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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Colloque La santé, un projet collectif de partenariat

Entreprendre une réflexion sur le rôle et la place que doivent remplir les facultés et les institutions des sciences médicales face aux impératifs de la santé au début du XXIe siècle, tel est le problème sur lequel se penchent, au campus des sciences médicales de l’Université St-Joseph, à Beyrouth, des médecins, des gestionnaires, des responsables économiques et des politiques libanais et étrangers, dans le but de concevoir un système de santé cohérent, au service de toute la population libanaise. Ce grand colloque international, organisé par les facultés et les instituts des sciences médicales de l’Université St-Joseph à l’occasion du 125e anniversaire de l’USJ, a débuté hier et se poursuivra aujourd’hui vendredi. Il se distingue par la présence de représentants et de doyens de médecine, de pharmacie et de chirurgie dentaire venus du Canada, des États-Unis, de France, du Gabon, du Maroc, de Roumanie, de Suisse, de Tunisie et du Vietnam. Effectuer des réformes dans le système de santé nécessite, de nos jours, la convergence des forces de plusieurs institutions académiques et politiques. De ce fait, trois lignes directrices principales sont abordées au cours de ce congrès : la formation des étudiants, la recherche, l’économie et la gestion en santé. Le père Sélim Abou, recteur de l’Université St-Joseph a convenu, dans son allocution inaugurale d’hier, que les facultés médicales, qui ont la tâche de former les futures générations de praticiens, doivent être solidaires dans la réflexion et l’action, pour une vision globale de la santé, intégrant et dépassant le champ d’action propre à chacune de leurs disciplines. Concernant la formation académique des nouveaux médecins, le R P Abou a souligné que cet apprentissage doit résolument promouvoir une pratique qui dépasse le ponctuel et l’immédiat pour une vision holistique de la personne et de la communauté. Elle doit, selon le recteur de l’USJ, tenir compte des exigences d’une pédagogie davantage centrée sur l’apprenant, qui devient l’acteur de sa propre formation, guidé et orienté par ses maîtres. Le professeur Pierre Farah, doyen de la faculté de médecine de l’USJ a abondé dans le même sens, affirmant pour sa part dans son intervention que la pédagogie médicale, un autre volet de la formation, constitue actuellement une discipline à part entière. Selon le doyen, le cours magistral est remplacé, de plus en plus, par un enseignement par petits groupes où l’étudiant, à partir d’un problème posé, apprend à aller au-devant de l’information, à l’interpréter, à la contextualiser. L’enseignement est alors centré, convient le professeur Pierre Farah, sur l’étudiant qui devient acteur et responsable de son propre apprentissage. Pour assurer la pérennité de la recherche, sans laquelle aucun progrès n’est possible, et qui nécessite de grands moyens et une grande mobilisation de ressources humaines, le R P Abou a fait valoir qu’il importe surtout d’initier l’étudiant à l’esprit et à la méthodologie de la recherche, à l’analyse des résultats et à la lecture critique de la littérature spécialisée. Le choix d’une politique de santé, qui retient actuellement l’attention de tous les gouvernements (vu son coût exorbitant) n’est pas, pour le doyen de la faculté de médecine de l’USJ, une tâche aisée, surtout dans un pays comme le nôtre où le secteur privé l’emporte, en matière de gestion de santé, sur le secteur public et où l’économie est particulièrement éprouvée par les années de guerre. Ce sujet délicat et controversé a été exposé par le ministre du Travail et des Affaires sociales, M. Michel Moussa, qui a assuré, dans sa prestation, que l’État libanais, et à sa tête le général Émile Lahoud et son gouvernement, se penche, avec assiduité, sur la politique sociale. En conséquence, le ministre a donné deux exemples de projets de loi qui illustrent cette politique : l’un relatif aux personnes handicapées et l’autre au projet de la pension de retraite. «Nous avons mis en œuvre toutes nos ressources pour faire aboutir la cause des personnes les plus marginalisées de notre société afin de leur assurer une vie digne et respectueuse», a souligné, à cet égard, le ministre. Des stratégies de réformes L’un des invités au colloque, le Dr Charles Boelen, coordinateur du programme des ressources humaines pour la santé à l’Organisation mondiale de la santé, OMS, a proposé, dans son intervention, aux représentants des différentes facultés de médecine présents au congrès, trois exemples de projets promus par l’OMS et qui offrent une occasion aux facultés de répondre aux défis de la santé : – Le premier, conduit en collaboration avec l’Unesco, tend à mobiliser les différents départements et facultés à l’intérieur d’une même université et à créer des coalitions avec d’autres acteurs sociaux en faveur d’une action durable pour la santé des défavorisés et des exclus ; – Le second, appelé «vers l’unité pour la santé», suscite une collaboration internationale pour créer les conditions d’une unité d’action entre différents partenaires de santé, dont les universités, les services de santé, les professions de santé et les usagers en vue d’une adaptation du système de santé pour plus d’efficacité et de pertinence sociale ; – Le troisième consiste à promouvoir des stratégies pour développer et évaluer la responsabilité sociale des facultés de médecine et inscrire celle-ci en bonne place sur la liste des critères d’évaluation et d’accréditation. Le Dr Charles Boelen a tenu à préciser, par ailleurs, que les défis de la santé qui se posent aux individus, aux communautés et aux nations résultent d’un enchevêtrement d’attentes en matières de qualité, d’équité, de pertinence et de coût-efficacité dans les services de santé. La complexité des stratégies de changement dans les systèmes de santé reflète, en outre, selon le spécialiste, le panorama des exigences des différents acteurs et partenaires à savoir, les décideurs politiques, les gestionnaires de la santé, les usagers et les institutions académiques qui ont la lourde mais exaltante responsabilité de former les futures générations de cadres et guider le développement par le fruit de leurs recherches.
Entreprendre une réflexion sur le rôle et la place que doivent remplir les facultés et les institutions des sciences médicales face aux impératifs de la santé au début du XXIe siècle, tel est le problème sur lequel se penchent, au campus des sciences médicales de l’Université St-Joseph, à Beyrouth, des médecins, des gestionnaires, des responsables économiques et des politiques...