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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Liban-Sud - Commentaires mitigés à l'annonce du prochain retrait israélien Lahoud : pas de paix sans unité des volets libanais et syrien

La décision dimanche du gouvernement israélien d’entériner définitivement l’engagement du Premier ministre de l’État hébreu Ehud Barak à un retrait total de ses troupes du Liban-Sud d’ici à juillet prochain a suscité hier des réactions mitigées dans les milieux officiels à Beyrouth où l’on craignait par dessus tout une tentative de saper l’unité des volets libanais et syrien. À Damas, la coalition au pouvoir a affirmé en soirée que la Syrie se réjouirait d’un retrait «total et inconditionnel» d’Israël du Liban-Sud mais un journal gouvernemental syrien avait auparavant estimé que l’État hébreu n’avait l’intention de procéder qu’à un redéploiement de ses troupes. Au Liban, le chef de l’État Émile Lahoud a indirectement commenté la décision du gouvernement israélien, en laissant entendre qu’elle avait pour objectif de dissocier les volets syrien et libanais. «Ce n’est pas en tentant de porter atteinte à l’unité des rangs libano-syriens que l’on parviendrait à la paix juste et globale», a ainsi déclaré M. Lahoud devant ses visiteurs au palais de Baabda. Selon lui, cette unité «constitue le problème fondamental d’Israël et le barrage qui empêche (l’État hébreu) d’entraîner l’un ou l’autre des deux pays vers une position négociatoire faible». Le chef de l’État a en outre souligné que «le soutien dont le Liban a fait l’objet dernièrement de la part des Arabes contribue à affermir la position commune libano-syrienne». Pour sa part, le chef du gouvernement Sélim Hoss a affirmé hier que le Liban était «opposé à tout accord spécifique au sujet du retrait» israélien du Liban-Sud et réitéré sa position selon laquelle il valait mieux que le retrait se fasse dans le cadre d’un accord global israélo-syrien et israélo-libanais. Quant au président de la Chambre Nabih Berry, il a estimé que la position israélienne (au sujet du retrait d’ici à juillet) n’était «pas nouvelle». «Ce qui est nouveau, a-t-il poursuivi, c’est qu’il s’agit d’une annonce du Conseil des ministres israélien». «Je pense que le but recherché par le timing de cette annonce, avant la tenue à Beyrouth du Conseil des ministres des Affaires étrangères arabes, est de tenter de désamorcer par avance les éventuelles résolutions fermes que pourrait adopter cette réunion au bénéfice du Liban et de la Syrie», a-t-il ajouté. À Damas, le Front national progressiste (FNP) syrien, une coalition de sept partis au pouvoir, a annoncé qu’il se réjouirait d’un retrait israélien «total et inconditionnel» du Liban-Sud. «Si Israël veut vraiment procéder à un retrait total et inconditionnel au-delà de la frontière internationale, conformément à la résolution 425 du Conseil de sécurité de l’Onu, la Syrie et le Liban seront très heureux de la libération du Liban-Sud», a affirmé le FNP dans un communiqué cité par l’agence officielle Sana. Le FNP, qui s’est réuni hier soir sous la présidence du vice-président syrien Zouheir Macharka, a ajouté qu’un tel retrait israélien marquerait «la victoire de la volonté de la vaillante Résistance libanaise, soutenue non seulement par la Syrie mais par l’ensemble de la nation arabe». La direction du FNP a toutefois estimé que «les décisions israéliennes sur un retrait du Liban-Sud se répètent chaque fois que le gouvernement israélien ne parvient pas à réaliser ses visées expansionnistes et à imposer ses conditions injustes aux parties arabes et chaque fois que le Liban affiche une résistance sans faille» contre l’occupation du Liban-Sud. Tergiversations Le FNP a en outre dénoncé la politique israélienne «de tergiversations et de louvoiements» et a réaffirmé «l’attachement de la Syrie à la