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Israël-Monde arabe - L'Etat hébreu isolé sur la scène régionale Barak dépêche un émissaire pour amadouer Moubarak

Israël a paru bien isolé, au cours des dernières quarante-huit heures, face au tollé provoqué dans le monde arabe après les bombardements d’objectifs civils au Liban. Un tollé dont le couronnement a été la visite spectaculaire, samedi, effectuée par le président égyptien Hosni Moubarak. Ainsi, même l’Égypte, premier pays arabe à avoir signé un traité de paix avec l’État hébreu, a nettement durci le ton. La venue au Liban du président Hosni Moubarak constitue à ce titre une rupture dans son attitude. «La visite est un message clair adressé à Israël, à la communauté internationale et au monde arabe», a déclaré le ministre égyptien de l’Information Safouate al-Chérif, cité par le quotidien gouvernemental al-Akhbar. «Par sa visite, le président Moubarak a voulu déclarer son refus des agressions israéliennes et affirmer qu’il se tenait au côté du Liban dans sa quête pour la restitution de ses territoires», a-t-il ajouté. Dans un souci de ne pas froisser Damas, M. Moubarak a souligné avoir informé «les frères en Syrie» de sa décision d’effectuer cette visite. «En prenant cette initiative pratique, Moubarak s’est démarqué des dirigeants arabes qui se sont contentés de déclarations de condamnation ou de dénonciation sans daigner faire le voyage», a estimé un diplomate arabe qui a requis l’anonymat. Choqué par l’hostilité du monde arabe aux dernières opérations militaires de son armée, le Premier ministre israélien Ehud Barak a dépêché hier l’un de ses proches conseillers en Égypte pour avertir que la campagne arabe anti-israélienne était préjudiciable à la paix. «La campagne hostile du monde arabe contre nous n’aide pas le processus de paix», a déclaré M. Barak, lors de la réunion hebdomadaire du gouvernement. Lévy critique Pour sa part, son ministre des Affaires étrangères David Lévy a critiqué le président Moubarak en affirmant qu’il avait apporté durant sa visite au Liban son soutien à la milice du Hezbollah. «Nous sommes tout à fait désolés du soutien apporté au Hezbollah par l’Égypte que nous traitons pourtant avec le plus grand respect», a affirmé M. Lévy à la radio publique. «Ceux qui soutiennent le Hezbollah soutiennent en fait une organisation dont l’objectif proclamé est de détruire la paix», a ajouté M. Lévy. Le ministre a révélé qu’il avait annoncé jeudi à son homologue égyptien Amr Moussa l’envoi prochain d’émissaires israéliens au Caire chargés d’expliquer «ce qui avait amené Israël à réagir au Liban». «Mais avant même que nous ayons pu expliquer ce qui menace réellement la paix et les civils, une vague de haine d’Israël a déferlé dans les pays arabes», a déploré le chef de la diplomatie. «Cette évolution nous inquiète profondément car elle nous amène à douter de la volonté réelle des pays arabes de parvenir à la paix alors qu’ils nous assimilent à Hitler», a poursuivi le ministre. Dans la journée, M. Barak a dépêché au Caire son conseiller pour les affaires de sécurité Danny Yatom afin, selon un responsable égyptien, de calmer la colère de l’Égypte après les raids aériens israéliens au Liban. Aucune indication n’a filtré sur les entretiens du général Yatom au Caire, intervenus au lendemain de la visite du président Hosni Moubarak à Beyrouth. Le président égyptien a condamné la «violence irrationnelle» d’Israël contre le Liban, a rapporté hier le quotidien gouvernemental al-Akhbar. L’attitude d’Israël pourrait «menacer l’ensemble du processus de paix», a indiqué pour sa part une source proche du ministère égyptien des Affaires étrangères. Tollé arabe Israël s’est parallèlement attiré au cours des dernières quarante-huit heures la bruyante réprobation du monde arabe en frappant des cibles civiles à Beyrouth, Baalbeck et au Liban-Nord dans la nuit du 7 au 8 février, en représailles à des opérations du Hezbollah qui avaient coûté la vie en une semaine à quatre de ses soldats et au numéro 2 de l’ALS. Ainsi, le roi Abdallah II de Jordanie a ajourné sa première visite officielle qu’il devait effectuer en Israël. Quant aux monarchies du Golfe, notamment l’Arabie séoudite, elles ont vigoureusement condamné les bombardements israéliens. M. Barak, élu en mai sur la base de ses promesses de faire la paix avec les Arabes, a avoué ignorer quand les négociations avec la Syrie, gelées depuis janvier, pourraient reprendre. «Si la situation ne s’améliore pas, je pense que l’Égypte se dirigera de plus en plus vers le front arabe», a déclaré pour sa part M. Emad Gad, un chercheur au centre d’al-Ahram pour les études politiques et stratégiques. «À ce moment, nous pourrons parler d’un grand changement dans les relations égypto-israéliennes», a-t-il ajouté. M. Gad a ajouté que «le camp favorable à la paix, au sein du gouvernement ou du peuple égyptien, se sent frustré et même trahi par les promesses non respectées de M. Barak». Une source proche du ministère égyptien des Affaires étrangères ayant requis l’anonymat a estimé que l’attitude israélienne était susceptible de «menacer l’ensemble du processus de paix». La presse égyptienne souligne qu’il s’agit d’une visite «historique, la première d’un président ou d’un monarque égyptien dans les temps modernes». Le voyage de M. Moubarak constitue d’autant plus un message à Israël qu’il refuse obstinément de se rendre dans ce pays tant que des progrès tangibles ne seront pas réalisés sur le processus de paix, note la presse égyptienne.
Israël a paru bien isolé, au cours des dernières quarante-huit heures, face au tollé provoqué dans le monde arabe après les bombardements d’objectifs civils au Liban. Un tollé dont le couronnement a été la visite spectaculaire, samedi, effectuée par le président égyptien Hosni Moubarak. Ainsi, même l’Égypte, premier pays arabe à avoir signé un traité de paix avec...