Les fumeurs, des durs à cuire

Tout non-fumeur ayant engagé un tant soit peu une conversation sur la cigarette avec un fumeur se rend compte d’une réalité toute simple : il est quasi impossible de le convaincre de la nuisance de celle-ci. Les chiffres, les statistiques, les découvertes n’y font rien. La tâche est-elle insurmontable ? Les statistiques le confirment : le Moyen-Orient a, semble-t-il, l’un des taux les plus bas de fumeurs repentis. «Durant notre réunion, on nous a avancé les arguments suivants : le Libanais est fataliste, il est trop stressé, etc», déclare le Dr Michael Ericsen, directeur du CDC. «Mais tous ces arguments ne servent que d’excuses aux fumeurs. Ils doivent arriver au point où la santé aura plus de valeur à leurs yeux que la cigarette». Pense-t-il qu’il faut attendre une génération pour ressentir une nette différence au niveau du tabagisme ? «En effet, mais il ne faut pas attendre une génération pour commencer la campagne», dit-il. «Cependant, je ne crois pas que le processus durera des décennies au Liban, comme aux États-Unis. Maintenant, nous avons davantage d’expérience. Nous savons quelles sont les méthodes les plus efficaces». Quand un fumeur décide d’arrêter de fumer, les risques de santé sont-ils significativement réduits ? «Cela dépend du nombre d’années qu’il a passé à fumer», souligne le Dr Ericsen. «Le changement le plus dramatique se fait au niveau des maladies cardiaques, dont les risques liés à la cigarette baissent très rapidement. Cela se passe différemment pour le cancer : le risque s’estompe plus lentement (10 à 15 ans). Pour les jeunes qui n’ont pas fumé longtemps, les dégâts sont beaucoup moins importants. Ils peuvent en réchapper». À la question de savoir si c’est le risque de santé ou le changement de culture qui s’avère plus efficace en matière de réduction du taux de tabagisme, le Dr Ericsen se prononce pour le second. «L’objectif est de démystifier la cigarette, de faire des fumeurs une exception, pas une règle», conclut-il.