réalisation d’une paix juste et globale, fondée sur les principes du droit international, notamment le retrait d’Israël du Golan jusqu’aux lignes du 4 juin 1967 et l’application de la résolution 425 stipulant le retrait israélien total du Liban-Sud». Pour sa part, le quotidien gouvernemental Techrine avait auparavant accusé Israël de vouloir seulement procéder à un redéploiement de ses forces au Liban-Sud. «La décision israélienne, qui ne prévoit qu’un redéploiement des forces armées israéliennes, porte en elle les germes de la guerre dans toute la région et compliquera davantage le processus de paix gelé par Ehud Barak», estimait dans un éditorial le directeur de Techrine, Mohammad Kheir al-Wadi. «Un redéploiement signifie qu’Israël ne se retirera pas totalement au-delà de la frontière internationale et qu’il cherche à maintenir son contrôle sur des parties stratégiques du Liban-Sud», ajoutait-il. «Un retrait israélien total jusqu’à la frontière internationale serait un triomphe pour le Liban, pour la Résistance libanaise et pour la Syrie, mais il est peu probable», affirmait encore l’éditoraliste, selon lequel Israël «a délibérément passé sous silence la résolution 425 car il ne veut en aucun cas l’appliquer». Pour le journal, l’État hébreu «tente par sa décision de briser l’unité des volets syrien et libanais et imposer ses conditions au Liban». Cette décision «approuvée quelques jours seulement avant la tenue à Beyrouth du Conseil de la Ligue arabe vise à empêcher les Arabes d’exprimer leur soutien au Liban face aux attaques israéliennes, en donnant l’illusion d’un retrait du Liban-Sud», assurait encore le quotidien. «Si Israël était sérieux, il aurait fait avancer les négociations avec la Syrie en s’engageant à un retrait du Golan jusqu’aux lignes du 4 juin 1967 et en appliquant la résolution 425», concluait Techrine. Lévy : La Syrie et le Liban « à l’épreuve » À Jérusalem, le ministre israélien des Affaires étrangères David Lévy a affirmé que la décision du gouvernement israélien de retirer l’armée du Liban-Sud «mettrait à l’épreuve la Syrie et le Liban». «Si la Syrie veut vraiment la paix, le retrait du Liban la poussera dans ce sens», a ajouté M. Lévy à la radio israélienne. «Il est temps de sortir de là-bas, que ce soit ou non dans le cadre d’un accord. Y rester c’est accorder au Hezbollah une légitimité et un alibi pour qu’il puisse déformer la réalité et affirmer que nous y sommes en conquérants», a-t-il conclu. Les commentateurs en Israël ne doutaient pas un seul instant que la décision à l’unanimité des membres du gouvernement, dimanche, en faveur d’un «redéploiement» de l’armée en-deçà de la frontière, était avant tout destinée à convaincre Damas de reprendre les négociations de paix, suspendues depuis le 10 janvier. «La décision constitue un message à la Syrie pour qu’elle se hâte de conclure un accord de paix avec Israël», estimait hier le quotidien Yediot Aharonot. Cependant, «s’il s’avérait que la décision du Cabinet (israélien) était en fait une déclaration unilatérale, sans négociations préalables en coulisses avec les Syriens, elle pourrait avoir un énorme effet boomerang», c’est-à-dire se retourner contre l’État hébreu, estime de son côté le quotidien Jerusalem Post dans un éditorial intitulé Une épée à double tranchant. Dans ce dernier cas de figure, le quotidien estime probable une escalade des combats entre le Hezbollah et Israël qui rendrait impossible tout accord avec la Syrie «pour longtemps, sinon pour toujours».
La décision dimanche du gouvernement israélien d’entériner définitivement l’engagement du Premier ministre de l’État hébreu Ehud Barak à un retrait total de ses troupes du Liban-Sud d’ici à juillet prochain a suscité hier des réactions mitigées dans les milieux officiels à Beyrouth où l’on craignait par dessus tout une tentative de saper l’unité des volets...