcée en équipement et en effectifs, prend le contrôle des zones évacuées par l’occupant, conjointement avec l’armée libanaise. – Les Casques bleus sont remplacés par une nouvelle force onusienne de dissuasion, bien plus puissante, tout à fait capable d’imposer l’ordre, la sécurité et la stabilité dans la région frontalière, conformément aux dispositions du fameux article 7 de la Charte des Nations Unies. – On confie la situation, après le retrait israélien, à l’actuel comité de surveillance, jusqu’à la conclusion d’un règlement régional global. – Sur décision du Conseil de sécurité, donc sous sa couverture, on met sur pied une force multinationale de consensus. C’est-à-dire une force à laquelle pourrait participer tout État, arabe ou étranger, qui en exprimerait le souhait. Les contingents resteraient sous l’autorité d’un commandement onusien. Dans la réalité pratique, cette formule permettrait à l’armée syrienne de se déployer au Sud aux côtés de l’armée libanaise pour y être le principal garant effectif du maintien de l’ordre. Si Damas l’accepte, ce qui n’est pas acquis. Cette proposition multinationale a d’ailleurs été écartée par certains dirigeants libanais, qui préfèrent que l’on garde l’actuelle Finul. Et il paraît a priori peu probable que les puissances cherchent à imposer une solution dont le Liban et la Syrie ne voudraient pas.
Le sommet de Genève, dont l’échec est flagrant, ne torpille quand même pas définitivement le processus régional. On aurait pu le craindre au vu des premières réactions des protagonistes qui se sont réciproquement rejeté la responsabilité du fiasco et du refus de la paix. Mais les efforts intenses immédiatement engagés après cette rencontre ont amené Israël aussi bien...